LA CHELIDOINE OU GRANDE ECLAIRE (CHELIDONIUM MAJUS)
ET LA THEORIE DES SIGNATURES
Pour se guider dans l’utilisation des plantes médicinales, les humains ont souvent chercher des correspondances « magiques » entre les plantes (leur forme, leur couleur, les lieux où on les trouve), et les maladies, leurs symptômes ou l’anatomie humaine, en s’appuyant sur la croyance que la puissance divine a créé les plantes pour servir l’humanité.
De ces croyances « magiques » naîtront la théorie des similitudes et « la théorie de signatures » bien que cette dernière, défendue par Paracelse au 16 ème siècle, soit plus alchimiste que médicale. Citons deux exemples classiques de la théorie des signatures : le saule pousse dans l’eau et servira donc à soigner les rhumatismes que l’on contracte au contact de l’humidité froide ; la sève de chélidoine est jaune comme la bile et servira donc à soigner les troubles biliaires, les troubles hépatiques.
Rappelons qu’au début du 19 ième siècle Samuel Hahnemann bâtira la médecine homéopathique sur le principe de similitude : pour traiter une maladie, on utilise la substance qui, administrée à un sujet sain, engendre des symptômes analogues à cette maladie.
CHELIDONIUM MAJUS, CHELIDOINE OU GRANDE ECLAIRE, PAPAVERACEES
La chélidoine est une plante assez discrète qui pousse fréquemment dans les vieux murs en pierre, mais qui peut aussi se développer en pleine terre.
Les feuilles vert pale, sont découpées comme une feuille de chêne et assez molles, les fleurs jaunes, le fruit une silique.
Quand on coupe une tige il s’écoule un latex jaune-orangé assez typique.
La chélidoine est une plante vivace qui possède une forte racine contenant beaucoup de sève (de latex). Le latex et la plante entière sont les parties utilisées en phytothérapie. A l’instar d’autres papavéracées, la chélidoine renferme beaucoup d’alcaloïdes (sanguinarine, chélidonine…) et d’autres substances pharmacologiquement actives (berbérine, stylopine…).
LA CHELIDOINE PLANTE MEDICINALE EN HOMEOPATHIE ET EN ALLOPATHIE
ATTENTION : la chélidoine, Chelidonium majus, est une plante TOXIQUE qui peut provoquer des hépatites .
Traditionnellement on applique son latex jaune sur les verrues, et avec un peu de patience et plusieurs applications, les verrues pourront disparaître. C’est l’herbe à verrues, son latex est caustique et probablement antiviral (rappel : les verrues sont dues à des infestions virales)
La chélidoine est beaucoup moins utilisée que jadis en allopathie, en partie à cause de sa toxicité. Néanmoins elle est toujours associée à d’autres plantes à visées hépatiques dans plusieurs médicaments.
On peut encore trouver, ou fabriquer, une teinture mère traditionnellement employée en cas de troubles digestifs (dyspepsies) ou de spasmes mineurs d’origine biliaire (mais sans obstruction des voies biliaires) : 30 à 40 gouttes deux fois par jour pendant quelques jours, pas de traitement prolongé.
La chélidoine est par contre très utilisée en homéopathie. Hahneman, son équipe et ses successeurs l’ont beaucoup étudiée, la « matière médicale » est abondante à son sujet mais difficile à résumer . A 3D on la prescrit comme en allopathie pour soigner les troubles dyspeptiques d’origine hépatobiliaires ; les autres dilutions sont beaucoup plus spécifiques dans leur prescription.
LA CHELIDOINE ET LA RECHERCHE MEDICALE ACTUELLE
La chélidoine et ses extraits sont l’objet d’études pharmacologiques et cliniques, notamment en Asie.
Récemment des chercheurs Indiens ont évalué l’efficacité de remèdes homéopathiques à base de chélidoine comme protecteurs hépatiques (protection des cellules du foie contre des substances toxiques induisant un cancer du foie). Ils ont utilisé des dilutions très élevées (30 CH, 200 CH), et obtenu des résultats surprenants : 40 % des souris traitées par le remède homéopathique n’ont pas développé de cancer.
Ils en concluent que ces microdoses de chélidoine protègent contre l’apparition d’un cancer du foie (pensons aux suites d’hépatite et aux intoxications chimiques) .
Des recherches plus anciennes avaient montré que des extraits de chelidonium majus protégeaient le foie contre l’aggression chimique (tétrachlorure de carbone) et permettaient une récupération rapide des cellules du foie. C’est paradoxal quand on sait que la chélidoine peut elle-même provoquer des hépatites ou alors c’est logique si l’on applique la loi des similitudes !
En Corée, où la chélidoine est une plante médicinale appréciée, un groupe de chercheur a montré qu’un extrait de chélidoine « protégeait » contre l’effet des radiations ionisantes (comme la radiothérapie). Les cellules du sang se régénéraient beaucoup plus vite sous l’effet de cet extrait de chélidoine, quand il est donné avant l’exposition aux rayons .
En Autriche d’autres chercheurs ont trouvé qu’un extrait aqueux de chélidoine contenant un glucide particulier (un poly-glycosaminoglycane) qui possédait un pouvoir antirétroviral in vitro (sur des lymphocytes parasités par le virus du sida), et in vivo chez des souris parasitées par un rétrovirus murin.
En Autriche encore, un institut recherchant de nouvelles molécules anticancéreuses a testé un nouveau médicament anticancéreux à base d’alcaloïde de chélidoine l’Ukrain. Les résultats semblent prometteurs et ce nouveau médicament est l’objet d’évaluations cliniques , il agirait en renforçant l’immunité cellulaire, (augmentation du nombre de lymphocytes T) et pourrait renforcer les effets de la chimiothérapie anticancéreuse.
L’alcaloide Chelidonine, extrait de la chelidoine et chimiquement non modifié, possède, in vitro, une action cytotoxique notamment contre des cellules cancéreuses (exemple mélanome) et un pouvoir antiviral mais, à ma connaissance, cet alcaloide n’est pas encore utilisé en cancérologie.
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