LE BANCOULIER

Le bancoulier ou noyer des Moluques, Aleurites moluccanus, est une Euphorbiaceae originaire du Sud-Est Asiatique, il a été introduit dans la majorité des pays tropicaux-équatoriaux où il est parfois considéré comme une espèce invasive.
Les populations des iles du pacifique l’on transporté avec elles dans leurs grandes migrations et introduit dans la majorité des iles rencontrées.
C’est ainsi que cette plante asiatique est devenue l’arbre officiel de l’état d’Hawaï et que dans toute la majeure partie de l’aire linguistique Maori on l’appelle de la même façon (tutui, kukui) mais par contre c’est « ama » aux iles Marquises, »rama » aux Gambier ou « lama » aux Samoa.
Il est présent en Nouvelle calédonie, à la Réunion et dans toutes les Antilles.

Le bancoulier est un arbre au bois léger, à croissance rapide, qui peut atteindre 15 à 20 m mais parfois végéter en bosquet d’arbres plus rabougris, il est souvent aussi haut que large avec des branches retombant vers le sol.
Ses feuilles vertes, au long pétiole, sont veloutées avec des reflets blancs ou argentés. Elles sont de deux types, les feuilles les plus basales sont à 3 ou 5 lobes, les feuilles des parties supérieures s’approchent d’une forme de coeur.
Les fleurs blanches petites et nombreuses sont parfumées, le fruit est une drupe arrondie plus ou moins ovalaire de 4 à 6 cm de diamètre; d’abord verte elle brunit en murissant.
La noix de cette drupe est noire et dure, elle contient une à deux graines oléagineuses.

LA NOIX DE BANCOULE (ou BANCOUL) OLEAGINEUSE MAIS LEGEREMENT TOXIQUE

La noix de bancoule contient 50 à 60% de lipides.
Les corps gras sont sensibles à l’oxydation rancissement car ils contiennent un pourcentage important d’acides gras insaturés, une composition moyenne : acide oléique 25%, acide linoléique 40%, acide linolénique 25%.
La graine crue contient des saponines et des dérivés du phorbol.
Ce sont des substances irritantes pour la muqueuse digestive et légèrement toxiques ( voir cancérigène pour les dérivés du phorbol). La consommation de noix de bancoul crues induit une diarrhée.
La graine de noix de bancoule légèrement torréfiée est plus acceptable pour le système digestif mais ce n’est pas une amande réellement comestible.
Elle est utilisée en petite quantité dans la cuisine Indonésienne pour épaissir certaines sauces mais les saponines peuvent donner de l’amertume au plat.

HUILE DE NOIX DE BANCOULE SICCATIVE PURGATIVE COSMETIQUE

L’huile de noix de bancoule est siccative comme l’huile de lin, on l’utilise d’ailleurs pour les mêmes usages, protection et imprégnation du bois, peintures.
C’est une huile purgative mais cet usage est à déconseillé.
Pendant longtemps c’était une huile destinée à l’éclairage , parfois plus simplement on enfilait plusieurs amandes sur une tige végétale (nervure de feuilles de cocotier, éclat de bambou) les amandes se consumaient les unes après les autres si régulièrement qu’on pouvait les employer pour « mesurer » le temps pendant la nuit.
Les maoris (polynésiens) utilisaient le noir de fumée de cette huile recueilli sur une suface froide au-dessus de la flamme et le mélangeait à d’autre extraits végétaux et de l’eau pour faire une « encre » de tatouage.
L’huile de noix de bancoule est cosmétique, adoucissante, protectrice des téguments abimés, démêlant capillaire.
On peut l’essayer sur des lésions eczémateuses sèches ou des plaques de psoriasis.
Elle a tendance à rancir assez vite, il faut la conserver dans des récipients remplis au maximum si possible au frais et à l’ombre, on peut lui ajouter quelques gouttes de vitamine E comme antioxydant.

NOIX DE BANCOULE ET REGIME AMAIGRISSANT

Certains sites internet proposent la noix de bancoule fraiche comme un régime amaigrissant miracle. En fait cette noix dont on ne consomme qu’un petite fraction par jour est très irritante pour l’intestin , purgative, parfois elle induit une diarrhée.
Le danger principal est la confusion qui s’est faite plusieurs fois entre ces noix de bancoul et une autre amande beaucoup plus dangereuse, celle du laurier jaune, Thevetia neriifolia = Thevetia peruviana.
Plusieurs femmes ont été fortement intoxiquées et ce régime amaigrissant avec des noix de bancoul mélangées aux amandes du laurier jaune les a conduit à l’hopital en urgence (risque d’arrêt cardiaque).
La vente des noix de bancoule pour régime amaigrissant est donc maintenant interdite dans de nombreux pays.

LE BANCOULIER PLANTE MEDICINALE

Les plantes contiennent des composés capables d’agir sur la digestion des graisses.
Certaines plantes facilitent l’action des lipases digestives d’autres au contraire diminuent ou contrarient l’action de de ces enzymes sécrétées dans l’estomac et surtout dans l’intestin.
Ces lipases séparent les différentes parties des corps gras des aliments (exemple : glycérol et acides gras) permettant ainsi leur absorption par l’organisme.
Les plantes qui diminuent l’action des lipases digestives son intéressantes pour aider à perdre du poids et en cas de troubles de lipides sanguin (cholestérol et triglycérides trop élevés).
La feuille de bancoulier possède cette propriété anti-lipase.
On pourrait donc l’employer à dose faible (infusion) pour accompagner un régime amaigrissant ou en cas de diabète de type2 en tenant compte de la présence de tanins qui peuvent induire une constipation.
L’extrait hydro-alcoolique de feuille de bancoulier contient des composés qui agissent sur la douleur peut-être par un effet anti-inflammatoire.
L’écorce de bancoulier contient beaucoup de tanin, on l’utilisait traditionnelement pour le tannage des peaux, la protection des filets ou en usage médicinal pour soigner des ulcères chroniques, des plaies suintantes ou hémorragiques.
La sève obtenue en détachant un fruit vert peut être employée pour calmer une rage de dents infantile, soigner une infection buccale mycosique (muguet) et même une irritaion conjonctivale en l’absence de collyre.

LES VERS DE BANCOUL

Le bois de bancoulier est léger et peu résistant à la pourriture. De gros coléoptères pondent leurs oeufs dans les bancouliers morts, leurs larves de grande tailles, ayant l’apparence d’un gros vert blanc, sont traditionnellement consommées crues ou légèrement cuites, mais avant il faut les faire « dégorger », se nettoyer quelques jours auparavant en général dans de l’amande de coco râpée. C’est l’occasion d’une fête à Farino en Nouvelle-Calédonie.

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