Végétaux tropicaux-équatoriaux, les CLUSIASEAE sont essentiellement des arbres ou des arbustes, parfois épiphytes, « étranglant » leur support et développant des racines aériennes (genre Clusia);
le plus souvent de grands arbres de la forêt humide, des littoraux marécageux ou des plages coralliennes ;
Citons :
– Mammea american (l’abricot pays d’Amérique),
– Calophyllum brasiliense
( dans son énorme tronc on creuse de grandes pirogues, Amazonie et régions guyanaises),
– Garcinia mangostana
(donnant les mangoustans, fruits délicieux originaire d’Asie tropicale).
La majorité des clusiaceae sécrètent du latex ou des exsudats (on les appelait anciennement les guttifères), certaines sont toxiques (flèches empoisonnées en Amérique du sud), beaucoup sont médicinales, mais peu ont été réellement étudiées ou évaluées en thérapeutique, malgré leur utilisation en médecine traditionnelle.
Citons par exemple : Vismya cayennensis : le bois à dartres guyanais
(dermatoses variées, chancre des leshmanioses)
Symphonia globulifera : Mani de Guyane
(cicatrisant mais puissant anticoagulant)
Rheedia sp. :
emplâtre de résine pour traiter les claquages musculaires chez les indiens Palikours de Guyane.
Le TAMANU (nom vernaculaire polynésien, callophyle en Français) CALOPHYLLUM INOPHYLLUM, CLUSIASEAE, est un grand arbre originaire de l’Asie tropicale.
Il est répandu aux Indes, dans le sud-est asiatique, les îles du Pacifique sud et de l’Océan Indien.
On le trouve aussi bien sur le littoral que sur les premières pentes montagneuses.
Son tronc est épais, très crevassé, plutôt noirâtre, les feuilles assez grandes (15 à 20 cm par 8-10 cm) sont coriaces et luisantes à marge ondulée, les fleurs blanches dégagent un parfum agréable.
Les fruits, assez nombreux, souvent en grappes, sont des drupes sphériques ou légèrement ovoïdes de 30 à 40 mm de diamètre ;
la pulpe peu épaisse et comestible (verte ou jaune) recouvre une noix à coque mince qui renferme une amande (jaune crème) dont on distingue bien les deux cotylédons.
Le tamanu était un arbre sacré en Polynésie, on le plantait dans l’enceinte des « marae » (lieux sacrés); c’était un arbre rigoureusement « tabu » donc inutilisable par le commun des mortels, son bois ne pouvait servir qu’à la sculpture d’idoles, de « tiki ».
Grâce à cette protection, les tamanu sont devenus très nombreux dans toutes les îles où les navigateurs polynésiens les plantèrent, à Tahiti ils formaient de magnifiques forêts. Vint la conversion au christianisme des Polynésiens, la chute des idoles et l’exploitation intensive de ces arbres au bois estimé par les charpentiers de marine, les constructeurs en tous genres, et plus récemment les artistes sculpteurs polynésiens. Les grands tamanu sont maintenant rares à Tahiti.
TAMANU TEMANU CALOPHYLLUM BAUME DE TAMANU DERMATOSES ULCERES HEMORROIDES VARICES ECZEMA PLAIES DOULOUREUSES MALADIE DE DUPUYTREN
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
L’amande de tamanu fraîche contient peu d’huile extractible; par contre, après séchage prolongé et maturation des graines, on peut en extraire une huile abondante (50 à 60% du poids sec), de teinte jaune verte à vert foncé et d’odeur légèrement aromatique.
On y trouve :
des pigments flavonoïdes (voir lexique)
des dérivés de la coumarine (voir lexique): calophylollide et inophylollide
des terpénoïdes (voir lexique)qui lui confèrent son arôme
des triacylglyrérols dont la composition en acide gras est la suivante :
acide oléique 49%
acide linoléique 21%
acide palmitique 15%
acide stéarique 13%
acides eicosanoïques 1.7%
acide linolénique 0,3%
Cette huile non raffinée s’apparente pour certains auteurs à un baume (mais le terme est impropre), pour d’autres c’est tout simplement une huile grasse aromatique.
On lui reconnaît plusieurs propriétés médicinales :
- un pouvoir anti-infectieux, anti-inflammatoire et cicatrisant par effet antibiotique direct et indirect par stimulation de l’activité phagocytaire des cellules du système réticulo-endothélial (macrophages).
- un pouvoir antalgique et antinévralgique par voie locale de l’huile et en injection intramusculaire profonde des esters éthyliques de l’huile
- un pouvoir protecteur sur le système vasculaire sanguin (surtout veines et capillaires)
- un pouvoir anti-rhumatismal par voie locale et peut-être buccale.
L’huile de tamanu est légèrement rubéfiante, elle donne une sensation de chaleur voire une légère inflammation après application sur les peaux sensibles, chez les enfants, sur le visage.
Le tamanu sécrète aussi plus ou moins spontanément une résine verte qui apparaît dans les fissures de l’écorce mais pour laquelle je n’ai pas trouvé d’information pharmacologique.
UTILISATIONS
L’huile de tamanu peut donner d’excellents résultats :
EN APPLICATIONS LOCALES sur :
- les plaies atones d’origine trophique : plaies variqueuses, ulcère chez les alités, ulcères tropicaux, escarre secondaire à des troubles artéritiques, troubles trophiques chez les diabétiques,
- les brûlures non infectées qu’elles soient par caustique, eau bouillante, gaz
enflammé ; l’huile de tamanu calme aussi la composante douloureuse de ces brûlures - les « coups de soleil », avec prudence et en mélangeant cette huile à d’autres par exemple : 90% huile de coco, 10% huile de tamanu
- certains eczémas suintants quand la composante allergique n’est pas importante
- les fissures anales, hémorroïdes thrombosées ; les effets cicatrisants et anti-inflammatoires s’ajoutent à un léger pouvoir anticoagulant pouvant prévenir d’autres thromboses
- des dermatoses variées : herpès, éruptions, piqûres d’insectes prurigineuses avec lésions de grattage.
EN FRICTION OU MASSAGE sur :
- les articulations douloureuses
- les tendinites, les entorses, les douleurs musculaires (myosite, claquage)
- peut-être pour atténuer les effets de la maladie de Dupuytren (à vérifier)
Certains thérapeutes préconisent de limiter à 10-20% la quantité d’huile de tamanu dans l’huile de massage ou le liniment et d’éviter son emploi chez l’enfant et la femme enceinte.
D’autres utilisations plus anciennes, imprécises ou non vérifiées :
- en injections intramusculaires profondes, les esters éthyliques de l’huile pour soulager les douleurs névralgiques chez certains lépreux (dans les années 30-40 au Fidji)
- par voie buccale comme cicatrisant gastrique et antalgique, anti-inflammatoire dans les douleurs arthrosiques et les névralgies.
On trouve assez facilement sur le marché international l’huile brute de tamanu que l’on peut utiliser comme telle ou après dilution dans d’autres huiles médicinales ou cosmétiques.
Attention, le pouvoir médicinal de l’huile de tamanu est fortement diminué (surtout la capacité a régénérer les tissus) quand l’huile est purifiée (sans résine), elle est alors incolore ou d’un jaune pâle sans odeur aromatique.
AUTRE ESPECES DE CALOPHYLLUM
Deux espèces botaniquement très proches du tamanu, Calophyllum inophyllum, sont présentes en Amérique du sud et aux Antilles.
- Calophyllum brasiliense (palo Maria) en Amérique du sud et Amérique centrale,
- et Calophyllum antillanum (calaba) dans les antilles.
Ce sont de grands arbres qui ressemblent beaucoup au tamanu, ils occupent les mêmes niches écologiques, possèdent un bois de qualité, des fruits avec amande oléagineuse, et exsudent une résine.
Ils font partie des pharmacopées locales mais n’ont pas la réputation internationale du Tamanu, Calophyllum inophyllum.
RESUME
Un arbre vénéré à l’amande médicinale
Le tamanu est un grand arbre commun de la zone Pacifique et de l’Asie tropicale.
L’huile que l’on extrait des amandes de son fruit, un mélange de corps gras et de composés aromatiques, est un bon régénérateur des tissus, utile pour aider à cicatriser les ulcères chroniques de la peau.
C’est aussi un liniment anti-inflammatoire, un protecteur cutané soignant beaucoup de dermatoses chroniques, les brûlures, et calmant les inflammations hémorroïdaires ou les fissures anales.
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