Nous publions sur ce blog un extrait de l’interview par le site vidal.fr du Pr Alain Serrie, chef du Service de Médecine de la douleur – Médecine palliative de l’hôpital Lariboisière (Paris).
le Pr Serrie rappelle quelles sont les normes d’utilisation des antalgiques en pratique médicale et donne un aperçu sur quelques nouveautés dont certains extraits de plantes médicinales qui ont été soit oubliés soit plus ou moins interdits.
<<VIDAL : En termes d’innovation, de nouvelles molécules, où en sommes-nous ?
Alain Serrie : Le QUTENZA, récemment commercialisé, est une véritable innovation : il s’agit de patchs contenant de la capsaïcine (principal composé du piment rouge), appliqués en cas de douleurs neuropathiques périphériques. La capsaïcine permet une dégranulation, une désexcitation des vésicules produisant des substances nociceptives : les nocicepteurs cutanés deviennent moins sensibles à divers stimuli, ce qui réalise une sorte de désensibilisation, une moindre sensibilité des nerfs cutanés et donc un soulagement de la douleur ressentie.
L’application de tels patchs sur les zones douloureuses, en hôpital de jour, pendant 45 minutes à 1 heure, peut donner des résultats positifs pendant 3 mois. Cela marcherait pour 1 patient sur 2 , il s’agit donc d’une véritable innovation technologique. Par contre, c’est à peu près tout, le reste ( sous-entendu des antalgiques est déjà connu), ce sont les modes d’administration qui changent.
VIDAL : Et qu’en est-il de l’éventuelle utilité du cannabis thérapeutique ?
Alain Serrie : Le cannabis thérapeutique est disponible sous 2 formes, le SATIVEX (delta-9-tétrahydrocannabinol/cannabidiol) et le MARINOL (dronabinol) [NDLR de Vidal: le MARINOL peut être prescrit par les médecins hospitaliers en faisant une demande d’Autorisation temporaire d’utilisation nominative à l’ANSM ; le SATIVEX a obtenu une AMM en France en janvier 2014 pour les symptômes liés à une spasticité modérée à sévère dans le cadre d’une sclérose en plaques, mais n’est toujours pas commercialisé, faute d’accord sur le prix de vente entre les autorités de santé et le laboratoire Almirall].
Ce sont des substances intéressantes, mais dont l’utilisation doit être encadrée, sans banalisation. Il faudrait aussi laisser la liberté aux structures antidouleurs de pouvoir les proposer dans des douleurs neuropathiques rebelles.
Il faut savoir qu’encore aujourd’hui, il y a des patients qui mettent fin à leur vie parce que l’on n’arrive pas à traiter leurs douleurs neuropathiques centrales…
Dans des douleurs extrêmes, principalement neuropathiques, pour lesquelles les opioïdes sont peu efficaces, ne pas donner d’autres substances qui ont quand même fait preuve, dans la littérature, d’une certaine efficacité, représente une perte de chances pour les patients.>>
pour plus d’informations
http://www.vidal.fr/actualites/15868/retraits_limitations_innovations_quelle_antalgie_en_2015_interview_du_pr_alain_serrie_1ere_partie/#SZQ3HVmTgt7TMa8Z.99