Les prêles (EQUISETACEAE) sont les ultimes descendantes d’un groupe de végétaux qui proliféraient il y a plusieurs centaines de millions d’années (à l’ére primaire).
Elles sont présentes surtout dans les régions tempérées et froides de l’hémisphère Nord mais quelques espèces géantes existent aussi dans certaines régions tempérées ou chaudes d’Amérique du sud et d’Amérique centrale (Equisetum giganteum, Equisetum myriochaetum).
Ce sont des plantes vivaces par leur parties souterraines et qui affectionnent les zones humides ou marécageuses.
Quand il n’y a pas d’évidence d’eau en surface leur présence signale la proximité d’une nappe d’eau proche de la surface du sol ou d’un courant d’eau souterrain.
Certaines prêles introduites en Australie et Afrique du Sud sont considérées comme invasives car les prêles sont en général très résistantes à l’arrachage mécanique ou aux herbicides ; elles survivent en-effet à partir de parties souterraines vivaces parfois situées à plusieurs mètres de profondeur .
Les prêles possèdent des caractéristiques botaniques archaïques : pas de fleurs, pas de feuilles, pas de graines, reproduction par spores (comme les mousses, les algues ou les fougères).
La principale espèce médicinale en Europe est la PRELE DES CHAMPS ,EQUISETUM ARVENSE.
La prêle des champs est une espèce de taille moyenne atteignant 30 à 40 cm de haut qui présente deux types de rameaux :
- à la fin de l’hiver ou au printemps des rameaux fertiles non chlorophylliens de petite taille qui assurent la dispersion de la plante par des spores et qui disparaissent assez vite,
- en été les rameaux chlorophylliens plus développés et persistants caractéristiques de cette plante : ce sont des tiges creuses, à angles (cannelées) et à noeuds desquels partent un verticille de rameaux de feuilles filiformes qui lui donnent l’apparence d’une queue de cheval (d’ou les différentes appellations communes : queue de cheval ou de renard, horsetail en anglais, cola de caballo en espagnol).
Toutes les prêles ne possèdent pas un cycle végétatif semblable à celui de la prêle des champs, certaines sont vivaces et pérennantes quand l’hiver n’est pas froid, leurs sporanges se developpent alors aux extrémités de certaines tiges, d’autres n’ont pas de feuilles filiformes bien développées mais seulement des tiges vertes souvent non ramifiées.
Les botanistes modifient parfois la classification de ces plantes, le nombre d’espèces et l’existence de sous-genres.
Toutes les médecines traditionnelles (Européennes, Asiatiques ou Américaines) utilisent les prêles, néanmoins, actuellement, elles sont peu étudiées et ne font l’objet que de recherches pharmacologiques dispersées.
Les parties aériennes et chlorophylliennes de la prêle des champs sont médicinales et font partie de la pharmacopée Française.
EQUISETUM ARVENSE LA PRELE DES CHAMPS SILICIUM CALCIUM ET POTASSIUM OSTEOPOROSE ARTHROSE RHUMATISME REMINERALISATION CYSTITE TROUBLES URINAIRES BANAUX HEMORRAGIE
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
Les parties aériennes et chlorophylliennes de la prêle d’hiver Equisetum arvense contiennent BEAUCOUP D’ELEMENTS MINERAUX :
- du SILICIUM sous forme de silice (oxyde de silicium) principalement solide (chalcédoine) mais aussi sous forme soluble (acide silicique, silicates solubles dans l’eau ).
Le pourcentage de silicium peut varié selon les parties de la plante mais est élevé (entre 2,5 et 4 % de la plante sèche).
La silice renforce mécaniquement les structures assez fragiles de la prêle et décourage les brouteurs qui s’abiment les muqueuses et les dents en la mâchant. - Du CALCIUM (environ 2 à 3 % du poids sec) suivi de quantité décroissante de manganèse, chlore, soufre et phosphore.
- Du POTASSIUM en quantité très variable mais parfois importante (1 à 10 % du poids sec) probablement selon l’importance de sa présence dans le sol.
- DES FLAVONOIDES
Ces pigments jaunes , composés phénoliques, connus pour leur capacité anti-radicaux libres et anti-inflammatoires sont, pour certains, spécifiques aux prêles et permettent d’identifier les espèces ou les sous espèces. - DES TANINS astringents et anti-hémorragiques (hémostatiques) et des acides phénols anti-inflammmatoires assez communs dans le règne végétal.
- DES COMPOSES VOLATILS qui extraits et dissociés par des solvants organiques possèdent des odeurs variées : épicé, balsamique, hyacinthe, lilas, rose.
- DES ALCALOIDES : leur présence n’est pas régulière, dépend peut-être de la nature du sol, ou de la présence de substances toxiques pour la plante (herbicides, pesticides?).
- DES ENZYMES, notamment une thiaminase qui peut détruire la thiamine ou vitamine B1 surtout chez les animaux brouteurs (notamment les chevaux) entrainant des troubles neurologiques ou musculaires (incoordination motrice).
LA PRELE ET LE SILICIUM
Le silicium est un élément abondant et commun sur terre mais qui ne possède pas un grand rôle dans la synthèse des tissus ou le métabolisme intermédiaire néanmoins sa présence est nécessaire au bon fonctionnement de notre organisme et surtout à la stabilité des structures du tissu conjonctif ( y compris nos veines et artères), du tissu sous-cutané, des os et des cartilages (l’organisme contient environ 7g de silicium).
Le silicium intervient dans la synthèse du collagène, une des protéines les plus abondantes du corps humain et qui assure la structure et la résistance de la majorité des tissus.
Il est présent dans des molécules de grandes tailles qui sont très importantes dans le tissu conjonctif sous-cutané et les articulations ( notamment la chondroïtine) ainsi que dans l’élastine qui assure la souplesse des vaisseaux sanguins ou des poumons.
Il est immunomodulateur par son action au niveau du thymus, glande assurant la maturation des lymphocyte T chez l’enfant et l’adolescent.
Le silicium est présent dans beaucoup de plantes, notamment les graminées (blé,avoine, bambou) mais aussi les orties ou la consoude ainsi que dans l’eau minéralisée.
Le silicium « soluble » est plus facilement assimilable que celui qui est cristallisé, on parle alors de silicium « organique » surtout quand la molécule se complexifie et s’associe à d’autres molécules organiques (ceci est l’objet de polémiques entre biochimistes) .
Par sa stucture atomique et ses capacités à s’associer à d’autre atomes le silicium aurait pu peut-être remplacé le carbone et être à l’origine de formes de vies complètement différentes de celles que nous connaissons sur terre mais cela ne fut pas le cas, au moins sur notre planète.
Les FLAVONOIDES et les sels de POTASSIUM sont diurétiques et anti-inflammmatoires naturels.
Les TANINS et peut-être les éléments minéraux de la prêle sont des anti-hémorragiques (hémostatiques) de contact (voie locale).
UTILISATIONS
TISSU CONJONCTIF, VAISSEAUX SANGUINS, OS ET ARTICULATIONS
Une supplémentation en silicium par l’intermédiaire de la prêle est intéressante quand on vieillit, que l’arthrose s’installe, que l’ostéoporose est suspectée ou vérifiée, que la peau se flétrit, que les artères perdent de leur souplesse, mais aussi chez les plus jeunes en cas de fracture, de traumatisme articulaire.
La prêle est aussi une plante anti-inflammatoire qui atténue l’inflammation de type rhumatismale, on peut l’utiliser en cures répétées en complément d’autres traitements plus modernes : rhumatisme arthrosique, douleurs articulaires du genou ou des hanches, polyartrite (PCE).
LA PRELE DIURETIQUE et ANTI-INFLAMMATOIRE
La prêle est un diurétique léger qui « calme » l’inflammation des voies urinaires en l’absence d’infection.
On peut aussi l’essayer en cure d’un 10 de jours par mois en cas de troubles urinaires liés à une hypertrophie de la prostate (adénome prostatique) : miction impérieuse, miction répété, pollution urinaire nocturne, envie d’uriner pressante.
REMINERALISATION
La prêle apporte des éléments minéraux utiles en cas de fatigue chronique, d’infections bactériennes ou virales fréquentes, de troubles des phanères (ongles cassants, cheveux ternes et fragiles), de retards de cicatrisation.
HEMORRAGIES
La prêle était très utilisée même à l’époque antique pour arrêter les saignements des guerriers.
Elle est utile en cas de saignement de nez (épistaxis), ou de plaie qui saigne un peu trop chez une personnes suivant un traitement anticoagulant.
EXEMPLES DE POSOLOGIE
On limitera la cure de prêle des champs à 10 à 20 jours, éventuellement renouvelée après un mois de repos thérapeutique.
Les femmes enceintes ou allaitant doivent éviter de consommer des extraits de prêle.
- JUS FRAIS de prêle des champs: 2 cuillerées à soupe par jour de jus filtré en cure de 10 jours.
- EXTRAIT CONCENTREde prêle des champs en ampoule : parfois associé à d’autres plantes à visée ostéo-articulaire (comme l’harpagophytum), selon les indications du laboratoire, les quantités de prêle étant variable selon les spécialités.
- TEINTURE-MERE de prêle des champs : 20 à 60 gouttes 2 à 3 fois par jour en cure de 10 à 20 jours.
- DECOCTION de prêle des champs : une petite poignée de prêle fraiche ou 50g de prêle sèche dans un litre d’eau, bouillir 10 à 15 minutes et infuser pendant le même temps, une tasse à café deux fois par jour ou 50 à 75 ml deux fois par jour en cure de 10 à 20 jours
- POUDRE de prêle : on l’obtient en broyant la prêle bien sèche dans un mixeur ou dans un mortier, puis en tamisant. 1 à 2g de poudre deux fois par jour, incorporé dans un peu de nourriture ou en gélule en cure de 3 semaines.
- Pour stopper une HEMORRAGIE localisée : application de poudre de prêle ou de jus de prêle ou d’une compresse imbibée de décoction de prêle.
En cas de saignement de nez (épistaxis) essayer la poudre (pas très commode) ou mieux du jus de prêle ou de la décoction de prêle en instillation nasale avec un pulvérisateur nasale, ou sur une petite compresse en tamponnement nasal. - La décoction de prêle ou le jus de prêle peut aussi s’appliquer sur une plaie qui ne cicatrise pas bien, un ulcère cutané chronique.
ATTENTION
Si l’on décide de récolter des prêles des champs dans la nature, il faut s’assurer que le terrain n’est pas pollué par la proximité d’une usine ou d’un dépot d’ordure, et il faut s’abstenir de recolter les prêles dans les champs cultivés de façon moderne et intensive.
Les prêles sont en-effet capables de concentrer les métaux du sol et peuvent sécréter des produits toxiques en présence d’herbicides, de pesticides ou d’engrais azotés synthétiques.
AUTRES UTILISATIONS
- La prêle sèche, par son contenu en silice, est un ABRASIF NATUREL, très fin (mais parfaitement capable de rayer le verre). Il était autrefois employer pour polir bois et métaux.
- UTILISATIONS EN AGRICULTURE
Les extraits de prêle sont antifongiques, on peut les pulvériser après dilution sur de nombreuses plantes potagères ou des arbres fruitier, deux façons de procéder :
- Le PURIN de prêle se fait comme le purin d’ortie ou de bardane ; proportions : 1Kg de plante fraîche un peu broyée ou contuse pour 9 à 10 litres d’eau, attendre 10 à 15 jours en remuant de temps en temps puis filtrer ou retirer le liquide surnageant.
Application du purin dilué au 1/10 (un litre de purin dans 9 litres d’eau) en pulvérisations sur les parties aériennes des plantes ( exemples : tomates, pomme de terre, rosiers, pêcher) pour prévenir les maladies cryptogamiques (champignons) comme le mildiou ou éloigner certains parasites indésirables (pucerons).
Le purin se conserve quelques jours au frais et à l’abri de la lumière.
- La DECOCTION de prêle : environ 200 grammes de plante sèche ou 1kg de plante fraiche dans 10 litres d’eau. Laisser macérer pendant 1/2 heure puis porter à ébulition pendant une bonne demi-heure, filtrer après refroidissement, conserver au frais et utiliser (pulvérisation) en diluant cette macération aqueuse au 1/10, soit un litre de macération pour neuf litres d’eau.
Il est conseillé de l’utiliser dans les 24 à 48 heures de la même façon que le « purin ».
Le gros avantage de cette décoction est qu’elle ne sent pas mauvais!!
CULTURE DE LA PRELE DES CHAMPS
On propage la prêle des champs en déterrant et en fragmentant une partie du « rhizome » noirâtre souterrain.
Mais il faut être PRUDENT car c’est une plante invasive difficile à contrôler.
Pour éviter de ce faire envahir si le terrain est suffisamment humide pour qu’elle prolifère il faut prévoir une barrière souterraine comme pour le contrôle des bambous.
Ce n’est pas une culture à conseiller (sauf sur un ilot entouré d’eau!!)
AUTRES ESPECES DE PRELES
la majorité des espèces de prêles concentrent le silicium et d’autres minéraux mais certaines peuvent être légèrement toxiques comme la PRELE D’HIVER, EQUISETUM HYEMALE, assez commune et souvent utilisée comme plante décorative aquatique.
Equisetum hyemale, la prêle d’hiver
RESUME
DES PLANTES TRES ANCIENNES PLEINE DE SILICE
Les prêles sont les descendantes de plantes qui existaient déjà à l’ère primaire. Elles sont archaïques mais résistantes et on peut les trouver dans la nature un peu partout dans le monde. La prêle des champs est une source de silicium, de sels minéraux, de flavonoides et de tanins pour soigner aussi bien l’arthrose, l’ostéoporose, le vieillissement cutané ou des vaisseaux sanguins que certains troubles urinaires ou les hémorragies nasales.
On l’emploie aussi en cas de fatigue chronique et d’infections à répétitions.
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