AIL

Les liliaceae sont des monocotylédones, cosmopolites, comprenant plusieurs milliers d’espèces.

Vivaces le plus souvent par un rhizome ou par un bulbe, surtout dans les pays tempérés ( ex : tulipe, jacinthe, muguet, oignon, ail, scille ), elles ont parfois un port d’arbre ou de liane dans les pays chauds (ex : aloès, yucca, dragonnier ).

Le genre allium comprend plusieurs centaines d’espèces ( ex : poireau, oignon, ciboule ) originaires de l’hémisphère Nord.

L’ail est une petite plante vivace à feuilles linéaires et engainantes, probablement originaire de Sibérie mais cultivé dès l’antiquité au Moyen-Orient, en Egypte, en Grèce ainsi qu’en Chine.

Il s’adapte à tous les climats mais donne les plus belles récoltes dans les pays tempérés.

Le bulbe d’ail ou tête d’ail est formé de nombreux « caïeux » ( ou gousses ) réunis entre eux et entourés d’une membrane blanchâtre.

Ce bulbe s’est développé en général autour d’une gousse mère (ou père) qui s’est desséchée en fin de croissance.

L’ail se reproduit en effet très bien végétativement à partir d’une gousse bien qu’il possède aussi des fleurs, rouges ou blanches, disposées en ombelles et parfaitement fonctionnelles.

C’est une plante alimentaire très commune, un condiment commercialisé dans le monde entier mais qui possède aussi des propriétés pharmacologiques et thérapeutiques fort intéressantes.

AIL PLANTE MEDICINALE HYPERTENSION CHOLESTEROL ARTERIOSCLEROSE CANCER INTESTIN

COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

La gousse d’ail renferme:

  • des polysaccharides de réserve ( des fructanes ),
  • des acides aminés, des enzymes ( aliinase, peroxydase),
  • du sélénium ,
  • et surtout des composés soufrés responsables de la majorité des propriétés pharmacologiques.

Dans l’ail frais le constituant soufré principal est l’aliine ( sans odeur ) mais dès que l’ail est contusé ou écrasé, il y a libération d’un enzyme ( l’aliinase ) qui dégrade l’aliine.
Le produit final de cette tranformation est l’aliicine ( à forte odeur aillée ) qui est elle-même rapidement oxydée à l’air et devient du disulfure de diallyle (à l’odeur également marquée ) constituant principal de l »essence d’ail ».

L’aliicine peut aussi se condenser, on obtient alors des composés secondaires, les ajoènes, pharmacologiquement moins actifs.

La cuisson transforme rapidement, en quelques minutes, tous ces composés soufrés en produits de condensation cyclique ( vinyldithiine ) alors qu’il faut plusieurs heures à température ambiante.

Il est assez difficile de caractériser l’action pharmacologique de chaque composé soufré, on préfère en général parler des propriétés de l’ail sans spécifier les composés en cause ( sauf exception : aliicine, ajoènes ).

Par voie digestive l’aliine est rapidement absorbée (10 mn) et excrétée en 6 heures environ.

L’aliicine et les composés de condensation sont absorbés plus lentement (1/2 H à 2 H) et persistent plus longtemps dans les tissus (2 à 4 jours).

L’AIL POSSEDE DES PROPRIETES DEMONTREES:

  • anti-athéromateuse, anti-hypertensive et anti-lipidémiante,
  • fibrinolytique et anti-aggrégante plaquettaire,
  • immunostimulante,
  • antibiotique,
  • et protège semble-t-il de certains cancers digestifs.


ACTION SUR LES LIPIDES SANGUINS, L’ATHEROME, LA PRESSION ARTERIELLE

CHEZ L’ANIMAL, (études sur le rat, le poulet, le lapin ) la consommation d’ail fait chuter de façon significative le taux de cholestérol et des triglycérides.

CHEZ LES HUMAINS , même si les protocoles expérimentaux sont parfois critiqués, on observe en général une diminution de 9 à 12% du taux de cholestérol sanguin au bout d’un mois de traitement (600 à 900 mg de poudre d’ail standardisée à 1,3% d’aliine, par jour) et surtout au bout de 4 mois de prise régulière.

On observe une modification favorable du RAPPORT LDL/HDL (lipoprotéines qui transportent le cholestérol dans le sang) , avec augmentation des « bonnes » lipoprotéines (HDL) et diminution des autres.

Parallèlement les PLAQUES D’ATHEROME semblent se réduire en surface (10 à 20%) et en épaisseur (3%).

Néanmoins cette chute du CHOLESTEROL SANGUIN ne s’observe que dans les hypercholestérolémies modérées et pas dans les cas de maladies familiales ou congénitales.

L’effet sur la PRESSION ARTERIELLE est faible à modéré : 5 à 7% de diminution.

ACTION SUR LA COAGULATION DU SANG

Plusieurs actions se conjuguent pour améliorer la circulation sanguine, limiter la formation de caillots sanguins et le développement de la plaque athéromateuse.

L’agrégation plaquettaire induite est nettement diminuée (jusqu’à 30%) quand la cholestérolémie est normale ou faiblement augmentée (étude sur 10 mois).

L’effet plasmatique est rapide : on note 6 à 8 H après absorption de 900mg de poudre d’ail (standardisée à 1,3% d’aliine) une amélioration de la viscosité plasmatique et du débit capillaire.
il y a rapidement diminution de l’agrégation des plaquettes et augmentation de la fibrinolyse (jusqu’à 70%) pendant une 12 d’heures environ.

Tout cela est bien sur fort intéressant pour eviter des embolies ( embolie pulmonaire, infarctus du myocarde, AVC) quand on a des troubles dus à l’artériosclérose.

ACTION IMMUNOSTIMULANTE

Les composés soufrés de l’ail renforcent la défense immunitaire de l’organisme : infections, cancer.

In vitro, les composés soufrés de faible poids moléculaire (aliine et aliicine) augmentent l’activité phagocytaire et la cytotoxicité des « cellules tueuses », lymphocytes NK et K.

On observe une action synergique avec l’interleukine 2 (IL2).

ACTION ANTIBIOTIQUE

L’aliicine, molécule très active, possède :

un pouvoir antimicrobien sur les entérobactéries, certains streptococoques et staphylocoques mais apparemment pas ou peu sur Helicobacter pylori (responsable de nombreux ulcères gastriques),
un pouvoir antiviral,
un pouvoir antifongique assez marqué sur Candida albicans, Cryptococcus et Histoplasma. Les ajoènes sont également antifongiques.

PROTECTION CONTRE LA DEGENERESCENCE CANCEREUSE

Beaucoup d’études (surtout Nord américaines) suggèrent qu’une alimentation riche en ail est associée à un risque moindre de survenue de cancer digestif (gastrique ou colique).

L’effet observé serait plutôt préventif que curatif.

Par ailleurs, l’ail est riche en sélénium, certains cultivateurs augmentent encore cette qualité en enrichissant le sol artificiellement en sélénium; on connaît le pouvoir antioxydant de ce métalloïde.
Certains travaux laissent à penser que le sélénium à faible dose aide également à prévenir la dégénérescence cancéreuse (peut-être d’ailleurs grâce à cette capacité antioxydante).

UTILISATIONS

Nous ne ferons qu’évoquer dans cette page les usages anciens.

Les égyptiens le préconisaient comme panacée, usage repris par Galien qui l’appelait la « thériaque des paysans ». Tous les médecins de l’antiquité le citaient, en Grèce ancienne c’était un symbole de force physique.

Pour les médecins chinois, c’est une plante « chaude », « amère », active sur les méridiens gros intestin, rate et estomac; on le contre-indique au malade dont le « yin » est déficient.

L’ail est connu et préconisé dans les médecines traditionnelles arabes, ayurvédiques et recommandé par toutes les pharmacopées européennes et américaines.

Pas mal pour un condiment si banal, bon marché et facile à trouver.

Les indications découlent des propriétés pharmacologiques citées plus haut :

  • prévention et « traitement » de l’artériosclérose, de l’hypercholestérolémie modérée et de l’hypertension qui lui est généralement associée;
  • prévention des troubles cardio-vasculaires liés à cette situation de sclérose vasculaire,
  • amélioration de la circulation sanguine et prévention des thromboses artéritiques graves (membres inférieurs, coronaires) et des troubles circulatoires mineurs,
  • « désinfection » intestinale en cas d’infection mineure : entérite modérée, troubles digestifs liés aux fermentations intestinales. L’ail réduit la prolifération des germes plus qu’il ne les détruit, en cas d’infection aiguë il ne remplace pas les antibiotiques majeurs,
  • mycoses cutanées, ou infections bactériennes cutanées ( l’ail fut employé avec succès pendant la deuxième guerre mondiale par l’armée soviétique),
  • son action sur les vers intestinaux (oxyures et ascaris) est controversée bien que classique; peut-être un effet répulsif plus que toxique? Les enfants qui supportent la consommation d’ail cru n’ont généralement pas de parasitose intestinale,
  • prévention des cancers digestifs : estomac et colon,
  • certains phytothérapeutes le préconisent également dans les infections des voies respiratoires supérieures (en association avec d’autres phytomédicaments ou huiles essentielles), les composés soufrés de l’ail s’éliminent en effet aussi par la respiration,
  • traitement par l’ail associé aux médicaments modernes pour soigner la polyarthrite rhumatoïde.

USAGE EXTERNE

Nous avons vu que le suc d’ail ou l’ail écrasé étaient désinfectants et légèrement antibiotiques mais il y a d’autres usages locaux.
L’ail peut aider à supprimer les cors : application pendant deux semaines d’ail écrasé sur le cor en protégeant la peau saine alentours par du sparadrap.
L’huile d’ail calme les douleurs et les inflammations auriculaires et est utile pour soigner les mycoses cutanées notamment celles des pieds et des orteils.

USAGE INTERNE

On peut bien sur utiliser l’ail frais alimentaire mais aussi la poudre d’ail standardisée, le distillat ou essence d’ail, la teinture au 1/5, la macération huileuse ou huile d’ail.

Selon la préparation la composition chimique est différente.
L’ail frais et la poudre d’ail contiennent de l’aliine et de l’aliicine.
L’huile d’ail des ajoènes et des vinyldithiines, l’essence d’ail du disulfure de diallyle.

Une posologie moyenne serait l’équivalent de 6 à 10 mg d’aliine par jour soit :

1 gousse d’ail frais ou 500 mg à 1 g de poudre d’ail par jour.

Pour un effet plus marqué on peut augmenter la dose en la répartissant dans la journée soit :

1 à 2 gousses d’ail 3 fois par jour ou 500mg (1 gélule) 3 à 5 fois par jour.

Il est recommandé de faire un traitement prolongé voire illimité à dose faible ou moyenne, ou à forte dose 1 à 2 mois renouvelé dans l’année.

Certains phytothérapeutes préconisent la teinture alcoolique d’ail au 1/5, 20 à 30 gouttes par jour, mais l’odeur en est particulièrement désagréable.

PRECAUTIONS

L’ail cru n’est pas toujours bien toléré, attention aux estomacs fragiles.

Les gélules gastro-résistantes de poudre d’ail ne donnent en général pas de troubles digestifs.

On déconseille la prise d’ail aux insomniaques, aux opérés récents et aux transplantés à cause des effets sur la coagulation sanguine et l’immunostimulation.

CULTURE DE L’AIL

La culture de l’ail est très facile dans les régions à climat tempéré, méditerranéen ou sub-tropicaux, il y a de nombreuses variétés culturales (voire de sous-espèces).

A ma connaissance, il n’y a pas de variétés adaptées aux climats chauds et humides tropico-équatoriaux.

Le plus simple est de mettre en terre à l’automne ou au début du printemps les gousses d’ail (prises dans la périphérie d’une tête d’ail) , en les enfonçant légèrement dans le sol un peu travaillé, espacement entre les gousses : 20 à 30 cm.

C’est une culture de plein champ mais possible aussi en pot ou petit containeur.

RESUME

UN CONDIMENT AUX APPLICATIONS THERAPEUTIQUES TRES MODERNES
L’ail connu depuis l’antiquité, considéré il y a longtemps comme une panacée, est encore très utile pour combattre des maux biens modernes : l’artériosclérose et ses complications, pour diminuer le taux de cholestérol sanguin, favoriser la circulation sanguine et donc prévenir les accidents vasculaires.
Des études récentes laissent à penser que la consommation régulière d’ail frais ou de poudre d’ail
permettent de prévenir certains cancers digestifs.

Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel

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