PHYTO MAGAZINE le magazine de Phytomania

NUMERO 2

Dans ce magazine :

Le "vol" du Maca ...

Hypertrophie bénigme de la prostate, ou adenome prostatique, et son traitement en phytothérapie

Actualités pharmacologiques : un stimulant immunitaire végétal, le Birm

Petites annonces des producteurs de plantes médicinales et de phytomédicaments


Plantes indigènes d'Amérique du Sud et piraterie intellectuelle :
Le cas du MACA

Les plantes peuvent être brevetées

Depuis de 1970-1980 les pharmacologues recherchent activement de nouvelles molécules à partir de plantes exotiques (principalement des régions tropico-équatoriales), d'animaux marins ou de micro-organismes (bactéries, champignons).
Ces recherches sont très coûteuses et généralement le fait de compagnies pharmaceutiques privées.
Les étapes sont nombreuses avant la commercialisation : études pharmacologiques, études cliniques, obtention de l'autorisation de mise sur le marché.
Pour assurer l'avenir commercial du médicament, des brevets de fabrications sont déposés.

Quelquefois la plante médicinale ou son extrait ont été "découverts" par un ethno-pharmacologue lors d'une enquête auprès de populations ayant conservé un savoir traditionnel en la matière ou auprès de tradipratiens. C'est évidemment une source de conflit quand les usagers traditionnels découvrent qu'ils n'ont plus le droit de vendre la plante médicinale (qui est brevetée), d'utiliser son nom même vernaculaire (qui peut être breveté) et qu'ils ne bénéficient d'aucune retombée financière.

Le "vol" du maca

Les pays d'Amérique du Sud ont de bonnes raisons d'essayer de protéger leur "patrimoine végétal", il a déjà été bien pillé : pomme de terre des Andes, tomate, piment et poivron de l’Amazonie, tabac, cacao, manioc, hévéa, haricot de lima, potiron, rocou..., mais aussi plantes médicinales ou leurs extraits : quinine, curare, émétine. vendeur de maca en Bolivie

Très récemment les Péruviens ont réussi à récupérer une partie des droits de commercialisation d'une plante connue et cultivée depuis très longtemps sur le haut plateau andin pour ses qualités diététiques et médicinales : le maca ou maka, Lepidium meyenii, Brassicaceae.
On l'appelle aussi le "ginseng du Pérou", ou " le viagra péruvien " . C'est une plante cultivée de façon traditionnelle depuis l'époque Inca sur l'altiplano andin (surtout péruvien), entre 3500 et 4500 mètres. Les conditions climatiques à cette altitude sont très dures : froid intense nocturne, soleil brutal, sécheresse chronique et les sols sont en général pauvres en humus mais fortement minéralisés. Seuls certaines variétés de pomme de terre, ainsi que la quinoa et le maca arrivent à pousser de façon rentable pour le cultivateur dans ces conditions.
Le maca est probablement le plus résistant de tous. A l'origine cette plante, qui ressemble à un navet ou à une petite betterave était alimentaire. Les guerriers Incas en consommaient pour acquérir une meilleure résistance, de la force et du courage.

A notre époque, sa valeur nutritionnelle est reconnue tant par la NASA que la FAO qui l'inclue dans la liste des produits naturels pour combattre les problèmes nutritionnels. Dans les pays andins, on la trouve sur les marchés à l'état frais ou séché au soleil, elle se conserve ainsi plusieurs années.
Le maca est considéré comme une plante revitalisante, tonifiante, facilitant la consolidation des fractures, régularisant les règles et surtout aphrodisiaque chez la femme comme chez l'homme. Cette dernière "supposée" propriété a bien sûr attiré la convoitise de compagnies occidentales spécialisées dans les "compléments alimentaires" ; le marché de l'aphrodisiaque est très lucratif.

Une compagnie Nord américaine (Pure World Botanicals) a déposé plusieurs licences (en 2000 et 2001) pour protéger sa technique d'extraction d'une fraction supposée plus active que la plante entièr, et pour protéger ses droits sur l'utilisation de cette plante comme aphrodisiaque. Ce faisant, il semblerait qu'elle ait tenté de monopoliser le marché de cette plante aux USA, empêchant, en pratique, les producteurs Péruviens de vendre leur propre maka.
Les paysans péruviens ont finalement fait valoir leur droit de découverte sur le maca et leur connaissance traditionnelle et ancienne de son pouvoir aphrodisiaque, mais cela n'a pas été facile (1).
Récemment, Pure world a été achetée par la société Française Naturex qui a décidé de proposer spontanément des licences d'exploitation gratuites de ses brevets portant sur le Maca pour toute entreprise détenue à 100% par des capitaux péruviens. Naturex a fait cette démarche en reconnaissance envers les Péruviens pour avoir découvert les vertus du Maca il y a plusieurs siècles, et pour dynamiser le commerce local



Conclusions

Les cultivateurs et les commerçants Péruviens ne sont pas au bout de leur peine car des licences à propos du maca ont été déposées au Japon en 2005 et 2006 (2).
De plus, les Chinois (très friands d'aphrodisiaques) essaient de se procurer (c'est peut-être déjà fait) des graines, des cultures cellulaires ou même des fragments de racine de maca pour démarrer une culture expérimentale de cette plante probablement sur le haut plateau Tibétain. C'est un exemple de "piraterie" selon les instances internationales (3).

D'autres plantes tropicales intéressantes sont l'objet des mêmes conflits comme par exemple le noni (Morinda citrifolia) ou le neem (Azadirachta indica).

Notes

1 - https://www.mincomercio.gov.co/
vbecontent/Documentos/intervenciones/2006/Prop.Intelec/CasoMaca.pdf

2 - exemples :

3 - World Trade Organization. Article 27.3(b), Relationship between the TRIPS Agreement and the CBD and Protection of Traditional Knowledge and Folklore. Communication from Peru. Biodiversity, Traditional Knowledge and Intellectual Property: Peru’s Position in Relation to Disclosure of Origin and Legal Provenance. Geneva, Switzerland: WTO Council for Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights. June 8, 2005; IP/C/W/447

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