PHYTO MAGAZINE le magazine de Phytomania

NUMERO 10

Dans ce magazine :

L'huile essentielle de Bergamote

Plantes et épilepsie

Les drogues aujourd'hui en France

Sommaire Numero 10




Tony Goupil nous a envoyé récemment un court article sur l'utilisation, en Europe, des plantes pour soigner, certains troubles d'origines neurologiques (épilepsie, convulsions, troubles mentaux), avant le développement de la médecine "scientifique", c'est à dire avant le XIX ème siècle. On s'apercoit à la lecture de son article, qu'à cette époque, soigner les maladies liées à un dérèglement de l'activité neurologique ou cérébrale n'était pas facile et que les traitement étaient probablement très inefficaces. La pharmacologie des plantes citées dans cet article est maintenant bien connue et aucune de ces plantes n'est utilisée actuellement pour soigner des troubles neurologiques majeurs.

PLANTES ET EPILEPSIE


Le médecin de l'Antiquité Galien nous donne chapitre IX de ses Œuvres anatomiques, physiologiques et médicales une définition de ce qu'était pour lui, l'épilepsie : c'est une convulsion de toutes les parties du corps, non pas continue comme l'emprothotonos (contracture des muscles fléchisseurs), l'opisthotonos (contracture des muscles extenseurs) ou le tétanos, mais se produisant par accès et par « la lésion de l'intelligence et des sens, ce qui prouve clairement que cette affection est engendrée en une région supérieure, dans l'encéphale même).

Selon Guy de la Brosse (fondateur de l'actuel jardin des plantes à Paris) dans son ouvrage De la Nature, vertu et utilité des plantes (chapitre sur les sympathies) , une pivoine ou du gui de chêne portés autour du coup protège contre l'épilepsie.
La pratique des amulettes ou périaptes était très courante à la Renaissance. Par exemple le plantain, plante d'Arès car hémostatique, portée en amulette convient au mal de tête car Arès à son domicile dans le signe du Bélier, qui est la tête de l'univers. (Article sur l'astrobotanique de Guy Ducourthial). Cette pratique des amulettes était bien connue des égyptiens qui portaient des amulettes-étuis contenant une languette de papyrus pour éloigner les démons responsables des maladies.

Certaines plantes prisent en breuvage avaient des vertus thérapeutiques contre l'épilepsie.
Selon Matthiole, médecin italien du XVIe dans son ouvrage de botanique médicale Les commentaires, sur les six livres de Pedacius Dioscoride sur la matière médicale, la sauge serait efficace contre ce mal.
Prise en breuvage ou fomentation (application d'un épithème chaud et liquide sur une partie du corps, au moyen d'une éponge, compresse) elle lutte aussi contre la léthargie, les étourdissements et la paralysie.
Il nous dit que ce remède est efficace contre les affections froides et flegmatiques. Nous avons donc ici un exemple de la théorie des quatre humeurs sur laquelle se fondait la médecine. L'épilepsie serait donc une maladie de type humide et flegmatique à savoir provenant du cerveau.



Quatre autres plantes auraient ces vertus selon Matthiole :

- L'herbe à chat (appelée aussi cataire, plante vivace que l'on trouve en bordure de chemin ou dans les zones rocailleuses, faisant partie de la famille de la menthe) est utile contre les « érosions de l'estomac » dues à la « ventosité », aux « difficultés d'haleine », aux « douleurs invétérées de la tête » et à l'épilepsie pour reprendre les propos du praticien de Sienne. (Livre III, chapitre XXXVI)

- La germandrée (plante de la famille des labiées, aromatique et tonique, qu'on trouve dans les forêts du littoral méditerranéen) réputée pour chasser la peste mais aussi la mélancolie, la léthargie, la stupidité (à prendre dans le sens médical de confusion mentale) et l'épilepsie. (Livre III, chapitre XCVI)

- Le dictame blanc était efficace contre l'épilepsie. On faisait grand cas de cette plante. On s'en servait en breuvage pour lutter contre le « Mal de Naples » à savoir la Syphilis. On en prenait en décoction tous les jours en la mélangeant à du Gayac, le bois saint réputé utile contre cette maladie vénérienne. (Livre III, chapitre XXXIII)

- Le giroflier, principalement celui qui a des fleurs de couleur pourpre serait bon contre l'épilepsie :
« Leurs fleurs, principalement celles des purpurins, sont bonnes à tous deffaux de cœur : item aux vertiginositez, epilepsie, paralysie, & spasmes, beus en decoction de betoine ou mariolaine. »
(Livre II, chapitre CLIII).

Selon Galien l'épilepsie a deux origines : l'atrabile (foie) ou le phlegme (cerveau). Ainsi l'épilepsie peut se transformer en mélancolie. Et de nouveau chez Matthiole on trouve pléthore de plantes contre la mélancolie (appelée aussi bile noire) : l'hysope des jardin, l'agaric purge la colère et la mélancolie ainsi que toutes les humeurs grosses, visqueuses te corrompues ; la graine d'alypum purge la mélancolie par le bas.

Dioscoride autre médecin et botaniste ancien en note plusieurs dans son Traité de la matière médicale : feuilles de bétoine, graine de basilic, epithymum mais aussi :

- la coloquinte mise avec du sel et du vinaigre
- l'origan bu sec en poudre à l'aide d'un acetabul (vase pour mettre le vinaigre) purge la mélancolie « par le dessous ».
- les fruits du tamarinier sont profitables à la manie (troubles de l'humeur et du comportement), la mélancolie, à toutes les oppilations (obstructions), aux hydropiques (accumulation anormale de liquide dans une cavité du corps), à la jaunisse et à la « rate grosse ».

Il considérait aussi que l'Ellébore noire avait ces vertus ce qui témoigne d'une médecine de l'analogie ou théorie des signatures bien connu à l'antiquité et à la Renaissance. En fonction de la couleur ou de la forme de la plante elle guérissait telle ou telle blessure. Exemple de la pulmonaire appelée ainsi par les taches blanches de ses feuilles.

Tony GOUPIL

Texte illustré de Tony GOUPIL


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