

Le MARRONNIER D’INDE , AESCULUS HIPPOCASTANUM, SAPINDACEAE=HIPPOCASTANACEAE, qui, en dépit de son nom, est originaire des Balkans et du nord de la Grèce est un arbre de grande taille, au développement harmonieux et au feuillage fourni ce qui le fait apprécier comme arbre d’alignement et pour procurer de l’ombre sur les lieux publiques.

Le marronnier d’Inde, Aesculus hippocastaneum : Crédit Wikipedia
Le marronier possède une bonne longévité et peut atteindre 400 à 500 ans.
On l’a beaucoup planté en France à partir de son introduction au 17 ième et 18 ième siècles puis progressivement remplacé dans les villes par le platane qui supporte mieux la pollution.
Ses fleurs blanches parfois tachées de rose sont associées en forme de pyramide érigée, elles attirent les butineurs (abeilles et bourdons).
Le fruit qui tombe de l’arbre à l’automne est bien reconnaissable : c’est une capsule verdâtre couverte de pointes (moins aigues que celles du chataignier) qui contient une à deux graines arrondies, les marrons, de couleur marron-brun, luisantes et avec une partie blanchâtre, le hile.
Le marron du marronnier d’Inde ressemble à une grosse châtaigne, mais ATTENTION IL N’EST PAS COMESTIBLE, il est même considéré comme TOXIQUE.
Le marronnier d’Inde est depuis longtemps utilisé dans la médecine traditionnelle Européenne.
Les parties médicinales sont surtout la graine entière, plus accessoirement l’écorce et les bourgeons.
La famille des marronniers est grande et répartie dans tout l’hémisphère Nord ; en Amérique du Nord certains s’appellent des paviers.
Ces arbres sont utilisés dans la majorité des pharmacopées notamment asiatiques (Aesculus chinensis).
AESCULUS HIPPOCASTANUM MARRONNIER D INDE MARRON VARICES HEMORROIDES INSUFFISANCE VEINEUSE ET LYMPHATIQUE INTRAIT DE MARRON D INDE
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
LE MARRON DU MARRONNIER AESCULUS HIPPOCASTANUM
Les principaux composants du marron d’inde sont :
- Des saponines : 8 à 12 % d’aescine ou escine qui est un mélange de plusieurs composés très voisins chimiquement, le plus important pour son pouvoir pharmacologique est la beta-aescine.
- Une coumarine : esculoside (ou aesculoside).
- Des flavonoïdes non spécifiques mais pharmacologiquement actifs : quercétine, quercitrine, kaempférol.
- Des tanins (environ 2%).
- Des phytostérols.
- Des glucides (amidons et sucres 40 à 50 %).
- Des lipides en quantité un peu variable, environ 5% d’huile dominée par l’acide oléique.
- Des protides (8 à 10 %).
Les saponines et les coumarines sont toxiques mais sont utiles à petites doses pour se soigner .
L’aescine agit sur les parois des veines et des capillaires :
- renforcement de la résistance des capillaires,
- limitation de la perméabilité des petits vaisseaux sanguins et des veines,
- action anti-inflammatoire,
- action anti-oedémateuse : limitation de l’exsudation et donc de l’oedème qui fait suite à la perméabilité des vaisseaux sanguins quand il y a surpression sanguine (varices, hémorroïdes) ou inflammation (contusion, ecchymose, suite d’intervention chirurgicale).
Des tests in-vitro montrent que l’aescine possède un pouvoir anticancéreux sur des cellules cancéreuse en culture, mais il n’y a, à ma connaissance, pas d’études chez l’animal ou l’homme ou d’informations sur les doses ou les effets secondaires indésirables.
L’aesculoside et la molécule sans sucre associé l’aesculétol (ou esculétol) possède des propriétés voisines, un effet vitaminique P :
- augmentation de la contraction des vaisseaux sanguins (vasoconstriction),
- diminution de la perméabilité des capillaires,
- renforcement du tonus capillaire et veineux.
L’aesculoside, une coumarine, peut diminuer la coagulation du sang par une action anti-vitamine K.
Sans ces deux types de composés (saponines et coumarines) le marron d’inde serait comestible, mais comme il est difficile de les éliminer ou de les détruire, le marron d’inde N’EST PAS COMESTIBLE.
Il provoque régulièrement des empoisonnements plus ou moins graves chez des enfants qui confondent marron d’Inde et châtaigne et qui en consomment malgré l’âpreté et l’amertume de cette graine.
Les signes d’intoxication par le marron d’Inde:
- des troubles digestifs : vomissements, nausées, diarrhée, douleurs abdominales
- des signes neurologiques et vasculaires : congestion de la face, fièvre, maux de tête, et en cas d’intoxication massive (très rare) troubles de la conscience, troubles musculaires, délire et collapsus vasculaire.
En général, l’intoxication est passagère et reste bénigne, mais si la personne n’a pas vomi, que la quantité de marrons absorbés est importante et que l’on observe des troubles neurologiques il faut rejoindre un centre anti-poison ou un hopital.
Le traitement anti-poison comprend un lavage gastrique (en absence de vomissement) et un traitement symptomatique.
La majorité des animaux domestiques y compris les ruminants peuvent s’empoisonner avec les marrons d’Inde ou le feuillage du marronnier.
ECORCE et BOURGEONS DE MARRONNIER AESCULUS HIPPOCASTANUM
L’écorce contient des coumarines : aesculoside et fraxoside.
Les bourgeons (ainsi que les feuilles) renferment de l’aescine (comme les marrons) ainsi que des flavonoïdes.
UTILISATIONS
PREVENTION ET TRAITEMENT DES VARICES ET DES HEMORROIDES
Les extraits de marron d’Inde, d’écorce de marronier et de ses bourgeons sont surtout utiles :
- Pour renforcer le tonus des veines et des petits vaisseaux sanguins notamment des troncs veineux des membres inférieurs et du réseau veineux de la région anale : VARICES ET HEMORROIDES.
- Pour diminuer l’OEDEME DES MEMBRES INFERIEURS chez les personnes qui ont un mauvais retour veineux (avec ou sans varices).
- Pour diminuer l’inflammation ainsi que les douleurs qui l’accompagnent en cas d’inflammmation hémorroïdaire (CRISE HEMORROIDAIRE )ou de phlébite superficielle (inflammation d’une veine variqueuse).
- Pour prévenir le risque d’ecchymoses ou de petites hémorragies sous-cutanées ( purpura et pétéchies), et plus accessoirement pour atténuer la couperose et les cernes sous les yeux.
- Les extraits de marron d’inde peuvent s’employer aussi en gargarismes ou bains de bouche en cas d’aphtes buccaux.
Exemples de POSOLOGIE :
Il existe de nombreuses SPECIALITES (en Europe et en Amérique du NORD) disponibles en pharmacie, en herboristerie, ou sur internet qui contiennent des extraits de marron d’Inde ou d’écorce de marronnier seuls ou associés à d’autre plantes ou extraits de plantes protecteurs des veines et des petits vaisseaux .
Quelques exemples : intrait de marron d’inde P, Arkogélules de marronier, Elusanes marronier, Histofluine P, Aesculaforce (en Suisse), Reparil (gel et cp en Belgique), Venoplant (belgique), Venostasin (Suisse) , dans les pays de langue anglaise rechercher « horse chestnut seed extract (HCSE).
Se référer à la notice de la spécialité car la composition en extrait d’Aesculus hippocastanum est variable.
Plusieurs spécialités traditionnelles de la pharmacopée Française ont disparues récemment des pharmacies où sont parfois difficiles à trouver malgré leur utilité : notamment l’intrait de marron d’Inde P , ou l’aphloine P.
AUTRES PREPARATIONS DU MARRON D’INDE :
- Poudre (totale) de marron d’Inde : 1 à 2 g par jour en 2 à 3 prises.
- Extrait sec de marron d’Inde : 300mg par jour.
- Teinture-mère de marron d’Inde : 100 gouttes en 2 à 3 fois.
- Macération glycérinée de bourgeons de marrons d’Inde : 5 gouttes 3 fois par jours et 50 gouttes 3 fois par jour pour la macération diluée au 1/10 ( 1D).
- Infusion de marron d’Inde : possible mais PAS RECOMMANDEE car les constituants du marron ne sont pas stables chimiquement et le dosage est plus aléatoire ; 5 à 10 g par jour de marron (graine et enveloppe de la graine).
- Teinture alcoolique « domestique » : on peut, avec des marrons d’Inde frais, réaliser une teinture alcoolique parfaitement utilisable :
100g de marrons FRAIS ET AVEC LEUR ENVELOPPE broyés ou râpés rapidement et mis en macération dans 1 litre d’alcool à 70°C au frais et à l’abri de la lumière, remuer de temps en temps, attendre 3 semaines, filtrer.
Conserver la teinture alcoolique au frais et à l’abri de la lumière, 100 gouttes par jour en 2 à 3 fois.
CONDUITE DU TRAITEMENT :
Pour soigner l’insuffisance veineuse des membres inférieurs et les hémorroides : on doit poursuivre le traitement au moins 2 à 3 mois, avec un arrêt thérapeutique de 2 à 4 semaines quand on désire le continuer plus longtemps.
CRISE HEMORROIDAIRE, PHLEBITE SUPERFICIELLE, COUPEROSE, CERNES SOUS LES YEUX
Il existe quelques préparations locales contenant des extraits de marron d’Inde (associés à d’autres plantes) pour soigner localement les inflammations hémorroidaires ou variqueuses.
La couperose et les cernes sous les yeux peuvent bénéficier d’un traitement par voie buccale mais les résultats sont irréguliers.
INTERACTIONS MEDICAMENTEUSE ET PRECAUTIONS
Les extraits de marronniers, surtout ceux de l’écorce, peuvent théoriquement allonger le temps de saignement (favoriser les hémorragies), il faut donc être prudent quand on suit un traitement anti-coagulant.
C’est pourquoi on n’utilise pas les extraits de marronniers chez la femme enceinte.
Quelques rares personnes au terrain atopique (allergique) peuvent faire un accident d’hypersensibilité à cette plante ou à ses extraits.
AUTRES UTILISATIONS
Les populations Amérindiennes d’ Amérique du Nord consommaient certains marrons après leur avoir en partie détoxifés par lavage, trempage ou fermentation.
Les marrons contiennent une quantité importante de glucides.
Des procédés chimiques permettent de transformer ces glucides en amidons « thermoplastiques » pour donner des « plastiques biodégradables » et par hydrolyse enzymatique en sucres simples (glucose, maltose).
PLANTER UN MARRONNIER
Les marrons récoltés dès leur chute en automne et mis en terre rapidement germent au printemps.
Il suffit de les replanter dans un endroit bien choisi car c’est un arbre à la croissance assez rapide qui peut atteindre une trentaine de mètres!!
RESUME
LE MARRONNIER d’INDE, un grand arbre décoratif pour soigner VARICES ET HEMORROIDES
Le marronnier d’Inde contient des substances un peu toxiques mais utiles à petite dose pour renforcer le tonus des veines et des petits vaisseaux sanguins. Le fruit de cet arbre, les marrons, ainsi que l’écorce et les bourgeons sont les parties médicinales. On utilise leurs extraits pour soigner l’insuffisance veineuse et lymphatique des membres inférieurs avec ou sans varices et les hémorroïdes de la région anale.
Rappelons que le MARRON D’INDE N’EST PAS COMESTIBLE bien qu’il ressemble beaucoup à une grosse châtaigne.
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