TABAC
NICOTIANA TABACUM
NICOTIANA RUSTICA
SOLANACEAE
Nicotiana tabacum et Nicotiana rustica sont originaires du "nouveau
monde", c'est à dire des zones tropicales et subtropicales d'Amérique
du nord et du sud.
L'usage des feuilles de tabac par les Amérindiens fut très
rapidement remarqué par Christophe Colomb et son équipage.
Les
Indiens Tainos peuplaient alors les grandes et les petites Antilles; ce peuple
Arawak (en passe d'être supplanté par les Caraïbes) cultivait
le tabac ; on suppose que ce nom vient d'ailleurs de leur langue mais d'autres
philologues l'estiment d'origine arabe.
Nicotiana fut nommée ainsi
en l'honneur de Jean Nicot, ambassadeur de France au Portugal, qui introduisit
le tabac à la cour de France à la fin du 16ème siècle.
Nicotiana tabacum, le tabac le plus cultivé maintenant dans le monde
entier, est une plante annuelle, ce qui permet son acclimatation dans des
régions aux climats variés : de la forêt équatoriale
aux pays tempérés.
Il existe de nombreux cultivars (variétés culturales) .
Le tabac
en général une plante assez haute (1 à 2m), aux feuilles
alternes, parfois de grande taille dans les variétés de culture
(50 à 70 cm de long sur 20 à 40 cm de large), les fleurs sont
en panicules à corolle tubuleuse teintées de rose ou de rouge.
La maturité des feuilles de tabac se fait de bas en haut, les feuilles
les plus basses jaunissent les premières.
Il existe de nombreuses espèces dans le genre Tabacum : certaines sont encore utilisées localement , comme tabac à fumer et parfois dans des rituels chamaniques .
Nicotiana rustica, fut probablement le premier tabac cultivé d'abord en Amérique du sud ensuite il fut dispersé par les amérindiens jusqu'au provinces canadiennes atlantiques .
C'est une plante de petite taille, dont les feuilles contiennent 3 fois plus de nicotine que le tabac commun .
Nicotiana obtusifolia était utilisé par les Amérindiens de l'Ouest des USA.
Nicotiana alata est une plante atteignant 1, 5 m, très décorative par ses nombreuse fleurs blanches, originaire d'Amérique du sud et cultivée encore actuellement en Iran
Nicotiana glauca, un petit arbuste aux fleurs jaunes décoratives, contient suffisamment d'aicaloides toxiques (nicotine et anabasine) pour en faire une infusion décoction insecticide, il est trop toxique pour du tabac à fumer.
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
LA NICOTINE
La nicotine est synthétisée dans les racines du plant de tabac et migre ensuite dans les feuilles.La nicotine est rapidement absorbée à travers les muqueuses
et pénètre dans la circulation sanguine.
L'inhalation de la fumée de tabac permet une absorption très
rapide de la nicotine dans le sang ; en 7 à 9 secondes la nicotine
atteint le cerveau. L'absorption par la muqueuse buccale (ou rectale) est
aussi très efficace.
Par contre le jus de tabac et la salive contenant des particules de goudrons
et de la nicotine sont absorbés dans l'intestin grêle mais la
nicotine est pour les deux tiers détruite par le foie qui détoxique
ainsi le sang de la veine porte.
L'excrétion de la nicotine se fait un peu par la
respiration et se retrouve aussi dans l'urine mais la plus grande partie est
transformée (métabolisée=détruite) dans le foie
en un métabolite : la cotinine.
Le taux d'élimination de la
nicotine est assez rapide : en 2 heures la moitié de la nicotine a
disparu du sang, reste la cotinine qui persiste plusieurs jours dans les tissus
(sa demi-vie est de 16 h).
UTILISATIONS
Production du tabac en 2000 (en millier de tonnes)
Production du tabac en 2017 (en millier de tonnes)
Préparation du tabac
Les feuilles de tabac mures (jaunies) peuvent être :
Elles sont ensuite mises à vieillir, à maturer ; plus tard les
feuilles de tabac seront préparées spécifiquement pour
faire du tabac à cigarette, à pipe, à cigare, à
priser, à chiquer. Les tabacs sont mélangés entre eux
(blended) et avec des agents chimiques de texture, des arômes, des produits
de conservation.
Depuis le milieu du 20ième siècle, les services de santé
ont observé une nette augmentation des cancers bronchiques, de nombreuses
études ont montré que cette augmentation était en partie
due à l'usage de la cigarette de tabac, l'autre facteur étant
l'augmentation de la pollution de l'air par les fumées industrielles
et les gaz d'échappement.
La nicotine elle-même ne parait pas mutagène, ce sont les produits de combustion du tabac qui sont cancérigènes, ils agissent en premier lieu au niveau de l'épithélium des bronches en l'irritant (au minimum bronchites à répétition, toux chronique, emphysème) mais passent aussi dans la circulation sanguine et on les retrouve dans les urines.
Les feuilles de tabac contiennent très souvent du polonium 210 un isotope extremement toxique, le plant de tabac concentre le pollonium contenu dans la terre.
Le POLONIUM 210 est mutagène et est peut-être les principal responsable des cancers bronchiques liés à la consommation de cigarettes .
LE TABAC EST UNE DROGUE .
L'addiction au tabac est forte : arrêter de fumer
du tabac est plus difficile qu'arrêter de boire de l'alcool.
Il n'y a
pas qu'une seule façon d'arrêter de fumer ; la TENDANCE ACTUELLE
est d'aider la personne qui désire arrêter de fumer par un traitement
de substitution. Il y a bien sur d'autres techniques : psychologiques, homéopathiques,
acupuncture, sport etc..
Il est tout à fait possible d'arrêter de fumer, sans aide
psychologique ou sans substituts nicotiniques, par sa seule volonté.
Mais quand on a échoué, quand la tache paraît difficile
et qu'on est réellement motivé, on peut avoir recours à
une technique de sevrage.
Dans un premier temps
La diminution se fait en utilisant des substitutifs nicotiniques oraux (gommes
ou pastilles) ou par voie respiratoire (cigarette électronique); une gomme ou une pastille à la nicotine remplace une
ou deux cigarettes.
La réduction du nombre de cigarettes, se fait très
progressivement, on essaie en même temps de supprimer les cigarettes
"inutiles"
.
Deuxième temps
L'expérience montre que lorsque la consommation s'est réduite
à sept ou huit cigarettes, les fumeurs souhaitent souvent arrêter
complètement.
On remplace alors les cigarettes et les gommes ou pastilles par des timbres
(patches) dont il est facile de définir le juste dosage ou par une cigarette électronique au liquide fortement dosé en nicotine ( au moins 12 mg par ml).
Par exemple,
pour cinq cigarettes et quinze gommes, sachant que chaque cigarette apporte
en moyenne 1 mg de nicotine et que le rendement (de 50 % environ) d'une gomme
de 2 mg apporte 1 mg, on doit apporter 5 mg + 15 mg, soit 21 mg, ce qui correspond
à un patch à 21 mg, complété à la demande
par quelques gommes ou pastilles.
On diminuera ensuite progressivement la consommation de nicotine de substitution avec dans le cas de la cigarette électronique du liquide à 6mg par ml puis sans nicotine.
Les "tabacologues" ont imaginé un test pour mesurer l'importance
de l'addiction au tabac et mieux doser le traitement substitutif à
la nicotine
TEST DE FAGERSTRÖM
Le niveau de dépendance à la nicotine est obtenu en ajoutant
les points :
0-2 points : très bas ; 3-4 points : bas ; 5 points : moyen ; 6-7 points élevé ; 8-10 points : très élevé.
Pour un score de dépendance inférieur à 5, une personne sur deux arrête de fumer sans aide particulière, mais pour un résultat supérieur à 7, le taux de succès tombe à 10% sans aide au sevrage
Conduite d'un traitement substitutif par la nicotine
Le principe du traitement est, comme nous l'avons vu plus haut, de compenser
la diminution de la nicotine absorbée par le fait de fumer.
Présenté sous forme de timbres (patches), de gommes, de pastilles,
de cartouches à inhaler, le traitement substitutif ne présente
aucune contre-indication(d'après les spécialistes), excepté
la rare allergie à la colle des patches.
Depuis 2009 et la diffusion de la cigarette électronique, il y a une alternative à l'utilisation des timbres (patches) , des gommes ou des pastilles à la nicotine ( voir plus bas).
Nous donnons(en simplifiant un peu) un exemple de traitement classique conseillé
par le Pr. Lagrue (tabacologue, centre de tabacologie, hôpital Albert-Chenevier,
Créteil).
La posologie des médicaments contenant la nicotine de substitution
est fonction des résultats du test de Fagerström :
On peut juger du résultat les jours suivants et éventuellement
modifier le traitement :
Si la posologie est adaptée, on ne ressent pratiquement aucun syndrome
de sevrage.
En cas d'envie subite (café, rencontre, etc.) il suffit
de prendre une gomme ou une pastille.
Si la posologie est insuffisante, la nervosité (irritabilité, colères) est évidente, il y persistance de l'envie de fumer, on peut avoir des difficultés à se concentrer, l'humeur peut être dépressive ; on augmente alors la dose des substitutifs oraux.
En cas de posologie excessive, ce qui est assez rare lorsque le test de Fagerström a été fait, il n'y a aucune envie de fumer et on peut ressentir les effets d'un tabagisme excessif (nausées, sueurs, tachycardie, arythmie, lipothymie, etc.) ; on peut enlever son timbre avant de se coucher ou diminuer la dose de nicotine avalée
Il faudra bien sur baisser progressivement la quantité de nicotine
de substitution.
En 3 à 6 mois le besoin de fumer aura disparu mais
il faut rester vigilant une envie brutale peut survenir dans certaines circonstances.
Effets négatifs du sevrage du tabac :
La toux et l'expectoration sont paradoxalement fréquentes à
l'arrêt du tabac, ce qui peut décourager ; cela peut durer quelques
semaines ; c'est lié à la reprise d'activité des cils
des cellules de la muqueuse bronchique jusqu'alors plus ou moins paralysés
par la nicotine, un grand nettoyage de printemps en quelque sorte.
L'association du tabac et de l'alcool est fréquente, 80% des alcoolo-dépendants
le sont aussi pour le tabac.
L'arrêt de l'alcool est beaucoup moins
difficile que celui du tabac, le syndrome de sevrage alcoolique ne dure en
moyenne qu'une quinzaine de jours, et on commence en général
par le sevrage alcoolique car le sevrage du tabac risque d'augmenter la consommation
alcoolique avec survenue possible d'accidents aigus.
Le café et le tabac sont fortement liés : tous deux donnent du plaisir et se renforcent ; boire du café augmente l'envie de fumer. Pendant le sevrage du tabac on déconseille l'arrêt du café (faut pas exagérer !) et on essaie de dissocier les "gestes" café et cigarette.
Fumer du cannabis peut aussi renforcer ou accélérer la dépendance au tabac et rendre plus difficile son sevrage.
CIGARETTE ELECTRONIQUE VAPOTEUSE SEVRAGE DU TABAC
Depuis 2009-2010 une petite "révolution" dans la consommation des dérivés du tabac accompagne la mondialisation et la banalisation de l'usage de la cigarette électronique.
Je n'entre pas dans les détails techniques de cette invention que l'on trouve bien expliqués sur les sites de vente de "vapoteuse" ou sur "wikipedia".
Peut-on se libérer de la cigarette et de la toxicomanie tabagique à l'aide de cette cigarette électronique ?
En pratique on s'aperçoit que des personnes qui ont abandonné le sevrage tabagique pour des raisons de coût ou d'inefficacité ou de trop grande brutalité du sevrage arrivent à abaisser considérablement voir totalement leur consommation de cigarettes grâce à cette cigarette électronique.
Reste à voir, dans les années à venir et en analysant des données épidémiologiques, si l'addiction à la cigarette est remplacée par celle à la vapoteuse ou si le sevrage devient total et réussi sur le plan psychique et physique.
Quels sont les conséquences sur la santé de l'usage de la vapoteuse ?
Les ingrédients "consommables" de la cigarette électronique sont : le liquide qui se vaporise (propylène glycol ou glycérol ou les deux en proportions variées), la nicotine et des additifs donnant de l'arome.
Glycérol (= glycérine végétale) et propylène glycol ne sont pas considérés comme toxiques ou nocifs pour la santé, mais le fait de les chauffer pour les vaporiser peut libérer dans une "vapoteuse" mal réglée ou de mauvaise fabrication, des composés toxiques, irritants voir cancérigènes comme l'acroléine (température au dela de 250°).
La nicotine dont les concentrations varient entre 0 mg et 24 mg (voir plus) par ml peut présenter un risque d'empoisonnement pour quelqu'un (un enfant) qui avalerait le liquide sirupeux et un peu sucré de la vapoteuse.
Les additifs d'arome sont des substances chimiques dont la formule et le devenir après chauffage restent mystérieux.
La majorité des "vapoteurs(euses)" ne se plaignent pas d'effets secondaires, à part une sécheresse buccale ou une irritation de la langue.
Bronchite, toux et vapoteuse
Dans certains cas , en général au bout de 2 à 4 semaines, on peut observer l'apparition d'une toux sèche irritative, qui peut se transformer en toux grasse surtout chez les personnes aux bronches déjà fragilisées par une tabagie ancienne.
Les commerçants de cigarettes électroniques minimisent le problème et essaient de convaincre leurs clients y compris par l'intermédiaire des blogs dédiés qu'il s'agit juste d'une réadaptation du système respiratoire, que les cellules ciliées de la muqueuse bronchique sont réactivées et fabriquent plus de mucus et qu'il faut persévérer, c'est classique au moment de l'arrêt de la cigarette.
Dans certains cas c'est peut-être vrai, néanmoins j'ai pu observer des "bronchites"de vapoteuses non résolutives spontanément même après arrêt du vapotage et pouvant nécessiter un traitement antibiotique pour les assècher.
Pour moi il s'agit d'une véritable intolérance à certains composés du liquide de la cigarette électronique ou du liquide après chauffage.
Parfois le problème diminue quand on change de fournisseur de liquide de vapotage, ou que l'on fabrique soit-même ce liquide à partir de glycérine végétale (VG) ou de propylène glygol (PG) (d'origine européenne) en variant les pourcentages de ces produits, et en éliminant complètement les aromes qui pourraient être allergisants.
Conduite du sevrage tabagique avec la cigarette électronique
On commence par l'utilisation d'un liquide de vapotage concentré en nicotine ( 12 mg par ml par exemple) et quand le besoin de fumer des cigarettes traditionnelles s'estompe, on passe à un liquide moins concentré en nicotine ( 6 mg) voir sans nicotine.
Le sevrage est beaucoup plus souple et adaptable à chaque cas particulier, et l'on peut continuer à vapoter sans nicotine , la gestualité du fumeur est toujours là et suffit en général, l'étape suivante moins douloureuse sera l'abandon de la "vapoteuse".
RESUME
LE TABAC, LA NICOTINE ET SON SEVRAGE
Les humains adorent fumer, cela leur procure une sensation de bien-être,
cela les aide à supporter les difficultés de la vie, le
stress.
Le tabac est une drogue. Fumer est dangereux pour la santé,
c'est écrit sur tous les paquets de cigarettes.
Ce sont les produits
de combustion de la cigarette qui sont en cause, beaucoup plus que la
nicotine du tabac.
Le traitement actuel pour aider au sevrage du tabac
s'appuie sur l'utilisation raisonnée de la nicotine
comme substitutif
à la cigarette en utilisant des patches, des pastilles ou la cigarette électronique.
Copyright 2021 : Dr Jean-Michel Hurtel