PHYTO MAGAZINE le magazine de Phytomania

NUMERO 10

Dans ce magazine :

L'huile essentielle de Bergamote

Plantes et épilepsie

Les drogues aujourd'hui en France

Sommaire Numero 10




DROGUES AUJOURD'HUI EN FRANCE


Le professeur (Honoraire) de pharmacognosie Michel Paris, nous a envoyé un résumé d'une conférence qu'il a donné il y a quelques années mais qui reste d'actualité.
Il donne dans ce texte des informations très intéressantes sur la plupart des drogues d'origine végétales: le pavot à opium ( Papaver somniferum ), et l'héroïne, la coca ( Erythroxylon coca )et la cocaïne, le cath ou kat ( Catha edulis), le cannabis ( Cannabis sativa ), le LSD, certaines plantes et champignons hallucinogènes (Psilocybe spsp., Datura spsp., sauge divinatoire (Salvia divinorum), l'ayahuasca (Banisteriopsis spsp. ), le peyotl), l'ectasy et quelques autres drogues moins répandues. Nous reproduisons l'intégralité du texte qu'il nous a envoyé.

 

« Aperçu des drogues aujourd’hui en France »
Conférence d’ARRI du 24 novembre 2008.
de Michel PARIS, Pharmacien, professeur ( H) de pharmacognosie 

MONOGRAPHIES DES DROGUES.

PAVOT A OPIUM, Papaver somniferum var. album

Historique:
Le pavot naquit à l’endroit ( Asie) où tombèrent le paupières de Bouddha quand celui-ci les coupa afin déviter d’être vaincu par le sommeil.
D’après LEWIN on trouve des traces de sa presence dès l’Antiquité: Homère ( liqueur de l’oubli ou Népenthès) dans l’Odyssée; dans le Papyrus d’Ebbers, c’est un remède pour empêcher les enfants de crier trop fort.
Il est utilisé à Athènes et à Rome et est le symbole du sommeil dans la mythologie.
Le pavot a ensuite migré de l’Europe vers l’Asie mineure et les Arabes en ont été les principaux diffuseurs.
Au début, l’opium est mangé (opiophagie) puis il existe des préparations célèbres tel le laudanum ( teinture d’opium safranée).
L’opium est fumé en Chine ( guerre de l’opium au début du XIXe siècle).
La toxicomanie s’installe dans différents pays et est guérie par… l’injection de morphine qui dégénère rapidement en morphinomanie.

Botanique.
Il existe de nombreuses variétés de Papaver.
La variété album possède des fleurs blanches à rose plus ou moins foncé, la capsule est ovoïde et indéhiscente ( pavot aveugle), les graines, petites, sont de couleur blanc-jaunâtre.
La culture est réalisée en climat chaud et est autorisée sous contrôle dans certains pays pour la production d’opium en Inde principalement et en Turquie ; la production limitée à environ 1000 tonnes est tombée à 500 tonnes en 2007 et est destinée à l’extraction d’alcaloïdes ( morphine, codeine et produits d’hémi-synthèse à partir de la thébaïne) utilisés comme médicaments.
L’opium est obtenu par scarification au moyen de couteau spéciaux ( de façon à n’atteindre que les laticifères, le latex étant récupéré au moyen d’un grattoir) ; le latex , blanc à l’origine, brunit rapidement à l’air et se transforme en une masse brun-fonçé.
L’opium est le latex épaissi obtenu par incision des capsules encore vertes du Papaver somniferum album.
L’opium fumé fait l’objet d’une préparation spéciale ( ébullition avec de l’eau, filtration et concentration), c’est le chandou, fumé dans des pipes spéciales.

Les principes actifs sont des alcaloïdes dont la morphine présente à une teneur de 8 à 15% , c’est une base tertiaire donnant des sels( elle possède une fonction alcool et une fonction phénol) .
Il a fallu du temps pour isoler la morphine ( Sertürner, 1817) après les français Derosne et Seguin, dû à une structure et des propriétés physico-chimiques particulières et sa synthèse n’a été réalisée qu’en…1952 ( Robinson) Son utilisation médicale correspond à l’invention de la seringue hypodermique par Pravaz.
La morphine a une action s’exerçant au niveau du SNC: c’est un analgésique puissant et un sédatif; à la suite d’une injection I.V. ( 20 mg), il se produit une sorte de flash violent avec tachycardie, vasodilatation périphérique puis une sensation d’euphorie, de détachement et de rêve éveillé.
Elle provoque un myosis intense, une dépression respiratoire et un ralentissement du transit intestinal.
L’intoxication chronique se traduit par une perte d’appétit, un amaigrissement, une perte de sommeil et de la constipation.
C’est un stupéfiant qui induit tolérance et dépendance.
Il a été trouvé plusieurs récepteurs, mû, kappa et delta ; les enképhalines ( composés peptidiques) sont des ligands endogènes qui se fixent sur deux récepteurs et ont des activités semblables à celle de morphine
L’antagoniste de la morphine est la nalorphine.

Le trafic vise essentiellement l’héroïne ( ou diacétylmorphine) ; autrefois basé dans le triangle d’or ( Birmanie, Laos, Thaïlande) , il sévit aujourd”hui en Afghanistan qui produit 92% de l’opium illicite soit un peu plus de 8000 tonnes en 2007 ( 8200 tonnes ).

L’HÉROÏNE, HISTOIRE

L’héroïne ou diacétylmorphine est une molécule d’hémisynthèse préparée à partir de la morphine, le réactif principal en jeu est l’anhydride acétique ( solvant industriel assez répandu pour son utilisation dans l’industrie des parfums et l’industrie pharmaceutique, voir plus loin ).

La première synthèse est faite par DREISER en 1898 (il est aussi fait mention de MERCK et MERING en 1899 selon le Traité de Pharmacie chimique de Lebeau et Janot); l’activité de l’héroïne ( de l’allemand heroisch) est trois fois celle de la morphine et elle est jugée à l’époque très efficace chez les tuberculeux car elle stoppe la toux et supprime les douleurs. En outre, elle est employée dans le traitement de la morphinomanie et reste en vente libre un certain temps jusqu’à ce que la morphinomanie se transforme en … héroïnomanie! On l’appelle alors le poison rouge. C’est maintenant l’opioïde le plus utilisé comme drogue. Sa consommation est en augmentation à cause notamment de la méconnaissance des risques.

Elle est responsable de décès par overdose chez les toxicomanes et d’infections ( notamment par le SIDA et le virus des hépatites) lors de son usage par injection I.V. Elle provoque de l’amaigraissement, des troubles sexuels, de l’insomnie. Elle est aussi la cause de nombreux problêmes sociaux en raison de son coût. ( bien que son prix soit en baisse et se situe actuellement autour de 40 euros /g ).

Sa consommation a évolué; Elle est aujourd’hui inhalée ( sniffée), fumée ou injectée; ses effets par inhalation sont beaucoup plus dévastateurs que ceux de la morphine; de plus, la qualité des produits sur le marché clandestin est très variable et à l’origine de nombreux accidents ( héroïne frelatée ).
Dans le cas de l’héroïne brune, impure, qu’il faut injecter, sachant qu’il s’agit d’héroïne base, il est nécessaire de prendre un adjuvant de dissolution comme le jus de citron…
Il existe une nouvelle forme de consommation où elle est employée pour gérer la “descente” ( angoisse, déprime, insomnie?) à la suite de l’absorption de drogues stimulantes ( ecstasy, cocaine, alcool). Il y a aussi le problème de la substitution ( par la buprénorphine ou la méthadone) qui peut faire l’objet de détournements: certains toxicomanes vendent les produits de substitution prescrits dans le but de s’acheter de … l’héroïne.

Enfin , il est à noter que les sources de trafic se sont déplacées ( du triangle d’or vers l’Afghanistan) cf le pavot à opium.
Pour lutter contre le trafic, il faut aussi controller la circulation des produits nécessaries à la synthèse comme l’anhydride acétique, solvant très courant dans l’industrie des parfums et dans l’industrie pharmaceutique ( synthèse de l’aspirine, du paracétamol).
Il y a 3,3 millions d’héroïnomanes en Europe…

ANECDOTE: L’AFFAIRE CÉSARI.

Joseph Cesari est né en 1915 à Bastia.
Il exerce divers métiers avant de rencontrer en 1950 un préparateur en Pharmacie qui l’initie à la chimie et lui sert de “maître”; rapidement , Césari se révèle excellent dans la transformation de morphine en héroïne.
Eleveur de cochons, Césari est le premier à fabriquer de l’héroïne pure à 97% alors qu’à l’époque, les meilleures qualités ne dépassant pas 60-70%.
Il devient ainsi le chimiste le plus populaire de la planète drogue!
La morphine base arrive sans ses villas situées dans le Midi de la France; il en a en effet acheté plusieurs de même que des voitures eu égard aux gains obtenus…
En 1964, alors qu’il est en possession de 100 kg d’héroïne dans une villa près d’Aubagne, il est repéré et arrêté à la suite d’une ruse des policiers déguisés en chasseurs! Les jugement d’alors n’étant pas très sévères , il est seulement condamné à 7 ans de prison et 4 millions de francs d’amende.
Après sa détention ( en 1970), il reprend ses activités mais est à nouveau pris en 1972 , toujours en possession de 100 kg d’héroïne fabriquées en moins d’une semaine…
C’est la fin: il a 57 ans et risque 40 ans de prison .Il met alors fin à ses jours en se pendant dans sa cellule mais reste le plus grand chimiste de la “ French connection”.



COCA ET COCAÏNE.

Erythroxylon coca est un arbuste originaire d’Amérique du sud ( Bolivie, Colombie, Pérou).
C’est la plante des Incas.
La feuille est utilisée ; la présence d’une zone médiane elliptique appelée “ area” est caractéristique et correspond à des traces de préfoliation.

Les principes actifs sont des alcaloïdes tropaniques ( 0,5 à 1%) à noyau ecgonine dont le principal est la cocaïne.
C’est un anesthésique local; elle agit aussi sur le SNC comme stimulant; la coca fait disparaître la sensation de fatigue et de faim; la cocaïne, à forte dose, est convulsivante et paralyse le centre respiratoire.
La production de coca, considérée comme licite en Amérique du sud, est consommée par mastication effectuée avec des cendres alcalines ( pour déplacer la cocaine de ses combinaisons ); la cocaïnomanie correspond à l’abus de cocaine administrée par injection sous cutanée ou en prises nasales ou “ sniff”.

Il y a donc deux sortes d’usage de la coca : l’un local, d’une plante vénérée à valeur spirituelle et l’autre source de revenus pour le pays, pour extraire et exporter la cocaine ( usage détourné).

La cocaine elle même est isolée en 1855 et utilisée en thérapeutique à partir de 1870 à l’état de chlorhydrate pour ses propriétés anesthésiques et psychostimulantes. A noter que
S.FREUD l’emploie pour réaliser des psychoses expérimentales et qu’un pharmacien , PEMBERTON crée une formule célèbre: le coca-cola.

La toxicomanie à la cocaïne commence en 1910 ; c’est un cocaïnisme nasal qui touche notamment les milieux du spectacle et les écrivains. C’est le cas de Conan Doyle dont le héros de ses romans, Sherlock Holmes, est lui aussi, un adepte de la cocaïne…. Dans les années 30, existe la célèbre trilogie musique- cocaïne- communauté noire.
Par la suite, l’abus à la cocaine s’atténue un peu mais fait l’objet d’un regain d’intérêt à partir de 1970-80 en Europe.
Une nouvelle forme de consommation apparaît à base de pâte de coca fabriquée avec de l’ammoniaque ( cocaïne base) ou “ crack ” destiné à être fumé; les milieux les plus défavorisés sont alors touchés; les effets sont importants, cardiorespiratoires, neurologiques et psychiques; la cocaïne pénètre plus rapidement dans le cerveau et les effets euphorisants sont plus intenses.

Le mécanisme d’action a été très étudié: la cocaine inhibe le fonctionnement des transporteurs de la DA ( dopamine), de le 5-HT ( sérotonine) et NA ( nor-adrénaline) avec inhibition de la recapture donc augmentation des taux des neurotransmetteurs.
Lors du sevrage, il n’y a pas de troubles physiques intenses; ce qui a longtemps fait penser à une absence de dépendance ; c’est l’inverse: la cocaine provoque une addiction très forte et il n’y pas de traitement de substitution.

Les laboratories clandestins d’extraction existent sur place et la cocaïne est distribuée en Europe en passant par l’Afrique ( c’est une nouveauté).
La feuille de coca est inscrite comme stupéfiant et la mastication aurait du prendre fin en 1989 alors qu’elle est toujours pratiquée selon un mode rituel en Bolivie et au Pérou.
L’Europe est le 2e marché illicite de cocaine et son abus progresse en Europe occidentale.
La cocaine bénéficie de l’image d’une drogue correspondant à notre époque avec recherche de plaisir, valorisation sexuelle et plus grande performance dans tous les domaines.



LE CATH ( KAT).

Catha edulis est un grand arbuste originaire d’Arabie de la famille des Célastracées ( famille des fusains) ; on le trouve au Yémen, en Ethiope, en Somalie…
Les jeunes feuilles et les pousses de tiges sont réunies en bouquet ( les paquets de branches feuillues sont vendus sur les marchés).
Il est consommé à l’état frais et les feuilles sont mâchées.

Le principe actif est la cathinone de formule chimique voisine de celle de l’amphétamine.

Cest un excitant qui empêche de dormir, il provoque une accélération cardiaque et une perte d’appétit, une intense activité mentale et sexuelle puis le sujet sombre dans la tristesse ( prostration).
Le mécanisme d’action est une libération de dopamine et de nor-adrénaline.

Sa consommation est essentiellement locale vu que le produit n’est actif qu’à l’état frais.

LE CANNABIS

Le Cannabis, Cannabis sativa, est une grande plante herbacée dont la hauteur varie de 1,5m à 6m ; c’est une plante dioïque à feuilles opposées, pétiolées , composées ( 5-7 folioles lancéolées et dentées). La disposition par cinq des folioles a fait penser aux cinq doigts de la main donc à des actions magiques. Les fleurs mâles sont petites et de couleur jaune groupées en panicules, les fleurs femelles sont en grappes épaisses; le fruit est un akène ou chénevis .

L’histoire du Cannabis est très ancienne de plus de 4000 ans et semble avoir ses origines en Asie; très tôt, on a employé la fibre, l’huile et aussi la résine pour ses propriétés médicinales et psychoactives. Son introduction en Europe date des invasions arabes ( 720 après J.C.) et au XIXe siècle, arrive le “ Cannabis oriental”. Son abus comme drogue commence à apparaître et au XXe siècle , les cultures de chanvre “indien” sont interdites en Afrique du nord et au Liban. En 1845, MOREAU DE TOURS publie son livre: “ Du hashisch et de l’aliénation mentale” devenu une référence.

Sont utilisées comme drogue:
- l’herbe : marijuana, kif au Maroc, bhang et ganja en Inde contenant quelques % de principe actif
- la résine ou “ hachich”, chiras ( Afrique du nord), charas ( Inde) à teneur de l’ordre de 5 à 10%
- l’huile ou résidu d’évaporation d’une extraction pétrolique à teneur pouvant aller jusqu’à 30%.

Le principe actif ou tétrahydrocannabinol a été découvert et synthétisé par MÉCHOULAM en 1970; il appartient à l’importante famille des cannabinoïdes ( à noyau pyranique ou terpénique): de nombreux composés ne sont pas psychoactifs ( CBD, CBG, CBC etc) . Le THC existe à l’état de précurseur acide.
Après de nombreuses années de confusion, il est maintenant acquis que l’on a affaire à des types chimiques appartenant à une même espèce Cannabis sativa; il s’agit des:
- chanvre drogue pur ( THC sup. à 1% et 0 CBD exemple: Mexique, Afrique du sud)
- chanvre drogue intermédiaire ( THC sup. à 0,25% et CBD supérieur à 0,5 ( ex. Méditerranée)
- chanvre fibre ( THC inférieur à 0,3% et CBD sup. à 0,5 % : régions tempérées).
La sélection a porté sur des chanvres à fibre pratiquement dépourvus de THC tandis que les trafiquants ont réussi à sélectionner des variétés plus riches en THC…

En dehors des effets respiratoires et cancérigènes identiques à ceux du tabac, à court terme, on observe euphorie et stimulation intellectuelle et, à dose plus forte, sédation et sommeil. A long terme, il y a induction de troubles mentaux ( désordre mental) et de psychoses particulièrement chez les sujets prédisposés. Les risques pour la santé mentale sont aujourd’hui bien établis avec anxitété, psychoses aiguë, schozophrénie, dépression, syndrome amotivationnel. On insiste aujourd’hui sur les effets sur la conduite des engins.
En résumé ( selon F. CURTET), le Cannabis incite à la démotivation, enlève toute envie de travailler et provoque des troubles de comportement ( irascibilité, sautes d’humeur).

Le mécanisme d’action est bien connu: le THC est une molécule très lipophile farnchissant facilement la barrière hémato-encéphalique; elle persiste longtemps dans l’organisme et il n’y a pas de relation significative entre la teneur dans le sang et les effets.
Ont été mis en évidence des récepteurs : CB1 à localisation essentiellement centrale ( cerveau) et CB2 ( périphérie); il existe des endocannabinoïdes dont l’anandamide ( du Sanskrit ananda, félicité, bonheur) découvert en premier en 1992 ( toujours par Méchoulam ), c’est l’éthanolamide de l’acice arachidonique ; il se comporte comme un agoniste partiel au niveau du CB1.
De nombreux travaux de pharmacologie ont abouti à la synthèse d’agonistes et d’antagonistes du CB1; le Rimonabant ( Acomplia) est un antagoniste du CB1 préconisé pour la perte de poids des personnes obèses et en surpoids à risques ( diabète, dyslipidémies) ; comme le Cannabis est un stimulant de l’appétit , ont été développés des antagonistes du CB1dans le cadre de recherches sur les médicamenst anti-obésité mais les risques de dépressions et de comportement suicidaire surtout se sont révélés après sa mise sur le marché. Après un recalage à la FDA ( 2007) puis à l’EMEA ( en Europe) , le médicament a été retiré du marché en France . Triste fin, conclusion d’une hypothèse hasardeuse?

Le trafic est important et bien organisé; en France, l’herbe provient des Pays-Bas, de la Belgique, l’autoproduction est en extension; la résine vient du Maroc ( souvent via l’Espagne) avec une extension des cultures en Aghanistan.
Le Cannabis est consommé par 160 millions de personnes dans le Monde .
En France , c’est la première drogue consommée après l’alcool et le tabac.

LE CANNABIS “ NOUVEAU” est arrivé: alerte aux nouvelles formes de Cannabis aux teneurs élevées en THC ( Nederwiet).

Il provient de la création en 1996 par les hollandais de cultures industrielles de Cannabis issu de nouvelles variétiés d’origine américaine notamment la “ Skunk” et la “Super Skunk”;
Les graines sont originaires du Mexique ( Sensemilla) ou de la Jamaïque;
La culture est effectuée en serres avec maîtrise de la photopériode 16h/jour et 8h/nuit et de la température : 25°C -28°C maximum et 5°C minimum.
La drogue est constituée par les sommités fleuries riches en résine ; le teneur en THC est de 15 à 20% et le type chimique est drogue pur ( THC plus précurseur acide sans CBD);
Il y a la possibilité de culture personnelles ou d’achat sur Internet;
De plus, il y a un nouveau mode de consommation du Cannabis au moyen d’une pipe à eau ( narguilhé) ; la fumée est refroidie d’où la possibilité d’absorption par inhalation de plus de fumée donc plus de principe actif…



HISTOIRE DU LSD

Au début du XXe siècle, des recherches sont effectuées sur les alcaloïdes de l’ergot de seigle; STOLL isole l’ergotamine ( classe des médicaments anti-migraineux) en 1918, l’ergobasine ou ergométrine ( principe ocytocique) est isolée en 1935 par DUDLEY et MOÏR. L’ergotamine deviendra un médicament antimigraineux et l’ergométrine ocytocique.

Le docteur Albert HOFMANN entre aux Laboratoires SANDOZ en 1929 dans le Département de chimie dirigé par Stoll. Il est alors question de réaliser différentes hemi-synthèses pour trouver de nouveaux médicaments. Hofmann propose de partir de l’acide lysergique obtenu par hydrolyse de l’ergotamine; de nombreuses synthèses sont faites et conduisent à l’obtention de nouveaux composés dont la méthylergométrine et le LSD.

Le L.S.D. ou Lysergic Saüre Diethylamid est le 25e composé d’une série obtenue en 1938
( LSD 25); testé sur l’animal, le LSD est tout d’abord jugé sans intérêt. En 1940, Hofmann décide de refaire la synthèse ( acide lysergique et diéthylamine) et, lors de la cristallisation finale, il est pris de malaise et de divers troubles sensitifs. Ramené chez lui, il est assailli par des hallucinations. En examinant de près les origines possibles de ces troubles, Albert Hofmann, compte tenu de son experience, pense au LSD.

De retour au Laboratoire et désireux d’en avoir le coeur net, Hofmann ingère volontairement une dose de 250 microgarmmes de LSD, dose estimée raisonnable comparée aux 250 mg de mescaline considérée comme convenable.
Le résultat ne tarde pas avec une intensité insoupçonnée: plusieurs symptômes apparaissent comprenant la perte de sens de l’espace et du temps, des visions colorées, une depersonnalisation, la peur de mourir avec des instants de panique… Raccompagné encore une fois chez lui, Hofmann subit des effets durant 6 heures… Un collègue, incrédule, confirme ses observations en prenant seulement une dose de 80 microgrammes ( dose encore trop forte!).
Le LSD est né mais la découverte est gardée secrète; en effet, nous sommes en 1943 et il faut éviter à tout prix des détournements possibles de cette découverte par le régime nazi.
La dose usuelle ingérée se révéla par la suite être de 25 microgrammes…

De nombreux essais sont réalisés après la guerre pour tenter une utilisation en psychiatrie. La CIA s’y intéresse pour en faire un sérum de vérité.
A partir de 1960, les expériences se multiplient et l’usage du LSD se répand dans les cercles artistiques et littéraires. En 1962, la FDA limite la diffusion du produit mais il est trop tard. Aldous HUXLEY raconte ses experiences dans son livre “Les portes de la perception” et bien d’autres écrivains sont tentés ainsi que de nombreux acteurs, chanteurs; des étudiants expérimentent aussi le LSD.

Les Laboratoires SANDOZ cessent la production et la distribution en 1965 mais une production clandestine se développe. Des docteurs en psychologie de Harvard présentent le LSD comme un outil irremplaçable pour l’exploration de la conscience. Timothy LEARY devient le leader d’un mouvement psychédélique dans la mouvance hippie des années 1967.
En 1968, la fabrication et la vente deviennent interdites .
En 1970, c’est le déclin de l’utilisation du LSD mais celle-ci trouve un regain de faveur à partir de 1990 chez les amateurs de rave parties qui emploient alors indifféremment des stimulants ( ecstasy) et des hallucinogénes.

Il est intéressant de rappeler qu’au Moyen-âge eurent lieu des intoxications avec des farines contaminées par de l’ergot de seigle ( la forme de résistance d’un champignon parasite du seigle). Les malades mourraient dans des conditions épouvantables d’où les appellations de feu de Saint Antoine “ ignis sacer”, mal des ardents) . En effet, se developpait une forme gangréneuse due à une intense vasoconstriction périphérique intense ( brûlure des extrèmités) pouvant aboutir à la gangrène et à la perte des membres ( d’où les peintures représentant les membres des cadavres détachés et jetés dans une charrette). La forme convulsive se manifestait par des contractions musculaires et des troubles psychiques ( hallucinations avec présence d’animaux imaginaires , de flammes etc.)

Le LSD est donc le plus puissant hallucinogène connu . Il agit sur plusieurs récepteurs de la 5-HT ( comme agoniste ); il a en outre des propriétés anxiolytiques et antidépressives mais les recherches visant à dissocier ces différentes activités n’ont jamais été entreprises.
On a fêté le centenaire d’Albert Hofmann en 2006 et il est décédé dans le courant de cette année dans sa cent troisième année.

PLANTES ET CHAMPIGNONS HALLUCINOGÈNES

Il y a un regain d’intérêt pour ces drogues consommés aujourd’hui de façon diversifiée;

A l’origine, c’est le fait de sociétés traditionnelles pratiquant un usage divinatoire. Exemples: peyotl des Indiens Chichimèques, sauge divinatoire des Mazatèques du Mexique;

L’usage européen médiéval est restreint mais existe cependant avec l’utilisation de plantes à des fins magiques ( pharmacopée diabolique) comprenant diverses Solanacées ( datura, mandragore, morelle furieuse), Ombellifères, aconit…; on peut aussi ajouter l’usage de l’amanite tue-mouche.
Dans le cadre de la vague psychédélique des années 60, on note l’utilisation de la psilocybine ou de la mescaline;

Aujourd’hui ( à partir de 1990), est observée une augmentation des expérimentations dans les espaces festifs ( rave parties) avec des drogues d’importation; il y a aussi émergence d’autres cadres de consommation tel le cadre cognitif avec l’ayahuasca ( tourisme chamanique)

L’importance de la fourniture par relations et sur les sites Internet est récente mais réelle.

CHAMPIGNONS HALLUCINOGÈNES.

Le premier problème est l’identification botanique ( cf livre d’E.SCHULTES dans lequel les dessins sont plus fiables comme référence que les photos distribuées sur Internet). Exemple du Psilocybe mexicana dessiné par Roger HEIM d’autant qu’il existe de nombreux Psilocybe: Psilocybe aztecorum, P. caerulescens, P.zapotecorum, Stropharia cubensis . Enfin d’autres localisations existent en dehors du Mexique comme l’ Amérique centrale, du nord ; les espèces indigènes sont peu riches en principes actifs.

Les principes actifs sont la psilocybine et la psilocine ( dérivés de la tryptamine) ; les teneurs sont très variables.

Après l’ingestion, est observé un net engourdissement avec des fourmillements, des troubles de la vision, des hallucinations colorées.
Le risque est le mauvais voyage ( le terme consacré est “ bad trip”) avec des accès de panique.

DATURAS.

Sont en cause de très nombreuses espèces: Datura stramonium, D.metel, D.arborea, Brugmansia …

Le plus connu ( médicinal) est le datura stramoine, plante herbacée annuelle de 0,5 à 1 m de hauteur, commune dans toute la France sur les décombres et dans les lieux incultes; les feuilles sont grandes et profondément dentées, les fleurs en forme de trompette et de couleur plus ou moins blanche, les graines sont contenues dans une capsule épineuse caractéristique.

Les principes actifs sont des alcaloïdes esters dérivés du tropane ( esters de l’acide tropique et du tropanol) représentés par le groupe hyosyamine lévogyre/atropine racémique; de plus, ce datura contient plus d’un tiers d’un autre alcaloïde, la scopolamine ( ester de l’acide tropique et du scopanol).

L’intoxication est le résultat de l’action des alcaloïdes; à forte dose , les graines ingérées peuvent provoquer des troubles cardiaques et nerveux avec agitation, convulsions, hallucinations et délire bien que la présence de la scopolamine apporte une action sédative.

SAUGE DIVINATOIRE

Il s’agit de Salvia divinorum décrite par Schultes ( en 1973); elle est originaire de la région d’Oaxaca au Mexique ; il ne faut pas trop se fier aux photos sur Internet.
Cette sauge est, bien sûr , une Lamiacée possédant des feuilles de 12 à 15 cm de long, ovales et pointues, les fleurs sont bleues avec une corolle à deux lèvres.

Le principe actif aujourd’hui connu est la salvinorine A appartenant à la famille chimique des diterpènes ( sans azote) ; ce n’est pas un alcaloïde.
Son effet hallucinogène est intense ( comme le LSD!) mais variable selon les doses ( difficiles à maîtriser…), allant de visions déformées à des visions effrayantes.
Il y a fixation sur les récepteurs des opiacés ( récepteur kappa).

Les modes d’administration peuvent être différents ( mastication, extrait liquide pour les usages tarditionnels et fumé pour les usages récréatifs).

L’AYAHUASCA. ( de aya, ancêtre et huasca, liane en quechua)

Cette boisson narcotique est employée en Amérique du sud ( partie nord); elle est appelée aussi caapi ou yajé et permet de communiquer avec les esprits.

Trois espèces de Banisteropsis constituent les ingrédients principaux : Banisteriopsis caapi , B. inebrians et B. Rusbyana . Ce sont des lianes appartenant à la famille des Malpighiacées possédant de grande feuilles vert foncé et de nombreuses petites fleurs roses. On utilise l’écorce de tige. D’autres plantes pourraient être présentes comme le Psychotria viridis ( Rubiacées) …

Les principes actifs sont des alcaloïdes indoliques : harmine, harmaline, tetrahydroharmine … présent dans Peganum harmala de la famille des Zygophyllacées (harmel en Syrie).

La drogue est préparée par décoction ( eau à ébullition) et l’action dépend de cette préparation mais, surtout , des ingrédients utilisés puisque contenant des principes actifs différents ( diméthyltryptamine dans Banisteriopsis Rusbyana, alcaloïdes tropaniques dans Psychotria viridis).
Les alcaloïdes du Banistériopsis inhibent les enzymes de notre organisme bloquant l‘action de la DMT ( diméthyl-tryptamine).

L’action peut se résumer en l’apparition de visions colorées mais avec de nombreux symptomes désagréables ( nausées, vomissements, diarrhée, vertige, transpiration, tremblements, mydriase, tachycardie etc.)

PEYOTL

Il s’agit d’un très beau cactus, Lophophora williamsii poussant dans les déserts mexicains et découvert par les conquistadors espagnols ; il est aussi appelé "boutons de mescal" car il est remarquable par sa forme ( souvent à plusieurs têtes), sa couleur gris-bleu et ses fleurs roses ( au centre).
Les Indiens coupent la partie supérieure en rondelles, les mâchent après avoir enlevé les poils, crachent la masse pour la rouler dans la main et enfin l’avalent. Il y a d’autres façons de consommer le peyotl, à l’état sec, en décoction, grillé…

Le principe actif est la mescaline, de faible puissance hallucinogène ( 1000 fois moins celle du LSD) ; c’est la triméthoxyphényléthylamine et il existe de nombreux dérivés.
La dose active est de 250 mg en moyenne.

L’action est bien connue: après la prise, HTA, tachycardie, nausées accompagnant des hallucinations visuelles ( visions colorées).
La mescaline a fait l’objet d’importantes études en psychiatrie. Elle est considérée comme un psychostimulant.
C’est un agoniste des récepteurs sérotoninergiques et dopaminergiques.

 

ECSTASY ( famille des amphétamines)

L’ecstasy, produit de synthèse, est la 3,4 méthylène-dioxy-méthyl-amphétamine ou MDMA;

Les comprimés vendus sur le marché clandestin contiennent des dérivés de la MDMA ainsi que des substances variées: caféine, aspirine, LSD …et des impuretés.

Les quantités de substance active varient considérablement d’un comprimé à un autre quel que soit le logo figurant sur le comprimé; il n’y a donc aucun repère permettant de lire la composition ou la qualité…

L’ecstasy augmente les principales neurotransmissions, elle provoque d’abord une libération importante de 5-HT en épuise les stocks et empêche leur reconstitution.

L’action de la MDMA est surtout stimulante et desinhibitrice mais s’accompagne de nombreux troubles: tremblement et convulsion, fourmillements, tachycardie, sécheresse de la bouche etc. Il s’installe aussi des phases d’irritabilité, d’angoisse, de fatigue et des troubles de mémoire.

La MDMA est un neurotoxique inducteur de tremblements et de dépression; son potentiel toxicomanogène est important avec des sensibilités individuelles.
Des décès peuvent survenir par hyperthermie et ces mêmes effets sont aggravés par la prise concomittante d’autres drogues comme le Cannabis, l’alcool, le LSD etc.

Enfin, une des caractéristiques de l’ecstasy est la possibilité de provoquer des réapparitions de symptômes parfois à une distance notable de la prise comme des délires et une anxiété profonde.

Parmi les autres stimulants: “crystal”= “ice”correspondent à la méthamphétamine ( avalée, inhalée, fumée, injectée ou reniflée); le 2 CB (“ EVE” – “VENUS”) est une diméthoxy- bromophényléthylamine.
A signaler aussi de nombeux dérivés de la pipérazine susceptibles de remplacer l’ecstasy avec des effets voisins mais moins bien connus: mCPP,BZP, TFMPP.
Le MaHuang est une herbe chinoise “ Herbal ecstasy” contenant de l’éphédrine ( prise en infusion).
Les “poppers” désignent le nitrite d’amyle ( inhalé ).
Le GHB ou acide gamma-hydroxybutyrique, est la “ drogue du viol”(desinhibiteur) et, avec l’alcool, puissant sédatif, le GBL est la gamma-butyrolactone et est un précurseur du GHB; le GHB est un produit de degradation du GABA ( neuromédiateur) mais n’est pas lui même un neuromédiateur. A faible dose, il produit euphorie et sédation et, en même temps, peut provoquer une suppression temporaire de la volonté et une amnésie.

Parmi les autres hallucinogènes, citons la kétamine ou chlorophényl-méthylamino-cyclohexanone, anesthésique vétérinaire de structure proche de la PCP et
la PCP (phencyclidine ou phénylcyclohexylpiperidine (anesthésique de synthèse) ;
Il y a aussi le protoxyde d’azote, les colles et solvants…

Parmi les autres dépresseurs nous trouvons la buprénorphine (Subutex) et aussi la BHD ( buprénorphine à haut dosage) et la méthadone: ce sont deux produits de substitution de l’héroïne ( cf ante);
Le rachacha est une préparation spéciale d’opium ( pâte marron rouge).

Les médicaments sujets à addiction ( donc à détournement) appartiennent principalement à la classe des benzodiazépines ( Rohypnol, Tranxène, Halcion, Lexomil, Valium, Librium…)

Pour mémoire , il y a aussi les produits dopants.

EN GUISE DE CONCLUSION.

“ S’il est crucial de nous préoccuper de l’état de la planète que nous laisserons à nos enfants, il ne l’est pas moins de nous soucier de l’état des enfants que nous laisserons à notre planète”

loc.cit. in Halte au Cannabis de Jean Costentin (2006).

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