L’ASTHME ET SON TRAITEMENT
PAR LES MEDICAMENTS DE SYNTHESE,
LES PLANTES MEDICINALES ET LES HUILES ESSENTIELLES
INTRODUCTION ET GENERALITES
L’asthme est un trouble « inflammatoire » des voies respiratoires (1) caractérisé par une inflammation des bronches avec augmentation de la production de mucus et hypersensibilité des voies respiratoires. Dans beaucoup de cas l’asthme est d’origine allergique. La réaction allergique au niveau respiratoire se confond et s’ajoute à la réaction « inflammatoire » (2).
Le résultat : respiration sifflante, toux et difficulté à respirer.
L’asthme est une maladie « chronique », très évolutive dans le temps, qui touche aussi bien le nourrisson que l’adulte.
La « crise d’asthme » est caractéristique de la maladie asthmatique, c’est un événement brutal qui associe un bronchospasme (rétrécissement des voies respiratoires bronchiques)d’apparition rapide avec une congestion de la muqueuse bronchique et une hypersécrétion bronchique. L’air passe avec difficulté, le malade étouffe, la respiration est sifflante, difficile.
L’asthme est une maladie aux causes multiples : génétiques, allergiques, environnementales, infectieuses, psychologiques, nutritionnelles.
L’asthme est une maladie en expansion rapide dans les « pays développés » ; l’augmentation annuelle est estimée à environ 5% par an chez les jeunes de moins de 18 ans soit environ un doublement du nombre d’asthmatique en 15-20 ans. Quelques chiffres : en 1998 17 millions d’asthmatiques aux USA (mortalité annuelle aux alentours de 5000) et en 2019 l’asthme affecte environ 262 million de personnes ( 461 000 morts par an ).
Pourquoi cette augmentation rapide dans les 30 dernières années : l’augmentation de la pollution chimique de l’air qu’on respire dans les villes (particules dues au diesel, ozone, oxyde nitreux, dioxyde de soufre)mais sans doute pas que cela, les spécialistes ajoutent la modification très importante de notre façon de vivre :
- le fait d’habiter dans des lieux confinés et très isolés (les appartements) où les matériaux sont en grande partie synthétiques et libèrent des substances chimiques irritantes (formol, diluants de peinture ou de colle, insecticides)
- l’alimentation moderne est pleine de colorants, d’aromatisants synthétiques allergisants, de résidus de pesticides, elle est pauvre en antioxydants naturels et en magnésium
- certains spécialistes mettent en cause l’augmentation du nombre et de la fréquence des vaccinations.
LES PRINCIPALES CAUSES DE L’ASTHME
ALLERGIE ET ASTHME
L’ « atopie » ou terrain atopique est la capacité exagérée de certaines personnes à développer des allergies, l’atopie est en grande partie « héritée » (génétique).
Quand l’un des parents, et encore plus les deux, présentent des troubles d’origine allergique (respiratoires (asthme, rhinite allergique), cutanés ou digestifs), les enfants ont un risque très nettement supérieur à la moyenne d’avoir ce terrain atopique, et donc de développer des « maladies allergiques » dont l’asthme.
La rhinite allergique (rhume des foins) s’accompagne d’asthme dans les 3/4 des cas.
QUELS SONT LES ALLERGENES LES PLUS SOUVENT RESPONSABLES
DANS L’APPARITION DE L’ASTHME ?
Les excréments d’acariens : petits insectes commensaux (Dermatophagoides sp.), qui vivent dans la poussière des maisons, la literie (oreillers), les tapis et les moquettes. Leurs excréments sont particulièrement antigéniques et provoquent une réaction allergique très rapide chez les personnes sensibles quand ils sont inhalés.
Les cancrelats et leurs excréments sont également très antigéniques, mais ces insectes sont plus facilement visibles donc éliminés
Les allergènes d’animaux domestiques (surtout chats et chiens)
Les champignons (inclus les levures) surtout par voie aérienne (Cladosporium, Alternaria, Penicillium, Aspergillus), et par voie interne les antibiotiques d’origine fongique (pénicilline, céphalosporine)
Les pollens de nombreuses plantes
Les aliments : les allergènes alimentaires sont moins souvent en cause dans l’asthme de l’adulte que celui de l’enfant.
AUTRES CAUSES PROVOQUANT OU AGGRAVANT L’ASTHME
Le rôle des infections respiratoires dans la survenue de l’asthme est très important.
Il semblerait que les infections dues à de nombreux virus respiratoires ou des chlamydia perturbent le métabolisme des cellules de la muqueuse respiratoire et déclenchent ainsi des réactions ( de type immunitaire) propices au déclenchement de la crise d’asthme.
Les infections des voies respiratoires chez l’enfant (rhinites et bronchites) déclenchent et aggravent l’asthme bronchique.
La pollution de l’air : tabagisme actif et passif, particules et gaz présents dans la fumée des moteurs à combustion interne(diesel, essence), la fumée de bois, les fumées industrielles, l’ozone, les oxydes d’azote, les gaz irritants (chlore, acides volatils, diluants de peinture, gaz libérés par les « matières plastiques »)
Certains médicaments : aspirine et anti-inflammatoires
Une anomalie du fonctionnement gastrique : beaucoup d’asthmatiques se plaignent de reflux gastrique, de ballonnement de l’estomac mais il n’est pas facile de déterminer si c’est l’asthme qui provoque ces troubles ou l’inverse
Un déficit en zinc, magnésium, sélénium, vitamines B12, B6, C.
L’asthme peut se déclencher, se majorer ou au contraire disparaître à la suite de changement de l’équilibre hormonal : puberté, menstruation, grossesse, ménopause
L’asthme d’effort : à l’occasion d’un exercice physique prolongé surtout quand l’air est froid et sec. La crise se déclenche à cause de l’hypersensibilité des bronches, même un accès de « fou-rire » peut déclencher un spasme bronchique.
L’asthme est aussi une maladie professionnelle.
L’asthme maladie « psychosomatique ». Cette façon de décrire l’asthme n’est plus à la mode bien que tous les spécialistes de l’asthme et les asthmatiques connaissent l’importance du facteur psychique dans le déclenchement et la majoration de la crise d’asthme.
PRINCIPE DU TRAITEMENT
L’asthme est plus ou moins grave. Beaucoup d’asthmatiques vivent tout à fait normalement, font du sport, même de haut niveau.
En-effet, la crise d’asthme typique nocturne (au moment où le taux de corticoïdes sanguins est au plus bas) est le plus souvent réversible, spontanément ou à l’aide de médicaments spécifiques.
Tous les niveaux d’asthme existent jusqu’à l’asthme à dyspnée continue très handicapant, souvent un asthme ancien mal soigné.
Mais attention l’asthme est dangereux car il y a toujours le risque d’une crise d’asthme aiguë, quel que soit le type d’asthme qu’on a, laquelle peut nécessiter une hospitalisation en urgence.
Il y a des équivalents d’asthme : toux sèches nocturnes, avec plus ou moins de sécrétion bronchique assez difficile à expectorer.
L’asthme, maladie aux causes multiples, demande un traitement au long cours très personnalisé, bien que le traitement de la crise d’asthme soit assez stéréotypé.
EXCLUSIONS DES FACTEURS FAVORISANT OU AGGRAVANT L’ASTHME
- éliminations des gîtes à acariens, destructions de ces insectes par des acaricides
- éloignement des animaux domestique en cas d’allergie
- désensibilisation spécifique quand l’allergie est bien précisée et que l’asthme se prête à ce traitement par immunothérapie
- changement de lieu de résidence ou de métier si besoin
LA CRISE D’ASTHME
Elle est en général contrôlée par l’inhalation de béta-2 agonistes inhalés d’action courte mais rapide (salbutamol, Ventoline), à prendre à la demande le plus tôt possible.
LE TRAITEMENT DE FOND DE L’ASTHME (RESUME)
Selon la gravité de l’asthme et la réaction de la maladie au traitement on utilisera :
- des corticoïdes inhalés à dose plus ou moins forte
- des dérivés de la théophylline
- des Bêta 2 sympathomimétiques à action prolongée
- des corticoïdes par voie buccale
- une nouvelle classe de médicaments : les antileucotriènes (3), ils bloquent une partie de la réaction inflammatoire provocant l’asthme mais n’ont pas d’effet bronchodilatateur. Ils préviennent la survenue de l’asthme induit par l’effort.
L’asthme est une maladie « au long cours » qui doit être évaluée et contrôlée tous les 3 à 6 mois pour adapter le traitement de fond à l’évolution de la maladie. L’asthme peut complètement disparaître (environ 1/3 des enfants asthmatiques retrouvent une respiration normale à la puberté et dans les années qui la suivent), mais « l’ancien asthmatique » doit rester prudent : pas de tabac, éviter si possible les allergènes et les causes d’irritation bronchique.
UTILISATIONS DES PLANTES MEDICINALES ET DES HUILES ESSENTIELLES
DANS LE TRAITEMENT DE L’ASTHME
La crise d’asthme n’est pas du ressort de la phytothérapie.
Les béta-2 agonistes( salbutamol) ou les nouveaux antileucotriènes, n’ont pas d’équivalents en phytothérapie.
Rappelons qu’il y a quelques dizaines d’années on utilisait de la poudre de datura, ou des cigarettes en contenant pour soigner la crise d’asthme.
Par contre les plantes médicinales et les huiles essentielles sont d’une grande utilité pour contrôler l’évolution de la maladie asthmatique (traitement de fond) :
- huiles essentielles à tropisme pulmonaire antibactériennes, antivirales et anti-inflammatoires pour limiter l’infection des muqueuses des voies respiratoires, diminuer l’inflammation et favoriser l’expectoration : huiles essentielles de thym et de sarriette, d’eucalyptus et de niaouli, de pin
- plantes anti-allergiques et anti-inflammatoires : cassis, Tylophora asthmatica, Boswellia serrata, Petasites hybridus, gingembre, mangoustan, Rubus suavissimus
- plantes antispasmodiques : thym, aubépine, lavande, mélisse, gingembre
- plantes apaisantes et favorisant le sommeil : aubépine, lavande, eschscholtzia, mélisse, hypericum, tilleul
HUILES ESSENTIELLES ET ASTHME
Comme nous l’avons vu, les infections respiratoires sont très souvent responsables du déclenchement de crises d’asthme quand le terrain est propice. La restriction de l’air et l’encombrement des voies aériennes vont retarder la guérison.
Il est donc fondamental de prévenir ces infections (virales et bactériennes) et d’aider l’organisme à lutter contre elles.
Pour ce faire les huiles essentielles sont très précieuses.
Ce sont des antiseptiques naturels
- qui s’absorbent par voie respiratoire ou digestive,
- qui augmentent l’activité des cils des cellules de la muqueuse des bronches, facilitant ainsi l’évacuation du mucus bronchique,
qui possèdent un pouvoir anti-inflammatoire - qui procurent une sensation de « bien-être » respiratoire
- qui sont sans toxicité aux doses prescrites : pour un enfant jusqu’à 6 gouttes par jour, pour un adulte jusqu’à 12 gouttes par jour par voie buccale.
Huiles essentielles d’Eucalyptus globulus,
d’Eucalyptus radiata (préférée pour les enfants),
de Melaleuca viridiflora ou Niaouli
Par voie buccale : 2 à 3 gouttes, 3 à 4 fois par jour, agréable au goût et peu toxique
Par voie externe : attention dans de rares cas l’asthme peut être majoré par « l’odeur » des huiles essentielles.
Inhalation (quelques gouttes d’huile essentielle dans un bol d’eau très chaude) 2 à 3 fois par jour. ·
Application sur le thorax de quelques gouttes d’huile essentielle mélangée dans un corps gras (huile de massage, baume)
Huile essentielle de Pinus sylvestris ou pin sylvestre (aiguille et bourgeons)
Attention à l’étiquetage car de nombreux extraits étiquetés « essence de pin » sont des sous-produits industriels (scieries, pâte à papier) qui n’ont rien à voi, sinon un peu l’odeur, avec l’huile essentielle de feuilles (aiguilles) ou de bourgeons de pin.
Par voie buccale : 2 gouttes 3 à 4 fois par jour Par voie externe en inhalation plusieurs fois par jour.
Huiles essentielles de thym et de sarriette
Thymus vulgaris, ou thym à thymol ou carvacrol et Satureja (ou Satureia) montana, la sarriette des montagnes.
Ces deux huiles essentielles contiennent de puissants antibactériens qui facilitent aussi l’expectoration, mais qui peuvent provoquer chez certaines personnes des brûlures digestives.
Par voie buccale : 2 à 3 gouttes 3 fois par jour
Par voie externe : en inhalation mais pas en application cutanée car c’est une huile essentielle irritante pour la peau. Là aussi se méfier du risque de bronchospasme chez l’enfant.
PLANTES ANTI-ALLERGIQUES ET ANTI-INFLAMMATOIRES
Ribes nigrum
En France, et avec l’expérience des phytothérapeutes de l’école de Biothérapie depuis les années 60, on préconise le cassis, Ribes nigrum, en gemmothérapie.
Ces extraits de bourgeons de cassis sont anti-inflammatoires, possèdent un effet thérapeutique qui rappelle celui des corticoïdes, mais sans en avoir les effets secondaires.
On peut les utiliser au long cours par cure de plusieurs semaines aussi bien chez l’enfant que l’adulte. Ribes nigrum bourgeons macération glycérinée 1 D : 50 à 100 gouttes par jour reparties en 2 à 3 fois
Zingiber officinale
Le gingembre, très employé en phytothérapie aux Indes, l’est beaucoup moins en France.
Il possède entre autres un pouvoir anti-inflammatoire.
Des essais cliniques ont montré qu’un extrait hydroalcoolique standardisé pouvait améliorer les performances respiratoires des personnes présentant un asthme modéré.
Teinture alcoolique de gingembre : équivalant à 1 g de rhizome en 4 prises.
Thé de gingembre : 1 à 2 cuillerées à café de gingembre râpé dans 1/2 litre d’eau très chaude, laisser infuser une dizaine de minutes, le récipient couvert : une tasse 3 à 4 fois par jour.
On peut aussi utiliser le jus de gingembre directement dans la boisson ou sous forme de sirop.
Tout le monde ne supporte pas le gingembre qui peut provoquer une irritation gastrique.
Rubus suavissimus
La ronce sucrée de Chine possède des propriétés pharmacologiques intéressantes. Elle est anti-inflammatoire par son contenu en tanins médicinaux, et l’expérience a prouvé qu’elle était antiallergique, donc utile pour soigner l’asthme quand la composante allergique est importante.
Rubus suavissimus est une plante buissonnante que l’on trouve entre autres dans les provinces Chinoises du Guang Xi, du Guizhou et le Nord du Guang Dong.
Le goût sucré des feuilles est du principalement à la présence d’un hétéroside, le ruboside ou rubusoside. Le ruboside ou rubusoside est 200 à 300 fois plus sucrant que le saccharose (sucre ordinaire), mais apporte très peu de calories, à la manière du stévioside extrait de l’herbe sucrée du Paraguay (Stevia rebaudiana).
L’extrait aqueux de Rubus suavissimus n’est pas que sucrant, il aussi anti-allergique (utilisé comme tel au Japon), l’expérience montre que c’est un antihistaminique mais qu’il n’a pas d’effet sur la synthèse des prostaglandines E2.
Les Chinois utilisent surtout les feuilles de Rubus suavissimus pour faire un thé sucré, chacun trouve la bonne proportion de feuilles et d’eau chaude. Si l’on augmente la quantité de feuilles, ou si l’on boit beaucoup de ce thé, le contenu en tanin peut induire de la constipation.
Tylophora asthmatica
Tylophora asthmatica (ou indica) (Asclepiadaceae) est une plante grimpante originaire du sud-est de l’Inde.
C’est une plante toxique qui contient des alcaloïdes dont la tylophorine.
Elle fait partie de la pharmacopée indienne depuis longtemps et en utilisée par les médecins ayurvédiques.
C’est un émétique qui possède des propriétés anti-inflammatoires et anti-allergiques. On l’utilise traditionnellement aux Indes pour soigner l’asthme, certaines manifestations allergiques ainsi que des troubles digestifs et articulaires.
Une étude récente a montré qu’un extrait alcoolique de Tylophora asthmatica augmentait l’activité cortico-surrénale (l’excrétion de corticoïdes naturels dans le sang), ce qui expliquerait son pouvoir anti-inflammatoire.
Cette plante n’est pas commercialisée en Europe à cause de sa toxicité potentielle et de l’absence d’études pharmacologiques. Au moins une licence mondiale d’utilisation a été déposée en 2005 ((WO/2006/003676) a novel method to inhibit inflammation and tumor growth by tylophora alkaloids). Les auteurs suggèrent, dans le cas de l’asthme, un dosage de 160 à 600 microgrammes d’alcaloïdes (dans un rapport de 2 quantités de tylophorine pour 1 quantité de tylophorinine, pour 2 quantités de la tylophorinidine).
Le dosage typique de feuilles sèches pour soigner l’asthme aux Indes : 200 à 400 mg en deux prises (soit environ 1/2 à 1 feuille par jour).
Petasides Hybridus
Cette asteraceae, vivace par son volumineux rhizome, est originaire d’Europe et d’Asie (maintenant présente en Amérique du Nord), elle préfère les zones humides, bords de rivière, terrains un peu marécageux. Elle possède de très longues feuilles (jusqu’à 1 m) qui rappellent un peu celles de la rhubarbe et une inflorescence rougeâtre qui apparaît avant les feuilles à la fin de l’hiver.
Elle ne fait pas partie de la pharmacopée française bien qu’elle ait été employée depuis l’antiquité comme plante médicinale. La plante entière (rhizome et feuilles) contient des sesquiterpènes (pétasine et isopétasine) qui sont antispasmodiques et anti-inflammatoires notamment en bloquant la synthèse des leucotriènes.
Malheureusement la plante contient aussi des alcaloïdes toxiques (pour le parenchyme hépatique) et peut-être carcinogènes.
Au moins un brevet a été déposé pour l’élaboration d’un extrait de Petasides hybridus contenant les sesquiterpènes mais débarrassé des alcaloïdes (extrait de rhizome). Cet extrait a déjà été testé avec succès pour le traitement de la migraine.
Une étude clinique a montré que ces extraits de Petasides amélioraient la capacité respiratoire des asthmatiques et réduisaient le nombre de crises de façon notable sans effets secondaires. Un médicament allemand, disponible aussi au USA (Petadolex) et en Suisse (Dolomed), est standardisé en pétasine et isopétasine. La posologie proposée est, chez l’adulte, de 50 à 100 mg d’extrait, deux fois par jour. Ce médicament est récent ; ses contre-indications et interactions avec d’autres médicaments ne sont pas encore bien déterminées.
Plantago major
La teinture-mère est appréciée par la majorité des phytothérapeutes pour son pouvoir (faible mais sans toxicité) anti-inflammatoire et anti-allergique : 30 à 60 gouttes par jour
Résine de Boswellia sp.
Plusieurs espèces d’arbres du genre Boswellia, originaires du nord-est de l’Afrique et de l’Arabie, produisent une résine parfumée, l’encens ou oliban, qui possède des propriétés médicinales : antiseptique, antalgique, anti-inflammatoire.
Une étude clinique de 1998 a montré l’intérêt de l’encens pour soigner l’asthme.
300 mg d’extrait de résine, 3 fois par jour, pendant 6 semaines, ont nettement amélioré l’état des asthmatiques de l’étude. L’encens agirait comme un antileucotriène.
Garcinia mangostana
Le mangoustanier (Clusiaceae) est originaire de la région indo-malaise, c’est un arbre tropical de taille moyenne (une dizaine de mètres) au feuillage toujours vert. On le cultive pour ses fruits, rouge-violacés de 4 à 7 cm de diamètre, qui contiennent une pulpe agréablement sucrée et parfumée. L’écorce du fruit d’une espèce voisine Garcinia cambogia contient une quantité importante d’acide hydroxycitrique. Le sel de calcium (hydroxycitrate de calcium) est proposé comme complément alimentaire dans les régimes amaigrissants.
L’écorce de mangoustan est utilisée dans les médecines traditionnelles du sud-est asiatique comme anti-inflammatoire, antidiarrhéique et antiseptique. Une étude japonaise de 2002 a montré qu’un extrait hydro-alcoolique (à 40°) inhibait in vitro la synthèse de la prostaglandine E et la libération d’histamine.
L’écorce de mangoustan sera peut-être prochainement considérée comme une plante anti-allergique et anti-inflammatoire utile pour soigner l’asthme.
Euphorbia hirta = euphorbia pilulifera
Euphorbia hirta ou pilulifera est probablement originaire de l’Australie (ou du sous-continent Indien).
Cette petite plante discrète peu exigeante sur la qualité du sol, résistante au soleil et à la sécheresse, est maintenant présente dans toutes les régions tropicales ou équatoriales.
Elle possède de nombreux noms locaux citons en quelques-uns : la mal-nommée ou ti-lait aux Antilles, ou l’herbe à jean robert dans les iles de l’océan indien, asthma herb dans beaucoup de pays anglophones, yerba de la golondrina dans les pays hispanophones mais tripa de pollo a Porto rico, et de très nombreuses appellations en Afrique selon les pays et les ethnies, quelques exemples : adododo ou akololo en Côte d’Ivoire, dabadablé ou homgoelem au Sénégal et au Mali, laganzu ou ikondo wola au Congo, akponyon ou nyahounayira au Bénin, aidinono à Madagascar, mwache en Swahili…En Inde, dudhi en Indi et chara en sanskrit, tawatawa aux Philippines.
Euphorbia hirta possède des propriétés bronchodilatatrices, apaisantes, et atténuant la toux (analogue à la codéine).
Cette plante ne peut-être comparée aux produits antiasthmatiques modernes beaucoup plus puissants et qui peuvent atténuer une crise d’asthme en quelques minutes.
Par contre on peut l’utiliser en traitement de fond pour éviter l’apparition des crises d’asthme, ou en cas de bronchite chronique avec emphysème (BPCO), pour essayer de prévenir des exacerbations de la maladie.
Exemples de posologie :
- 30g de plante sèche par litre d’eau , décoction de 10 à 15 minutes, utiliser cette tisane comme boisson dans la journée ( 1 à 2 litres par jour),
- une poignée de plante fraiche dans 1,5 litres d’eau, décoction de 10 à 15 minutes, à consommer dans la journée,
En médecine occidentale on associait souvent d’autres plantes médicinales à euphorbia hirta pour calmer l’asthme et les bronchites asthmatiformes : lobélie, grindelia
PLANTES ANTISPASMODIQUES ET APAISANTES
Thym, gingembre, aubépine, mélisse, lavande, eschscholtzia, hypericum, tilleul.
L’asthmatique est souvent une personne un peu angoissée, anxieuse, ayant du mal à s’endormir. L’expérience prouve qu’un hypnotique léger fait souvent diminuer la fréquence des crises d’asthme du milieu de la nuit.
CONDUITE DU TRAITEMENT
Comme nous l’avons dit un peu plus haut, le traitement de l’asthme bronchique n’est pas standardisable. Chaque asthmatique est particulier et le traitement de son asthme doit lui être adapté.
Quelques conseils :
Limiter les infections des voies respiratoires surtout chez l’enfant, et pour cela les huiles essentielles sont très utiles.
Soigner très tôt l’asthme de l’enfant pour éviter que l’altération des bronches ne se pérennise.
Permettre à l’enfant asthmatique d’avoir des activités sportives, surtout celles qui lui donnent confiance en ses capacités respiratoires (natation, plongée en apnée )
Couper la crise d’asthme le plus tôt possible par l’inhalation de béta-2 agonistes (ex :salbutamol, ventoline).
Utiliser au maximum les extraits de plantes anti-inflammatoires pour diminuer ou même supprimer l’usage des corticoïdes inhalés
note 1
A la base, l’asthme semble bien être due à une régulation anormale et à une mauvaise réponse de certaines classes de cellules immunitaires : les lymphocytes T (plus spécifiquement les Th2 (T helper 2)).
Ces cellules responsables de la défense de l’organisme sont capables de produire des médiateurs chimiques ou cytokines (interleukines) qui organisent la réponse immunitaire. Ces médiateurs chimiques (cytokines) stimulent, font se différencier, se grouper d’autres cellules aux capacités plus spécifiques (mastocytes, éosinophiles, basophiles, autres lymphocytes…), responsables des réactions allergiques, immunitaires, inflammatoires.
Dans l’asthme ces réactions « naturelles » en cascade sont très exagérées, amplifiées au niveau des bronches.
note 2
La réaction allergique exagérée, qui sera à l’origine de beaucoup de cas d’asthme bronchique, commence par l’activation des mastocytes par la présence d’un complexe antigène – immunoglobuline ; les mastocytes libèrent rapidement de l’histamine et des leucotriènes qui vont provoquer une constriction des bronches, une sécrétion anormale de mucus, et de plus attirer d’autres cellules (lymphocytes) qui vont faire perdurer cette réaction « anormale ».
note 3
Les leucotriènes sont des médiateurs chimiques naturels sécrétés surtout par les cellules responsables de la défense de l’organisme : les cellules des revêtements muqueux, les monocytes, éosinophiles, basophiles, mastocytes, les lymphocytes et même les plaquettes sanguines.
La libération des leucotriènes au niveau bronchique provoque :
- une puissante constriction des bronches,
- une réaction inflammatoire locale avec augmentation de la perméabilité des vaisseaux sanguins (provoquant un début d’œdème) et favorisant le recrutement des éosinophiles vers les voies aériennes,
- une augmentation de la sécrétion du mucus bronchique,
- une augmentation de la puissance des muscles lisses des bronches
L’action des leucotriènes, destinée à l’origine à protéger les poumons contre une agression extérieure, aggrave considérablement la crise d’asthme.
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