ACKEE

Les plantes faisant partie de la grande famille des sapindacées sont principalement tropicales, mais l’érable du canada et le marronier d’inde Européen en font partie.
Les sapindacées sont bien representées en Asie avec plusieurs arbres fruitiers : le litchi, le rambutan, le longane. Aux Antilles et en Amérique du sud : le quenettier au petits fruits sucrés et le guarana source de caféine ( et de boisson gazeuse).

Blighia sapida de la famille des SAPINDACEAE est originaire de l’Afrique de l’Ouest principalement du Sénégal au Gabon.

Cet arbre a été introduit dans de nombreux pays au climat tropico-équatorial, notamment à la Jamaique( où c’est le fruit national au même titre qu’au Nigéria et en Afrique du sud) et dans les antilles voisines (Haïti, Santo domingo), les Antilles anciennement Anglaises et dans les Guyanes (Guyana et Surinam).

Il est rare aux Antilles Françaises où on l’appelle « ris de veau » ou « yeux de crabe » et « arbre à fricasser » en Haïti , il possède d’autres noms en Afrique ou dans les pays parlant l’espagnol : Isin, Fisan, Aki…

Blighia sapida est généralement un arbre de petite taille, a croissance lente, les feuilles sont persistantes assez coriaces,(composées, paripennées ). Les fleurs sont petites, très parfumées, blanches (bisexuées ou unisexuées).

Le fruit à la forme d’une poire anguleuse, il passe du vert au brun rougeâtre (parfois plutôt jaunâtre) en murissant.
A maturité il s’ouvre et laisse voir 2 à 4 graines noires luisantes (le plus souvent 3) surmontées d’une arille (enveloppe charnue) molle, blanc-jaune, d’apparence crémeuse reliée à la graine par des filaments rougeâtres.

L’arille à maturité est la partie comestible de l’ackee, les graines sont toxiques, les feuilles légèrement toxiques font parties des pharmacopées locales en Afrique.

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COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

ARILLE DU FRUIT DE BLIGHIA SAPIDA

C’est la seule partie comestible et il faut attendre que le fruit soit à maturité c’est à dire quand il a éclaté , qu’il s est ouvert depuis peu de temps.

COMPOSITION CHIMIQUE MOYENNE pour 100 g d’arille fraiche’

  • Environ 60% d’eau,
  • 10 g de glucides assimilables (lui donnant un gout un peu sucré),
  • 18 à 20 g de lipides (au gout légèrement noisetté ou d’arachide),
  • 9 g de protides,
  • 3 à 5 g de fibres,
  • sels minéraux : calcium, fer, phosphore,
  • 60 à 70 mg de vitamine C et quelques vitamines du groupe B en petite quantité.

L’arille contient également des substances potentiellement actives d’un point de vue médical :

  • des alcaloides : faible quantité d’hypoglycine toxique A et B et très faible quantité d’autres alcaloides (nicotine, cafféine, quinine),
  • des composés phénoliques : notamment les acides vanillique et gallique,
  • des saponines notamment le Blighoside A

L’arille à maturité est donc nourrissante par sa teneur en corps gras et en protéines, et diététique par sa teneur en Vitamine C.
Mais elle contient aussi de faible quantité de composés toxiques, ou pouvant perturber la digestion.
La quantité de composés toxiques varie dans le fruit :

  • Quand il est vert (immature) on y trouve beaucoup de composé toxique hypoglycine A, au cours de la maturation cette substance toxique « migre » vers les graines (et se transforme en HYPOGLYCINE B) mais persiste dans les filaments qui relient la graine à l’arille .
  • Secondairement la quantité de produits toxiques va augmenter si le fruit reste trop longtemps sur l’arbre ou s’il tombe au sol.

COMMENT AGIT L’HYPOGLYCINE A?

C’est une toxine qui agit sur le fonctionnement du foie (toxine hépatique).

Elle bloque l’action de plusieurs composés qui permettent à l’organisme de transformer les graisses stockées dans les tissus en glucose, ce qui est absolument nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme ( blocage de la glucogénèse).

Les signes d’intoxication apparaissent 12 à 24 heures après le repas d’ackee, parfois plus tot si la quantité de fruits absorbée est importante surtout chez un enfant par ailleurs dénutri.

L’organisme épuise ses autres réserves en glucose et cela provoque une hypoglycémie associée à des troubles digestifs :

  • début brusque avec vomissements et douleurs abdominales, mais en général pas de diarrhée,
  • assez rapidement des troubles neurologiques ( perte de conscience, convulsions, troubles de la sensibilité cutanée) qui marquent la gravité de la situation.
  • en l’absence de traitement la mort peut survenir en 12 à 24 heures.
    Les enfants sont plus sensibles que les adultes à cet empoisonnement.

Il n’y a pas d’antidote contre l’hypoglycine A, on corrige l’hypoglycémie et les effet des vomissements (deshydratation) par des perfusions de glucose ou dextrose. La pratique d’un lavage d’estomac est controversée (en général inutile à cause du délai d’apparition des symptomes).

Le niveau d’intoxication est proportionnel à la quantité de toxine ingérée ( nombre de fruits et niveau de leur maturité).

Si les symptomes ne sont pas trop sévéres , il y récupération en 4 à 7 jours pendant lesquels on absorbe régulièrement des boissons sucrées ou des aliments glucidiques faciles à digérer.

En cas d’intoxication chronique, des signes d’hépatite toxique (jaunisse) peuvent apparaître.

D’autres arbres fruitiers possèdent des fruits qui avant maturité peuvent contenir des doses toxiques d’un composé voisin de l’hypoglycine A, c’est le cas du litchi qui fait partie de la meme famille végétale que l’ackee. Des cas d’encéphalopathie hypoglycémique ‘(mortelle à 30%) ont été observés chez des enfants en Inde, Bangladesh et Vietnam.

Il existe une méthode de laboratoire (chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométrie de masse) pour rechercher l’hypoglycine ou ses métabolites notamment dans les fruits mais aussi les conserves ou le contenu digestif d’une personne malade apres ingestion d’ackee.

LES FEUILLES et L’ECORCE DE BLIGHIA SAPIDA

Toutes les parties de cet arbre sont utilisées en Afrique de l’ouest par les praticiens traditionnels, y compris les graines toxiques.

Les feuilles sont les plus utilisées, elles contiennent de nombreux composés pharmacologiquement actifs :

  • des alcaloides : hypoglycine A et B, nicotine, cafféine, quinine et beaucoup d’autres en toute petite quantité,
  • des composés phénoliques : notamment des acides phénols et des tanins ,quercétine, épicatéchine, acide gallique, cafféique, ellagique ,chlorogénique…
    -des saponines typique de cette plantes : Blighoside

Cet ensemble de produits actifs est un peu toxique par la présence d’hypoglycine et de saponines, mais puissamment anti-inflammatoire et piègeur de radicaux libres par son contenu en composés phénoliques.

Les extraits aqueux de feuilles (qui contiennent un peu de quinine) possèdent une action antiplasmodiale (sur Plasmodium berghei) chez des les souris infectées par ce plasmodium cousin de l’agent du paludisme mais non actif chez l’humain.
L’extrait d’écorce est également anti-inflammatoire et asséchant des muqueuses par la présence des tanins.

UTILISATIONS

L’ACKEE ou AKI UN FRUIT NOURRISSANT ET DIETETIQUE

Le fruit doit être cueilli dans l’arbre quand il vient de s’ouvrir, pas quand il est encore vert et pas tombé sur le sol.
Il faut bien séparer l’arille comestible de la graine et des filaments qui les joignent.

On peut consommer l’arille :

  • fraiche sans préparation, la vitamine C est intacte, c’est un peu sucré et cela rappelle le gout de la noisette ou de l’arachide par son contenu important en corps gras.
  • cuit de multiples façons, souvent en soupe mais son gout s’affine quand on la frit, et elle accompagne des légumes, de la viande ou du poisson. Cuit à la poele elle ressemble à des oeufs brouillés.
    L’ackee cuit est un plat national en Jamaïque associé à de la morue, des fruits et des légumes locaux.
    Cueilli au bon moment et bien préparé il est digeste et sans dangers quand on le consomme en quantité « raisonnable ».

Les arilles d’ackee s’exportent en conserve ou congelées, mais il y a des controles réguliers sur leur contenu en hypoglycine A toxique.
il existe un petit marché d’exportation aux USA , Canada et UK, qui est soumis à une règlementation particulière

UTILISATIONS DES FEUILLES

citons quelques utilisations traditionnelles en Afrique de l’ouest

Les feuilles écrasées servent d’emplâtres pour soigner des ulcères cutanés chroniques ou récidivants.

L’unfusion de feuilles est préconisée pour soigner :

  • les épisodes fébriles : infections virales saisonnières, accès de paludisme, et même fièvre jaune,
  • les troubles digestifs diarrhéiques (dysenterie),
  • les hémorragies internes (digestives, urinaires, génitales),
  • le diabète chez l’adulte (diabète de type 2)
  • parfois l’hypertension artérielle et les migraines.

Parmi toutes ces indications on peut retenir comme possible l’utilisation de l’infusion de feuilles en cas d’infections virales et de diabète de type 2.
Chez les personnes Africaines ADULTES naturellement moins sensibles au paludisme, il est possible que l’infusion de feuilles de blighia sapida permettent d’atténuer un accès palustre mais ce n’est pas conseillé chez un enfant ou une femme enceinte.

Il existe d’autres utilisations traditionnelles des graines, de l’écorce, des bourgeons ou des jeunes rameaux mais elles me paraissent un peu dangereuses hormis peut-être l’utilisation de la séve qu’on récolte au bout d’un petit rameau comme collyre anti-inflammatoire en l’absence d’un médicament plus « moderne ».

AUTRES UTILISATIONS DE BLIGHIA SAPIDA

C’est un arbre résistant au feuillage persistant qu’on plante dans les villages ou les villes pour procurer de l’ombre.
Son bois est de bonne qualité utilisable en menuiserie et ébénisterie, il donne un très bon charbon de bois.

Il existe des plantations de Blighia sapida uniquement destinées à la production de bois.

Ses fleurs très parfumées servent à faire des lotion de toilettes.

Les fruits verts broyés servent de poison de pêche (présence de saponines)

L’enveloppe du fruit contient assez de saponines pour servir de savon végétale avec de l’eau.

Les graines contiennent de l’huile qu’on recueille par pression ou cuisson mais qui n’est pas consommable, elle peut servir à fabriquer du savon en la chauffant doucement mélangée à un composé basique (potasse ou soude).

CULTURE DE BLIGHIA SAPIDA

Blighia sapida est un arbre facile à cultiver mais qui pousse très lentement, il faut parfois 5 à 7 ans pour récolter les premiers fruits ( en général compter 2 ans pour un arbre greffé et 4 ans pour un arbre semé).

IL s’adapte à de nombreux types de sols (on le trouve dans les clairières de la grande forêt équatoriale mais aussi dans les savanes à saison sèche). Il supporte le froid temporaire des climats subtropicaux (sud de la Floride par exemple).

La propagation se fait principalement grâce aux graines qui germent facilement mais ne survivent pas longtemps. Il faut les semer peu de temps après la récolte ou alors les conserver au froid en présence d’humidité.

La vitesse de germination dépend de la température : 2 à 3 semaines dans les régions chaudes (tropicales), 2 à 3 mois en Floride (subtropicale).

On peut aussi faire des boutures qui s’enracinent assez facilement et greffer si l’on veut conserver une variété culturale.

Les arbres étant mâles ou mâles et femelles il faut planter plusieurs arbres pour être sur de récolter des fruits.

RESUME

BLIGHIA SAPIDA ACKEE ou AKI au fruit comestible mais potentiellement toxique.

BLIGHIA SAPIDA , originaire d’Afrique Occidentale possède des fruits dont l’arille est comestible, nourrissante et diététique.
Cependant cette arille est toxique si le fruit n’est pas arrivé à maturité, c’est à dire avant qu’il éclate naturellement et montre graines et arilles.
Les graines sont toxiques, les feuilles sont parfois utilisées pour se soigner de façon traditionnelle en Afrique.
Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel

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