Les MELIACEAE sont des arbres ou des arbustes des régions tropico-équatoriales.
Extrait du bel ouvrage de Fusée Aublet qui a décrit le genre Carapa,
Beaucoup possèdent un bois recherché et ont été surexploités comme l’acajou d’Afrique (Kaya), celui des Caraïbes(mahogany = Swietenia), ou l’acajou « femelle » ou acajou odorant (Cedrela) qui servait à faire les boîtes à cigare ou de petits meubles .
Certains ont de multiples usages comme le « neem » ou lilas blanc de l’Inde (Azadirachta) : plante médicinale, essence de reboisement, protection des cultures, source de produits antiparasitaires.
Le genre CARAPA est tropical et parmi les nombreuses espèces décrites seules deux sont communément employées pour leurs propriétés médicinales.
Le CARAPA ou ANDIROBA, Carapa guyanensis est un grand arbre qui était assez commun dans la forêt primaire d’Amérique du sud et les vieilles forêts secondaires, il a été très exploité pour son bois qui ressemble à l’acajou odorant (Cedrela). On le trouve aussi sur les iles de la mer des Caraibes (grandes et petites Antilles) et en Amérique centrale.
Le TOULOUCOUNA ou KOBI, Carapa procera est présent dans l’ouest de l’Afrique tropico-équatoriale et vers l’est jusqu’en Ouganda et Tanzanie
Ces deux espèces sont médicinales par l’huile contenue dans les graines et dans une moindre mesure par leurs feuilles et leur écorce.
CARAPA ANDIROBA TOULOUCOUNA CARAPA GUYANENSIS HUILE DE CARAPA HUILE ANDIROBA
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
HUILE DE CARAPA OU ANDIROBA
Le fruit du carapa (andiroba) est une capsule ligneuse à 4 angles de 7 à 10 cm, qui contient 10 à 12 graines.
Il existe plusieurs techniques pour en extraire l’huile.
Les indiens des Guyanes font bouillir longuement ces graines oléagineuses, puis ils attendent quelques jours que l’huile se collecte dans les téguments ramollis et légèrement pourrissants ; ils la recueillent ensuite en exposant la masse des graines au soleil (ou en les chauffant par temps de pluie) dans un récipient naturel, le spath d’un palmier, dont une des extrémités est percée. L’huile s’écoule lentement par gravité.
Dans certaines régions du Brésil on collecte les noix qui flottent dans les cours d’eaux et on recueille l’huile après pourrissement des graines, par chauffage ou en les pressant.
Ces techniques traditionelles donnent une huile colorée en brun ou rouge et qui ne se conserve pas longtemps.
En utilisant des moyens mécaniques plus modernes on obtient une huile « vierge » jaune pâle de première pression à froid de bonne qualité .
Par la technique traditionnelle 6 kg de graines donnent environ 1 kg d’huile et au moins 2 fois plus par des moyens modernes.
Composition moyenne en pourcentage d’acides gras de l’huile de CARAPA :
acide oléique 45 à 50%
acide palmitique 25 à 30%
acide linoléique 9% à 10%
acide arachidique 2%
acide stéarique 7 à 9%
acide hexadécinoïque 1%
acide linolénique 0,7%
C’est donc une huile dominée par l’acide oléique et qui se fige aux basses températures.
L’huile de CARAPA est très amère par son contenu en limonoïdes et autres triterpènes oxygénés qui possèdent de nombreuses propriétés pharmacologiques surtout étudiées in vitro ou seulement chez l’animal et pas encore chez l’homme (à ma connaissance) :
- propriétés anti-cancéreuses,
- propriété anti-plasmodiale (paludisme),
- propriétés anti-inflammatoires, anti-oedémateuse et anti-rhumatismales,
- propriétés insecticides et répulsives pour les insectes.
Par ailleurs l’huile de CARAPA ou ANDIROBA est :
- cosmétologique,
- cicatrisante,
- et un chercheur a déposé un brevet (USA) décrivant son utilisation comme traitement de la cellulite localisée ; l’huile de carapa inhiberaient certains enzymes responsables de l’accumulation des graisses et de la conversion des cellules en adipocytes.
FEUILLES ET ECORCE DE CARAPA
Les feuilles, le bois et surtout l’écorce contiennent en proportions variables les substances amères méliacines – limonoïdes intéressantes pour leurs propriétés pharmacologiques
UTILISATIONS
HUILE de CARAPA ou ANDIROBA cosmétique, anti-inflammatoire, antalgique et contre les insectes piqueurs
Les populations amérindiennes mélangent le roucou (pigment rouge de Bixa orellana) et l’huile de carapa.
Ils s’enduisent de ce mélange, s’aidant les uns les autres et procèdent régulièrement à ce rituel.
Le roucou est très esthétique et possède un pouvoir magique, repoussant le mauvais esprit toujours prêt à envahir le corps humain, le carapa a le pouvoir de protection physique ( froid et pluie, démangeaisons, insectes).
On l’utilise aussi comme liniment pour masser les muscles douloureux des chasseurs après les longues courses dans la forêt.
Chez les créoles guyanais, on s’en servait pour traiter toutes sortes de dermatoses : eczéma infectés ; brûlures dues aux plantes urticantes ou au latex caustique, piqûres d’insectes (l’effet calmant et anti-inflammatoire est remarquable).
Cette huile possède des propriétés protectrices pour la peau car, malgré leur vie au grand air et aux intempéries, leurs travaux agricoles dans des « abattis » pleins de broussailles épineuses et d’insectes piqueurs, les indiens qui vivent très souvent nus à par leur cache sexe (kalimbé) ont en général une belle peau.
Au Brésil on utilise communément l’huile d’andiroba (c’est le nom portuguais) dans les grandes villes comme huile de massage (massage thérapeutique, arts martiaux) et pour calmer les irritations cutanées, soigner les petites plaies ou les contusions.
Enfin c’est une huile cosmétologique donnant brillant et souplesse à la chevelure (tout en éloignant les poux).
L’huile de CARAPA est donc :
- adoucissante et protectrice pour la peau (on peut tester sa propre réaction en cas d’eczéma ou de psoriasis),
- décontractante et légèrement antalgique pour les muscles et les zones articulaires (bonne huile de massage pour les sportifs),
- légèrement répulsive pour les insectes piqueurs (mais beaucoup mois que le DEET= OFF) et très utile contre les tiques et autres poux d’agouti de la foret guyanaise.
Elle est d’ailleurs utilisée en Amérique du sud pour soigner le bétail (plaies, tiques et parasites de la peau).
L’huile brute ou vierge non purifiée est la seule réellement efficace, associant l’effet trophique calmant des corps gras à l’effet anti-inflammatoire, antiprurigineux des triterpénoïdes-limonoïdes.
L’huile de carapa se conserve mal et rancit vite si on ne la garde pas au frais et à l’abri de la lumière.
Plusieurs sociétés en proposent sur internet.
Il fut un temps où on en faisait du savon au Brésil où elle est commune .
Aux Antilles sur l’île de la Dominique, les survivants des indiens Caraïbes en vendent quelquefois mais il est difficile de savoir si c’est de l’huile pure, elle est assez souvent mélangée à de l’huile de ricin plus facile à obtenir ; d’ailleurs les créoles antillais confondent les deux huiles qu’ils appellent indifféremment huile de carapate.
FEUILLES ET ECORCE DE CARAPA
Les feuilles sont traditionnellement employées en Amérique du sud sous forme d’infusion ou de décoction (très amère) pour faire baisser la fièvre (infections virales ou paludisme) pour soigner les diarrhées et pour accélérer la cicatrisation des plaies.
L’écorce est très concentrée en substances actives et donc difficile à utiliser car beaucoup trop amère mais c’est une source de nouvelles molécules chimiques pour la recherche de nouveaux médicaments et on peut utiliser l’infusion ou la décoction, avec prudence, en usage externe (tiques, plaies infectées par des insectes) chez l’animal.
CULTURE DU CARAPA
Il n’y a pas à ma connaissance de culture industrielle du Carapa car les jeunes arbres sont attaqués par un parasite (Hypsipyla grandella) difficile à éradiquer.
Ce papillon nocturne dont la chenille attaque les jeunes rameaux de meliaceae est présent presque dans toutes les régions chaudes des Amériques et cause beaucoup de problèmes aux pépiniéristes qui font pousser des mahogany ou des cedrela pour les planter le long des avenues et dans les parcs.
Dans la foret guyanaise le problème est moins aigu car les arbres sont isolés les uns des autres, la densité du parasite moindre et la régulation du prédateur se fait naturellement.
Le carapa est maintenant considéré comme une espèce à protéger en Amérique du sud(surtout au Brésil) à cause de la déforestation et de la surexploitation du CARAPA pour son bois.
CARAPA PROCERA MELIACEAE
TOULOUCOUNA (Sénégal)
KOBI (Bambara, Fulani)
GUÉ (Senufo)
Carapa Procera est présent en Afrique du Sénégal à l’Angola et vers l’est jusqu’à l’Ouganda et la Tanzanie. Il possède des noms vernaculaires variés.
C’est arbre variable en taille qui pousse souvent à l’ombre des plus grands arbres, y compris dans le sud du Sahel dans les forets galeries.
Il est connu et employé principalement pour ses graines oélagineuses qui produisent une huile non comestible (car contenant des substances très amères) mais utilisables à des fin médicinales ou pour faire du savon.
Les tradipraticiens emploient également son écorce qui renferment des composés anti-inflammatoires et insecticides.
C’est donc un arbre dont l’utilisation traditionnelle est très voisine de celle de Carapa guanensis en Amérique du sud :
- soins de la peau,
- élimination des parasites cutanés chez les humains et les animaux,
- protection contre les piqures d’insectes,
- huile de massage,
- fabrication de savons artisanaux,
- protection des cultures (pulvérisations d’huile ou incorporation à la terre de poudre de noix de carapa),
- tisane d’écorce très amère pour calmer des troubles digestifs : gastro-entérite.
RESUME
UNE HUILE MEDICINALE ET COSMETOLOGIQUE D’AMAZONIE ET D’AFRIQUE
Les graines de Carapa (andiroba au Brésil) fournissent une huile qui contient des substances répulsives pour les insectes, qui protège la peau des élément physiques et qui par ses propriétés cosmétologiques l’embellit. Les indiens d’Amazonie connaissent depuis longtemps cette huile dont ils s’enduisent quotidiennement. Elle est utile comme liniment et comme huile de massage car légèrement anti-inflammatoire, elle adoucit également les peaux irritées.
En Afrique, l’huile de Carapa procera (touloucouna ou kobi) possède des propriétés voisines
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