Le danger et l’intérêt des LECTINES toxiques d’origine végétale, faut-il avoir peur de la RICINE?

On entend régulièrement parler du risque d’utilisation de la ricine, extraite de la graine du ricin, dans le cadre d’une guerre chimique ou bactériologique.

Ainsi, très récemment, des lettres « empoisonnées » à la ricine aurait été envoyées au président Obama ainsi qu’à quelques personnalités politiques Américaines.

Que sont les lectines végétales ?

Ce sont des substances surtout présentes dans certaines graines qui peuvent s’attacher de façon très précises à la surface des membranes cellulaires ou de façon quasi spécifique avec des molécules.

Une fois fixées sur les cellules elles peuvent pénétrer à l’intérieur et provoquer des désordres métaboliques jusqu’à la mort de la cellule.

Ce mode d’action leur permet d’être terriblement efficaces et d’agir à une très faible concentration.

Elles possèdent néanmoins un point faible : leur sensibilité à la chaleur qui les dénature.

Une ébullition de plusieurs minutes les inactive en général.


Ricine du ricin, phasine du haricot, abrine de la « graine l’église » et viscumine du gui

Voila donc quelques exemples de lectines végétales.

La graine de ricin contient la ricine extrêmement toxique quand elle est injectée ou respirée, un peu moins quand on l’absorbe accidentellement par voie digestive.
La dose minimale mortelle par injection chez le rat est de 0,4 millionième de gramme par kg.

Chez l’homme, la dose mortelle après injection serait de l’ordre de 1 à 3 millionième de gr/kg chez l’adulte (1g aurait le potentiel théorique de tuer 4000 à 12000 personnes)!!

On comprend pourquoi la recherche d’antidotes à la ricine est active.

Récemment, plusieurs molécules ont été découvertes qui permettraient de bloquer l’action intra-cellulaire de la ricine donc d’atténuer sa toxicité.

La phasine du haricot est beaucoup moins toxique mais peut néanmoins provoquer de troubles digestifs assez inquiétants mais qui guérissent spontanément : vomissement répétés et diarrhée abondante.

La consommation de quelques haricots CRUS , surtout les variétés « haricots rouges », peut être suffisante pour provoquer ces troubles.

Pas d’inquiétude , il suffit de jeter l’eau de trempage des haricots et de les cuire au moins 10 minutes pour les détoxifier.

Beaucoup d’autres graines de légumineuses contiennent des lectines y compris les pois et les fèves mais une petite légumineuse tropicale aux jolies graines noires et rouges, la « graine l’église » ou jequirity, Abrus precatorius atteint des sommets pour sa toxicité.

Elle contient de l’abrine presque aussi toxique que la ricine. Les graines sont heureusement très dures et impossibles à mâcher, on en fait de très jolis colliers dont il ne faut pas sucer les graines.

Les feuilles de gui contiennent également une lectine toxique, la viscumine moins active que la ricine mais au mécanisme d’action un peu semblable.

Les lectines sources de nouveaux traitements anticancéreux

Nous avons vu que les lectines végétales pouvaient provoquer la mort des cellules, reste à cibler l’attaque et on peut imaginer utiliser ces molécules pour détruire les cellules cancéreuses ou leucémiques.

Les études pharmacologiques sont nombreuses dans ce domaine surtout pour atteindre les cancers inopérables ou déjà métastasés.

Citons par exemple des études portant sur des lectines extraites de l’écorce du murier noir, Morus nigra, capables d’agir directement sur des cellules cancéreuses ou d’augmenter la photosensibilité des cellules leucémiques dans le cadre d’un traitement par photo-chimiothérapie extracorporelle.

Quelques références:

La toxicité de la ricine

thèse sur les lectines du murier

Le ricin dans phytomania

Le jequirity dans la fiche réglisse de phytomania