CANNABIS

C’est une toute petite famille botanique qui comprend deux genres :
HUMULUS (le houblon) et CANNABIS (le chanvre), CANNABIS SATIVA=CANNABIS INDICA, CANNABACEAE.

Il existe une peu de confusion sur l’existence ou non de plusieurs espèces de cannabis, qui sont décrites parfois comme de simples sous-espèces ou variétés de Cannabis sativa..

Certains botanistes distinguent plusieurs « types » de chanvre :

  • Cannabis sativa le chanvre cultivé, espèce principale,
  • Cannabis sativa – indica , le chanvre « indien »,
  • Cannabis sativa- ruderalis, chanvre sauvage (Europe)
  • Cannabis sativa- afghanica, chanvre afghan

Depuis quelques années, la culture du cannabis devenant possible légalement dans certains pays européens et nord-américains, les « cultivateurs de cannabis » ont améliorés les variétés culturales pour obtenir de meilleurs rendements et un pourcentage plus élevé en substances actives notamment en procédant à des croisements, les espèces cultivées sont maintenant presque toutes des hybrides.

Cannabis sativa ( l’espèce type) est une plante qui fournit :

une fibre végétale utilisée à grande échelle pendant très longtemps pour faire les cordages les plus solides, des voiles pour la marine, des toiles ou des filets, l’armature des tapis etc…
une graine, le chénevis, riche en huile (32%) et en proteines (22%), utilisée dans l’élevage aviaire et accessoirement par les pêcheurs à la ligne,
des substances pharmacologiquement actives (cannabinoïdes) contenues dans les feuilles, les fleurs, la résine. en quantité et qualité variable.

Cannabis sativa (probablement originaire d’Asie) est cultivée ou récoltée depuis très longtemps en Asie et en Europe.

Les Chinois connaissent et utilisent le chanvre depuis plus de 4000 ans.
Les populations d’Asie occidentale, Assyriens, Scythes puis Arabes appréciaient le pouvoir enivrant des vapeurs de résine de chanvre (brulée comme encens).
C’est lors de l’expansion Islamique que d’autres peuples du pourtour méditerranéen l’adoptèrent comme plante médicinale ou enivrante.
Son introduction en Europe remonte pour la France à l’expédition Napoléonienne d’Egypte et fait suite à la colonisation de l’Inde par l’Angleterre.
Quelques artistes européens l’ont un temps adopté, le fameux club des haschishins 1840-1860 (Baudelaire et ses amis), mais au 19ème siècle on s’intéressait surtout à son usage médical.
Dans le nouveau monde, il fut d’abord introduit au Mexique (marijuana) puis dans le sud des USA par les populations européennes.

Le chanvre « indien » est une plante annuelle, plus ou moins buissonnante et pouvant atteindre 5 m de haut ( en général 1 à 2m ).

Les feuilles ont une disposition et une forme différentes selon le niveau sur la plante, près de la base elles sont opposées et découpées en 5 à 10 segments, près des extrémités elles sont alternes (en spirale) et peu découpées (1 à 3 segments).

Les plants mâles meurent après l’anthèse alors que les femelles vivent encore 1 à 2 mois après la pollinisation.

Les fleurs mâles sont groupées en panicules axiaux ou terminaux, les fleurs femelles sont en cymes compactes mélangées de bractées foliacées.

CANNABIS CHANVRE INDIEN MARIJUANA HALLUCINOGENE ANTISPASMODIQUE ANTALGIQUE TRES REGLEMENTE

COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

De nombreux composants ont été décrits et isolés du chanvre (huile essentielle, alcaloïdes, flavonoïdes, sucres, acides gras..) mais les plus importants sont les CANNABINOIDES présents dans les feuilles , les bractées et surtout la résine exsudée, mais ils sont absents des graines et des tiges.

Parmi ces cannabinoïdes (il sont entre 60 et 90 selon les spécialistes), le plus important est le delta 9 tetrahydrocannabinol (THC).
C’est une substance lipophile qui peut être absorbée par voie digestive ou respiratoire et qui, métabolisée par le foie , donne de nombreux dérivés hydroxylés pharmacologiquement actifs et inactifs.

Il semblerait que certains de ces dérivés soient plus actifs que le THC, ce qui explique en partie les effets plus rapides et plus marqués du cannabis chez les « habitués » au métabolisme hépatique déjà « prêt ».

On retrouve du THC et ses dérivés dans les urines après absorption, son élimination est lente .
Le THC et ses dérivés persistent dans le sang, et donc l’urine, une à plusieurs semaines après la consommation de cannabis.

Le THC (qui se fixe essentiellement sur les récepteurs endocannabinoides CB1) et ses dérivés métabolisés dans l’organisme interfèrent avec les NEURO-TRANSMETTEURS : sérotonine, acétylcholine, acide gamma aminobutyrique, noradrénaline et provoquent des effets importants mais variés sur le psychisme, la perception sensorielle et le système neuro-végétatif en fonction de la dose ingérée et de la personnalité du sujet.

  • sensation de bien être avec légère ivresse, détente et forte tendance au rire,
  • ou au contraire légère angoisse et anxiété,
  • modification de la perception sensorielle ( les sons, les couleurs, la distance, les formes),
  • modification de la perception temporelle (le temps est élastique),
  • perturbation de la coordination motrice (attention à la conduite auto),
  • altération plus ou moins controlable de la mémoire avec association d’idées parfois confuses, parfois brillantes, souvent hors du propos en court,
  • induction du sommeil, chez certains ce peut être le seul effet,
  • amélioration ou modification des sensations sexuelles,
  • à forte dose, l’anxiété et l’angoisse sont fréquentes, les hallucinations plus marquées et durables, même après disparition du THC du sang.

On considère que la toxicité du THC est faible, les toxicologues ne relèvent pas d’intoxication mortelle, par contre, le surdosage peut provoquer l’apparition de psychoses aigues.

Les épidémiologistes mettent en garde contre l’usage du cannabis chez les enfants et les jeunes adolescents car on observe chez eux, à l’âge adulte, un pourcentage plus élevé que normal de psychoses graves.

L’accoutumance au THC est faible, la dépendance physique également, l’interruption de la prise de la drogue provoque un syndrome de sevrage surmontable sans médication majeure.

Le cannabis et ses dérivés sont néanmoins interdits de commerce et de consommation dans beaucoup de pays; la culture du chanvre est très règlementée.

Mais les LEGISLATIONS CHANGENT VITE A SON SUJET depuis la fin des années 2000 .

Le THC a d’autres propriétés pharmacologiques:

  • c’est un bronchodilatateur (asthme),
  • il diminue la pression intra-oculaire (glaucome) ,
  • il est antalgique (douleurs neuropathiques , cancer évolué),
  • il atténue les troubles liés à la chimiothérapie : vomissements, nausées, perte d’appétit,
  • ces effets sur les cancers et leurs métastases est étudié mais controversé
  • il interagit peut-être sur le métabolisme hormonal et modifie peut-être la défense immunitaire, cela reste l’objet de polémiques.

Deux autres cannabinoides intéressent la communauté scientifique et les consommateurs de cannabis : le CANNABIDIOL ou CBD et le CANNABINOL ou CBN.

LE CANNABIDIOL

Le CBD possède moins d’effet psychotrope mais interagit sur de nombreux récepteurs dans l’organisme.

Ces effets pharmacologiques globaux ne sont pas encore bien déterminés, citons en quelques uns:

  • Il agit sur la douleur, c’est un antalgique (notamment les douleurs neuropathiques de la sclérose en plaque),
  • sur l’excitabilité du système nerveux central , c’est un anticonvulsivant (convulsions, épilepsie),
  • il pourrait retarder la dissémination de certaines cellules cancéreuses (métastases),
  • il modifie l’action du THC en retardant son élimination et en modulant l’angoisse ou l’anxiété qui lui sont liées,
  • des évaluations sont en cours pour connaitre son effet sur des psychoses graves (schisophrénie ).

LE CANNABINOL

Le CBN est un produit d’oxydation du THC qui se forme pendant le séchage du cannabis s’il est trop prolongé, au soleil et à l’air libre.
Il n’existe pas dans la plante fraiche mais peut dominer les effets du THC.
IL est sédatif du système nerveux central ( tendance au sommeil, étourdissement) parfois dépresion psychique, perte de motivation, indifférence, troubles de la mémoire chez ceux qui consomment beaucoup de cannabis en provenance d’Amérique du sud ou d’Amérique centrale.

UTILISATIONS

Malgré l’interdiction globale de son usage (mais les législations des pays évoluent assez vite, et l’utilisation « récréative et médicale » devient possible dans de nombreux pays : exemple Canada et de nombreux états américains), le cannabis sativa est consommé un peu partout dans le monde pour l’ivresse douce et les modifications sensorielles qu’il induit sous forme de:

– cigarettes de feuilles pures ou mélangées avec du tabac,
– résine avec ou sans débris végétaux, fumée ou ingérée,
– de formes très concentrées: essence ou extraits.

L’usage purement médicinal est ancien (Chine, Inde, Europe), on s’en servait comme antalgique, anti-convulsivant et soporifique :
– douleurs menstruelles,
– douleur de l’accouchement,
– migraine,
– « danse de St Guy », épilepsie,
– préparation aux opérations (Chine),
– préparation au combat (Arabes),
– aide à la méditation (Inde).
– On le connaissait comme anti-asthmatique, calmant la toux.
– Il était utile aussi comme traitement d’appoint dans le sevrage des opiacés.
Cannabis sativa a fait partie pendant longtemps de la pharmacopée britannique.

Actuellement, on reconnaît son pouvoir anti-asthmatique par bronchodilatation et de nombreux dérivés du THC ont été testés pour leurs propriétés anti-convulsivantes, spasmolytiques ou analgésiques (calmant les douleurs), mais il existe souvent des effets secondaires importants sur le psychisme qui en limitent l’utilisation.
De même, on s’est aperçu de son pouvoir antiémétique, surtout chez les patients en chimiothérapie anticancéreuse (observations chez des fumeurs réguliers de marijuana); des dérivés ont été testés pour cette indication et paraissent prometteurs.

Récemment le « SATIVEX » a été autorisé dans plusieurs pays occidentaux(dont l’Espagne) . En France le sativex a été autorisé puis interdit , rien n’est clair à son sujet au niveau légal.
Ce médicament (a base de cannabidiol avec peu de THC) semble intéressant pour calmer, entre autres, les douleurs tenaces de la slérose en plaques.
il s’agit d’un spray buccal, la pénétration du produit se faisant au niveau de la muqueuse de la bouche, le malade dosant lui-meme le nombre et la répartition des pulvérisations dans la journée en fonction de ses épisodes douloureux.
Les utilisateurs de cet extrait de cannabis notent l’absence ou la modération des effets « psychiques ».

D’autres médicaments à base de cannabinoïdes existent et sont commercialisés dans certains pays européens ou nord-américains : exemples MARINOL = dronabinol (THC synthétique), BEDROCAN, BEDIOL, BEDROBINOL, la législation en France reste très restrictive à leur encontre.

Expérimentation dans l’utilisation du cannabis médical en France en 2024

Depuis deux ans une expérimentation dans l’utilisation du cannabis médical était organisée en France de façon extrêmement contrôlée et pour des indications spécifiques, elle s’est terminée le 27 mars 2024.

Les médecins prescripteurs et les pharmaciens qui fournissaient les médicaments étaient formés, et contrôlés et devaient participer à l’évaluation de cet essai thérapeutique qui a enrolé 3035 patients.
A la fin de cette expérience thérapeutique il y avait encore 1842 patients qui continuaient à être traités et surveillés.

En fin d’année 2024 il est prévu que les autorités sanitaires françaises autorisent la prescription de médicaments à base de cannabis de façon normale c’est à dire non expérimentale mais dans un cadre très surveillé car il s’agit de médicaments de la catégorie des stupéfiants.

Les 5 indications thérapeutiques retenues par le comité scientifique pour expérimenter l’usage de cannabis à des fins médicales en 2021 étaient:
– Les douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non) ;
– certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes ;
– certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements ;
– situations de soins palliatifs.

Les données récoltées lors des deux premières années de l’expérimentation ont été évaluées par différentes études, elles sont TRES POSITIVES et encourageantes pour les patients.
Elles montrent l’EFFICACITE DU CANNABIS MEDICAL dans toutes les indications de l’expérimentation, maintenue sur plusieurs mois chez certains patients, ainsi qu’un circuit de prescription et de délivrance sécurisé et opérationnel.

Le cannabis médical était prescrit sous deux formes :
– des médicaments sous forme d’huile de cannabis médical par voie orale,
– des préparations de fleurs séchèes de cannabis médical absorbées sous forme de poudre par inhalation.

Rappelons que le cannabis médical est contre-indiqué :
– Chez la femme enceinte et allaitante ; une contraception efficace doit être mise en place chez les femmes en âge de procréer.
– En cas d’antécédents personnels de troubles psychotiques .
– En cas d’insuffisance rénale, hépatique ou cardiaque grave.
Le cannabis médical, surtout sur une longue période, peut entrainer une dépendance. Il a une influence sur l’aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines car il peut provoquer une somnolence ou des étourdissements et altérer la coordination, le jugement, le temps de réponse. Ainsi, la conduite de véhicules était interdite pour les patients inclus dans l’expérimentation.
Comme tout médicament, le cannabis médical doit être pris ou administré en respectant les précautions d’emploi et peut entrainer des effets indésirables et peut interagir avec d’autres médicaments ou des aliments.

Nous rappelons qu’il ne faut jamais interrompre brutalement un traitement et que les médicaments non utilisés doivent être rapportés en pharmacie.


RESUME

Hallucinogène, antispasmodique et en général interdit

Le chanvre est très répandu dans le monde entier. Certaines variétés sécrètent une résine qui contient des substances très actives sur le système nerveux. Leur absorption par voie digestive ou respiratoire provoque selon la dose : une légère ivresse, une désorientation dans le temps, des modifications de la perception des bruits et des couleurs, une incoordination des mouvements, de l’angoisse, voire une véritable psychose. On trouve également dans cette résine des composés antispasmodiques et antiasthmatiques. Le chanvre à résine est interdit de culture et de consommation dans la majorité des pays du monde mais la législation évolue et une UTILISATION MEDICALE du cannabis est de plus en plus acceptée dans de nombreux pays surtout pour calmer certaines douleurs rebelles.

Copyright 2024 : Dr Jean-Michel Hurtel

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