Le PAVOT SOMNIFERE ou PAVOT A OPIUM, PAPAVER SOMNIFERUM, est l’espèce la plus importante en médecine parmi les
PAPAVERACEAE. C’est une plante cousine du coquelicot des champs et dont l’aspect est très semblable mais en beaucoup plus grand.
Le pavot sauvage est probablement originaire des régions s’étendant entre la méditerranée orientale et l’Inde.
Le port de la plante et sa fleur sont décoratifs et il existe de nombreuses variétés de pavot somnifère, mais les plus importantes sont :
- la variété aux graines blanches (var album) qui fournit principalement l’opium
- et la variété à graines bleues ou noires (var nigrum) cultivée pour ses graines et ses « pailles » dont on extrait les substances actives.
L’utilisation en médecine du pavot somnifère est avérée depuis l’époque des sumériens, c’est une plante médicinale importante et qui a été très tôt introduite en Europe à partir du moyen orient car elle est facile à cultiver.
La puissance des effets de ses composants l’ont fait qualifier de magique pendant longtemps, mais au début du 19 ème siècle, plusieurs chimistes et pharmacoloques Européens ont réussi à isoler les substances actives du pavot à opium (surtout la morphine) ce qui a révolutionné l’art de soigner et surtout permis de lutter contre les douleurs les plus fortes.
On s’est malheureusement aperçu assez vite que l’utilisation des extraits de pavot somnifère provoquait des troubles secondaires avec accoutumance (et donc nécessité d’augmenter les doses), des troubles physiques sérieux au moment de l’arrêt du traitement (sevrage) et une dépendance psychologique (toxicomanie).
C’est le latex présent dans les fruits et les tiges qui renferme les substances pharmacologiquement actives (alcaloïdes opiacés).
Les graines du fruit n’en contiennent pas elles sont comestibles et on en extrait une huile aux propriétés intéressantes.
PAVOT OPIUM ANTALGIQUE ANALGESIQUE MORPHINE CODEINE DOULEUR TOXICOMANIE
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
L’OPIUM, LATEX DU PAVOT : PAPAVER SOMNIFERUM
Toutes les parties du pavot contiennent un latex qui coagule et brunit à l’air, on le récolte de façon manuelle par raclage de l’exsudat obtenu en incisant très superficiellement (1 à 2 mm) les fruits (capsules) juste après la chute des pétales ou de façon industrielle par extraction à partir des pailles de pavot (tiges et fruits égrainés coupés vert en fin de cycle végétal).
Le latex durci et séché ou opium contient un pourcentage variable d’un « cocktail » d’alcaloïdes dont les plus importants sont :
- la morphine (entre 1 et 20% dans l’opium): puissant analgésique (contre la douleur),
- la codéine (2 à 5 %): contre la toux et contre la douleur mais beaucoup moins que la morphine,
- la noscapine : contre la toux,
- la papavérine : antispasmodique , lève les spasmes des muscles viscéraux.
LA MORPHINE
Cet alcaloide important a la propriété d’agir sur certains récepteurs des cellules du cerveau.
Son action la plus manifeste est sur l’intégration des messages douloureux qui sont envoyés par les nerfs, il y a blocage du signal douloureux.
En simplifiant on peut dire que la morphine prend la place de certaines « hormones naturelles » les enképhalines, la morphine sature leur récepteur mais seulement pendant quelques heures car l’organisme l’élimine assez vite.
Si l’on absorbe régulièrement de la morphine le cerveau ouvre de nouveaux récepteurs à la douleur, il faut donc augmenter les doses pour obtenir un effet, et si l’on supprime brutalement la morphine les enképhalines naturelles qui auront baissé en quantité n’arriveront pas à réguler les messages provenant des nerfs provoquant l’effet physique de sevrage.
La morphine possède d’autres effets que l’effet antalgique :
- sur les parties du cerveau qui commandent la respiration , la toux, et les vomissements,
- sur l' »humeur », il y a psychodyslepsie, une forme d’indifférence, à la douleur mais aussi aux autres stress,
- il y a modification de la régulation des hormones (sexuelles et surrénalliennes)par diminution des sécrétions de l’hypophyse.
La prise régulière de morphine entraine une dépendance, voici la description qu’en fait J. Bruneton dans son ouvrage de pharmacognosie :
<< les effets psychodysleptiques de la morphine sont importants. l’activité euphorisante, la sensation de bien-être transitoire ou de somnolence expliquent l’apparition de la dépendance psychique (pulsion à prendre le produit pour retrouver ce climat psychique particulier) bientot suivie de tolérance (nécessité d’augmenter les doses et la fréquence d’administration pour obtenir le même effet). La cessation brutale de l’administration du produit provoque-chez l’intoxiqué chronique une syndrome d’abstinence (ou de sevrage) : rhinorrhée, sueurs larmoiement puis agitation, mydriase, algies articulaires et musculaires accompagnent anxiété et insomnie; plus tardivement tachycardie, polypnée, nausées et diarrhées apparaissent. Cet « état de manque » qui justifie une intervention médicale est, le plus souvent, compensée par la poursuite de l’administration de l’alcaloide : c’est la dépendance physique caractéristique de l’intoxication aux opiacés (mais cela est vrai aussi pour alcool)>>
LES GRAINES DE PAVOT
Elles sont comestibles et ne contiennent pas d’alcaloïdes opiacés.
Ce sont de petites graines oléagineuses dont on extrait une huile faiblement colorée, très riche en acide gras insaturés (acide linoléique et alpha linolénique) et donc instable, rancissant assez vite.
UTILISATIONS
LE PAVOT L’OPIUM et LA MORPHINE
Pendant longtemps les médecins n’ont employé que les décoctions de têtes de pavot, l’opium brut ou ses extraits alcooliques comme le laudanum, ou des élixirs (exemple élixir parégorique).
Depuis la découverte de la morphine et des autres alcaloïdes, les pharmacologues ont utilisés ces molécules naturelles pour synthétiser d’autres composés encore plus efficaces sur la douleur et associés à moins d’effets secondaires, mais on utilise toujours la morphine sous forme de sels (chlorhydrate de morphine le plus souvent) car c’est un antalgique puissant, bon marché et facile à fabriquer.
La morphine et ses dérivés sont employés surtout en cas de douleurs aigues et chroniques , exemples:
- accidents corporels avec blessures et fractures, surtout pendant le transport des blessés,
- blessures de guerre,
- douleurs provoqués par les cancers,
- douleurs névralgiques rebelles au traitement.
La prescription de la morphine et des produits qui en dérivent est strictement réservé au corps médical et infirmier dans la majorité des législations nationales qui sont le plus souvent très contraignantes même pour le personnel de santé (traitement limité dans le temps, registre de prescription).
En pratique la morphine est souple d’emploi, les doses sont adaptées au poids du malade, à l’intensité de la douleur et à la voie d’accès :
- on peut l’injecter (principalement sous-cutané et intra-veineuse),
- l’absorber en comprimés, gélules, sirop, solution alcoolique,
- en application cutanée pour une libération lente (patch),
- plus rarement en suppositoire et elle peut également s’inhaler.
Les effets secondaires principaux en traitement prolongé en dehors de l’accoutumance et des problèmes du sevrage sont :
- la constipation et parfois des nausées,
- des troubles du comportement : somnolence, plus rarement excitation et irritabilité,
- et risque d’insuffisance respiratoire et de rétention urinaire.
LA CODEINE
La codéine est beaucoup moins puissante que la morphine, elle est surtout active sur le centre de la toux, c’est un anti-tussif.
Elle se transforme dans l’organisme en morphine mais n’a jamais les effets de la morphine pure.
Elle est donc antalgique mais uniquement sur les douleurs de peu d’intensité, on l’associe très souvent à un autre antalgique le paracétamol, leurs effets contre la douleur se potentialisant.
LA PAPAVERINE
La papavérine n’agit pas sur la douleur, c’est un spasmolytique très utile en cas de contraction spastiques des muscles des viscères et des muscles lisses : coliques hépatiques, coliques néphrétiques, spasmes de l’utérus, contraction anormale des vaisseaux sanguins.
La papavérine n’agit pas sur l’origine du spasme mais peut permettre de lever cette contraction anormale et donc la douleur ou les troubles qui lui sont associés.
ANCIENNES UTILISATIONS DU PAVOT
Les préparations simples à base d’opium ou de têtes de pavots ne sont plus commercialisées, voire totalement interdites, mais il y a à peine un siècle on s’en servait encore en France.
Pour information voila un extrait d’un livre du docteur Valnet, qui fut un avocat et un défenseur de la phytothérapie.
Ces informations correspondent à un usage médical du pavot pendant la première moitiè du 20ème siecle.
<<Décoction : une tete de pavot débarrassée de ses semences, bouillie 2 minutes dans 1/2 litre d’eau, 1/2 verre a des propriétés calmantes et hypnotiques.
Poudre d’opium : 10 cg par jour
Teinture d’opium au 1/20 : 1 gr par jour = 56 gttes
Laudanum de sydenham : 1 g par jour 49 gttes
Elixir parégorique : 20g, 1 ou 2 fois par jour
Usage externe de la décoction aussi en gargarismes et injection vaginales
Plante précieuse pour son action sur la douleur mais prudence!!>>
GRAINES DE PAVOT
Tous les variétés de pavot produisent de petites graines oléagineuses qui sont utilisées dans la boulangerie et la pâtisserie ou dans l’élaboration de certains plats ou sauces traditionnels.
L’huile de pavot ou huile d’oeillette (le pavot à graines bleues ou noires) a été très consommée en Europe quand il y avait des ruptures d’approvisionnement en oléagineux pendant les conflits armés.
Cette huile rancit assez vite comme toutes les huiles contenant un pourcentage important d’acides gras insaturés( comme l’huile de noix par exemple).
C’est néanmoins une huile diététique qui contient des phytostérols et que l’on peut mélanger à d’autre huiles moins bien pourvues en acide linoléique ou alpha-linolénique.
Elle s’emploie aussi à la manière de l’huile de lin notamment en peinture artistique.
PAVOT, OPIUM, HEROINE, TOXICOMANIE
L’utilisation déraisonnable du pavot ou de ses extraits entraine inéluctablement le développement d’une toxicomanie dont il est difficile et pénible de s’échapper.
De nombreux médecins ou infirmiers qui pensaient arriver à contrôler un usage personnel des opiacés sont devenus eux aussi « esclaves » de la morphine à l’époque ou la législation sur les opiacés était plus souple.
Sans parler de ce dérivé semi-synthétique de la morphine, l’héroine, qui n’est pas utilisé en thérapeutique, dont les effets sont encore plus rapides et plus puissants, et dont l’addiction est encore plus violente.
Avec internet il est facile d’obtenir beaucoup d’informations aussi bien sur la culture du pavot que sur les façons plus ou moins efficaces d’en extraire les alcaloïdes.
ATTENTION c’est un jeu, bien sur interdit, mais surtout très dangereux.
RESUME
LE PAVOT SOMNIFERE OU PAVOT A OPIUM
Le pavot somnifere contient un latex, l’opium, véritable cocktail de substances très importantes en médecine dont les plus importantes sont : la morphine antalgique majeur qui a permis d’atténuer les douleurs les plus intenses, la papavérine antispasmodique et la codéine antalgique et antitussive.
Malheureusement l’usage détourné de l’opium ou de ses dérivés est à l’origine de traffics maffieux et de l’esclavage toxicomaniaque de millions de gens
Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel
Vous êtes sur www.phytomania.com
site dédié aux plantes médicinales et aux huiles essentielles
PHYTOTHERAPIE, PLANTES MEDICINALES, AROMATHERAPIE, HUILES ESSENTIELLES