

Les habitants du Pacifique Sud, Mélanésie et Polynésie, ne connaissaient, avant leur contact avec les européens, qu’une seule boisson enivrante préparée à partir des racines du poivre inébriant : PIPER METHYSTICUM ,PIPERACEAE

Cette boisson, le KAVA, était généralement préparée en trempant dans de l’eau la racine de la plante, pulvérisée au pilon ou mâchée longuement .
En Polynésie c’était les jeunes filles ou garcons, qui mâchaient les racines fraîchement déterrées; l’amas fibreux et imprégné de salive, déposé dans un grand récipent en bois, était mélangé à une quantité très précise d’eau; le tout, grossièrement filtré, était prêt à boire, sans qu’on lui fasse subir de fermentation.
Plus à l’ouest (Samoa, Tonga, Fidji, Vanuatu), et encore de nos jours, les racines sont broyées dans un mortier et la pulpe est diluée dans de l’eau, ou la poudre de racine sèche broyée est diluée dans de l’eau .
Le KAVA est généralement une boisson de cérémonies mais les hommes de la tribu en consomment aussi le soir dans leur maison collective (le nakanal).
Le breuvage a une couleur café au lait peu engageante, sa saveur est d’abord douce et devient piquante, amère, brûlant un peu la langue.
Il existe des formes « sauvages » (Piper wichmanni) du Piper Methysticum qui lui est une variété sélectionnée (domestiquée)..
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Il pousse dans les vallées humides et ombragées , il est en général cultivé avec soin (on le récolte au bout de 3 à 5 ans). C’est un arbuste touffu aux larges feuilles en forme de coeur.
Les espèces sauvages voisines peuvent être confondues : Piper excelsum (principalement en nouvelle zélande) , Piper latifolium (polynésie et pacifique sud tropical)..
Aux Iles Marquises en 1920, les habitants distinguaient 21 variétés qui toutes ont disparu depuis, par manque de soins et par interdiction de culture ; on buvait le KAVA avant le combat ou à l’occasion de sacrifices humains.
Actuellement dans le reste du Pacifique, on cultive au moins 67 variétés; en 1995-99 la production de racines était évaluée à 20 à 30 000 tonnes par an, presque entièrement consommée localement ; la culture du KAVA s’est considérablement développée depuis pour fournir le marché international avec des variations liées à l’évolution des interdictions ou des autorisations d’importation .
Les racines principales (rhizome )et les petites racines secondaires sont les parties médicinales de Piper methysticum.
KAVA PIPER METHYSTICUM PACIFIQUE SUD BOISSON TRADITIONNELLE CALMANT INDUCTEUR DE SOMMEIL ANXIOLYTIQUE ANTISPASMODIQUE HEPATOTOXIQUE
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
Les constituants actifs sont des pyrones: Kawaïne, Methysticine, Yangonine.
- La fraction hydrosoluble est analgésique chez la souris.
- Les fractions hydrosolubles et liposolubles diminuent la mobilité spontanée et induisent la sédation sans perte du tonus musculaire.
- La fraction liposoluble seule (la résine) induit le sommeil.
- Les études sur animaux et les observations chez l’homme concluent à une ACTION SÉDATIVE ET TRANQUILISANTE du KAVA sans effets secondaires importants.
- C’est aussi un MYORELAXANT, SPASMOLYTIQUE, ANTICONVULSIVANT ET LEGEREMENT ANALGESIQUE.
UTILISATIONS
UTILISATION TRADITIONNELLE DU KAVA
On peut, bien sûr, boire le KAVA comme les anciens guerriers Maoris, c’est-à-dire très concentré, extrait de la racine fraîchement déterrée, quasi toxique (la racine séchée paraît moins active), et dans ce cas ce n’est pas une boisson agréable, l’ivresse est pénible, s’accompagne de maux de tete (céphalées) , le bruit devient intolérable; mieux vaut diminuer la dose et c’est alors une boisson conviviale, de détente, sans effets désagréables.
UTILISATION MODERNE DU KAVA
Si l’usage du KAVA a disparu en Polynésie (mais on parle de relancer sa culture), par contre, dans le Sud-Ouest Pacifique, il est très facile de s’en procurer.
Traditionnellement, seuls les hommes en buvaient mais on trouve de plus en plus de bar KAVA dans les grandes villes y compris à Nouméa et en Australie.
Loin du Pacifique, on peut utiliser le KAVA en poudre à diluer ou en gélules dosées précisément en principes actifs.
La boisson KAVA a un effet relaxant sur le physique mais aussi sur le mental et paradoxalement augmente la capacité d’idéation.
C’est une boisson « sociale » qui facilite les relations humaines, donne une sensation de légèreté, éventuellement une légère ivresse.
On peut la préparer à partir de poudre de racine séchée ou de poudre à dissolution instantanée.
UTILISATION MEDICALE DU KAVA
Les extraits normalisés en substances actives sont une alternative à la consommation d’anxiolytiques de synthèse, d’antidépresseurs et même de somnifères.
Les études toxicologiques ont montrées que le KAVA n’est pas dangereux à doses modérées et pendant un temps limité (inférieur à 3 mois) ; il est néanmoins déconseillé aux femmes enceintes ou allaitant ainsi qu’aux enfants.
Les EFFETS INDESIRABLES les plus couramment observés sont digestifs (troubles gastriques), allergiques (urticaire, migraine).
Les très gros consommateurs peuvent développer des TROUBLES CUTANES (sécheresse de la peau avec prurit) qui sont réversibles à l’arrêt du traitement.
L’accoutumance est faible mais il peut y avoir un renforcement dangereux de l’effet d’autres substances agissant sur le système nerveux central comme l’alcool ou des psychotropes (antidépresseurs, barbituriques).
Une étude récente a révélée que le kava pouvait induire des TROUBLES HEPATIQUES en général légers mais pouvant aller jusqu’à une hépatite grave( voir plus bas).
Reste à déterminer quelles sont les substances hépatotoxiques, peut-être concentrées lors du traitement des extraits bruts de kava.
PRECAUTIONS ET REGLEMENTATION
Certaines personnes sont allergiques au kava et peuvent dès la première prise développer une hépatite très grave (1 personne sur 150 à 200 000).
En 2002 , à la suite de plusieurs cas d’hépatites graves en Allemagne notamment , le kava et les extraits de kava ont été interdits d’importation et d’utilisation dans la majorité des pays occidentaux .
Depuis on s’est apercu que ces intoxications (principalement de personnes âgées) était probablement dues :
- A des adultérations du kava d’exportation : par des espèces voisines toxiques, par des plants de kava mal conservés et fermentés, par la commercialisation de parties du kava qui ne sont pas la racine et qui contiennent des substances toxiques.
- Aux techniques d’extraction des laboratoires occidentaux qui utilisent des solvants non aqueux pouvant concentrer des composés indésirables hépatotoxiques.
Depuis cette date les interdictions du kava ont été levées ou atténuées dans les pays occidentaux car les pays exportateurs ( principalement le VANUATU et les iles FIDJI ) se sont engagés à respecter des normes pour garantir la bonne qualité de leur kava exporté et les laboratoires pharmaceutiques ont adapté leur technique d’extraction.
CULTURE DU KAVA
Le kava, Piper methysticum, se cultive en zone tropico-équatoriale humide et chaude, souvent en zone semi-ombragée.
Il existe de nombreuse variétés culturales ( surtout au Vanuatu)
C’est une plante « hybride », polymorphe qui ne se reproduit pas par graines même si les plants présentent des fleurs mâles ou femelles.
La propagation se fait facilement par bouture en utilisant des rameaux ligneux sur des pieds de 2 à 3 ans .
Le sol de culture doit être profond, riche en matière organique, régulièrement humide mais bien drainé .
On récolte les racines (rhizome et racines secondaires) au minimum au bout de 3 ans, de préférence 5 ans.
Un plant de kava peut durer plusieurs dizaines d’années .
L’appareil racinaire est soigneusement lavé puis séché (au soleil ou dans un four à coprah) souvent après avoir été débité en rondelles ou fragments à la machine ou la machette.
RESUME
Un antidépresseur naturel et convivial
Le kava est une boisson traditionnelle du pacifique sud que l’on produit à partir de la racine d’un poivrier.
C’est un antidépresseur légèrement anxiolytique et apaisant qui provoque parfois une légère ivresse.
En 2002 de nombreux pays occidentaux ont interdit sa commercialisation à cause d’une possible toxicité hépatique mais depuis les raisons de cette intoxication ont été déterminées et le commerce des produits à base de kava est à nouveau autorisé dans la majorité des pays.
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