Plantes vivaces, arbustes ou arbrisseaux buissonnants des régions froides et humides mais aussi plantes tropicales se développant sur les plantes montagneuses, les ERICACEAE sont robustes, peu exigeantes sur la qualité du sol (sol pauvre, acide, caillouteux, quasi sans humus) ; citons les bruyères, les myrtilles ou airelles, les rhododendrons.
Elles colonisent aisément d’énormes surfaces de terrain pauvres en formant des landes ou des brousses où elles sont majoritaires.
Elles prolifèrent grâce à une association efficace avec des champignons saprophytes au niveau de leurs racines (mycorrhyses) et dans certains cas grace à leur capacité à recouvrir le terrain en émettant des stolons dans toutes les directions. Elles peuvent ainsi devenir des plantes envahissantes empêchant la croissance des autres végétaux.
Les Vaccinium et les genres voisins (ex : Gaultheria, Symphysia aux Antilles) produisent des baies comestibles de petite taille, généralement fortement colorées et recherchées par les animaux (et les humains).
Les fruits et les feuilles des myrtilles, airelles (ou canche), busserole, arbousier, bleuets d’Amérique du Nord, cranberry (= canneberge) sont médicinaux, mais dans cette page de phytothérapie nous parlerons essentiellement de la myrtille européenne et du cranberry (canneberge) nord-américain qui possèdent des propriétés médicinales très intéressantes notamment pour la prévention des infections urinaires récidivantes.
MYRTILLE CRANBERRY CANNEBERGE INFECTIONS URINAIRES CYSTITE ARTERIOSCLEROSE DIABETE
LA MYRTILLE
La myrtille, VACCINIUM MYRTILLUS, se développe bien dans les régions tempérées froides (Europe centrale (ex, Pologne) et en France sur les pentes montagneuses des Vosges, du Massif Central, des Alpes et des Pyrénées) ; sur sol acide (siliceux, forêt à humus) elle peut être très abondante.
Les feuilles sont fermes et coriaces, les fleurs en grelots (typiques des ericaceae) naissent à l’aisselle des feuilles.
Le fruit est bleu-violacé, c’est une petite baie à sommet aplati qui porte une cicatrice circulaire reste du calice floral, la chair du fruit est colorée en rouge violacé.
LA CANNEBERGE OU CRANBERRY
Le cranberry,VACCINIUM MACROCARPON, ou canneberge à gros fruit (il peut atteindre 2 cm de diamètre), Vaccinium macrocarpon, pousse naturellement dans les zones humides (tourbières, zones sablonneuses) parfois en sous-bois dans le nord-est de l’Amérique du nord.
Le cranberry est maintenant cultivé à grand échelle pour ces fruits diététiques et médicinaux.
Il existe une variété voisine, Vaccinium oxycoccos, répandue dans tout l’hémisphère nord mais au fruit beaucoup plus petit, moins connue au niveau pharmacologique mais qui commence à être étudiée notamment en Russie.
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
FRUIT ET FEUILLE DE LA MYRTILLE ET DU CRANBERRY
La baie de la myrtille, de la canneberge et de ses ces cousines végétales (V. vitis-idae, V. corymbosum ) ont une composition chimique voisine :
- 85 à 90% d’eau,
- 3 à 8% d’acides organiques (citrique, malique.),
- un peu de vitamine C et provitamine A,
- 4 à 10% de tanins : tanins proanthocyanidols (ou tanins catéchiques),
- une quantité importante d’anthocyanosides (pigment végétaux bleus ou rouges(0,5% du fruit frais)) qui résultent de l’association d’un sucre (glucose, ou galactose ou arabinose) avec un anthocyanidol (ex, cyanidol, delphinidol, pétunidol),
- des flavonoïdes (pigments jaunes) communs dans de nombreux végétaux ( dérivés du quercétol, du kaemférol)
- des sucres et des pectines.
Les feuilles de myrtille et de Vaccinium en général renferment des flavonoïdes (dérivés du quercétol) et des tanins (proanthocyanidols).
Les pigments anthocyanosides de la baie de myrtille et de la canneberge (cranberry) possèdent des propriétés très intéressantes (et communes avec d’autres plantes par exemple la vigne rouge ou le cassis) :
- ce sont des vasculoprotecteurs qui renforcent le tonus et diminuent la perméabilité des capillaires sanguins,
- ils ont donc des propriétés anti-oedèmateuses (vérifiées chez l’animal par voie orale, intraveineuse et intrapéritonéale)et même anti-hémorragiques (par effet mécanique),
- ils sont anti-inflammatoires par inhibition de l’agrégation plaquettaire et de certains enzymes,
- Comme beaucoup de composés phénoliques, ils piègent les radicaux libres,
- toutes ces propriétés se conjuguent pour limiter la dégénérescence des vaisseaux sanguins (athérosclérose et artériosclérose).
Ils faciliteraient la régénération du pourpre rétinien (rhodopsine) améliorant ainsi ou facilitant la vision nocturne ; cette dernière propriété est classique mais non prouvée.
Les tanins des Vaccinium sont :
- astringents et antiseptiques par voie interne et externe,
- également piégeurs de radicaux libres,
- les tanins dimères très proches des anthocyanosides ont de réelles propriétés vasculoprotectrices et sont inhibiteurs de nombreux enzymes (certains importants dans le processus inflammatoire)
Cranberry, canneberge et infections uriniaires à colibacille
Une fraction des tanins a la propriété d’empêcher Escherichia Coli ou colibacille de s’ancrer sur les cellules épithéliales des parois de l’intestin et surtout des voies urinaires (urètre et vessie).
L’infection urinaire récidivante (cystite à répétition) est en-effet le plus souvent du à ce colibacille, bactérie intestinale mais qui infecte l’arbre urinaire à cause de la proximité des orifices du rectum et des voies urinaires.
Les substances « antiadhésives » inactivant le colibacille sont surtout présentes dans les fruits du cranberry ou canneberge, celles de la myrtille sont beaucoup moins efficaces.
Ces tanins « anticolibacille » n’ont pas un pouvoir antibiotique, ils ne tuent pas les bactéries, mais les inactivent, le flux urinaire les élimine sans qu’ils aient la possibilité de s’ancrer sur la muqueuse urinaire, premier temps de l’infection.
Certaines études suggèrent que les tanins du cranberry (canneberge) peuvent également limiter le développement d’Helicobacter pylori (principal responsable de l’ulcère gastrique) , de streptococcus mutans ( infection dentaire, parodontite, caries), et de l’infection grippale (à la manière du fruit du sureau).
Les tanins des feuilles et des fruits des myrtilles et canneberge sont astringents, antiseptiques et peuvent, à faible dose, améliorer les symptomes du diabète de type 2.
Des études récentes s’intéressent au pouvoir anti-angiogénique des extraits de fruit de myrtille et canneberge. Les cancers ayant besoin d’une augmentation du réseau sanguin pour se developper, limiter le développement de cette angiogenèse est une des pistes thérapeutiques pour lutter contre le cancer.
UTILISATIONS
FRUIT ET FEUILLE DE MYRTILLE ET CRANBERRY
Les extraits de myrtille(fruit ou feuille) et surtout de cranberry (fruit)par voie buccale
On les préconisera :
- Pour soigner les troubles liés à la fragilité capillaire et à l’insuffisance veineuse : ecchymoses spontanées, purpura, pétéchies, varices et hémorroïdes, troubles trophiques liés au diabète, œdème des membres inférieurs du à une insuffisance veino-lymphatique,
- pour contrôler les épisodes diarrhéiques infectieux ou prévenir leur apparition,
- et SURTOUT POUR AIDER A GUERIR LES CYSTITES désespérément chroniques et les infections des voies urinaires dues aux colibacilles et en prévenir les rechutes,
- pour améliorer la vision en lumière atténuée chez les gens fatigués, stressés ou les «professionnels du volant »; cette indication n’est pas prouvée,
- pour améliorer les troubles physiques liés au diabète de type 2,
- pour ralentir le vieillissement des vaisseaux sanguins et donc retarder l’apparition des accidents vasculaires (infarctus du myocarde, AVC).
Les extraits de myrtille et de cranberry par voie externe
Par voie externe :
- La décoction de feuilles peut être utile pour désinfecter les blessures ou les brûlures superficielles même légèrement surinfectées, dans les infections de la bouche (aphte, muguet, gingivite), en injection vaginale (leucorrhée), exemple 50 g de feuilles dans 1 litre d’eau bouillir ½ heure.
- La décoction de fruit et de feuille peut aider à soulager les hémorroïdes (en application ou en lavement) : 100g de baies sèches ou 150 g de baies mures dans 1 litre d’eau bouillir ½ heure.
Exemples de posologie
On trouve en pharmacie ou sur internet :
- des teintures mère : Vaccinium myrtillus ou Vaccinium vitis-idae, teinture-mère 50 à 150 gouttes par jour ,
- des poudres (cryobroyat) de fruit ou de feuille : 1g à 1,5 g par jour,
- des phytomédicaments qui associent des extraits de vaccinium à d’autres plantes à visée vasculoprotectrice.
- des extraits de CRANBERRY (canneberge) sous forme de comprimés, de gélules, d’ampoules buvables :
Pour SOIGNER ET PREVENIR L’INFECTION URINAIRE il faut consommer quotidiennenment environ l’équivalent de 20 à 60 g de fruit frais en répartissant la dose en deux fois .
On doit donc bien lire la notice du médicament ou du complément alimentaire pour atteindre cette dose.
Il faut également boire au moins 1,5 l d’eau ou de tisane par petite quantité tout au long de la journée.
Les extraits de cranberry ne sont pas standardisés, néanmoins la dose quotidienne conseillée est entre 300 et 500mg d’extrait de cranberry par jour.
Le traitement est prolongé car préventif, de 3 à 6 mois selon la récurrence des épisodes de cystite.
En CAS DE CYSTITE AIGUE il ne faut pas hésiter à utiliser un traitement antibiotique (1 à 7 jours de traitement voir plus selon l’antibiotique prescrit) pour éviter une infection plus grave (pyélonéphrite) et prendre les extraits de cranberry en relais après le traitement par les antibiotiques.
On peut utiliser les baies fraîches ou leur jus (assez astringent) ainsi que les baies et les feuilles séchées.
Il faut en user modérément car la présence de tanin provoque une constipation secondaire.
L’absorption intestinale des anthocyanosides peut être d’ailleurs être contrariée par la présence de ces tanins ; on peut préférer les extraits enrichis en anthocyanosides aux extraits totaux pour traiter les problèmes de microcirculation.
Myrtille et échinococcose alvéolaire
ATTENTION : dans certaines régions d’Europe les myrtilles peuvent être polluées par les défécations de renards ( qui sont friands de ces baies) et être ainsi à l’origine d’une maladie assez grave : l’échinococcose alvéolaire.
En France, la Franche-comté, la Lorraine, le massif central et les alpes sont des zones à risques.
La Suisse, le sud de l’Allemagne et l’Autriche sont également touchées.
Le parasite est détruit par la chaleur mais résiste au froid ou à l’eau de javel.
On limite le danger en récoltant les myrtilles les plus éloignées du sol.
RESUME
DES BAIES SAUVAGES DES REGIONS FROIDES
La myrtille et ses cousines, airelle et cranberry, sont de petits fruits très colorés dont les pigments sont utiles pour lutter contre la fragilité des capillaires sanguins et peut-être pour mieux y voir la nuit. Elles contiennent des substances qui empêchent le développement des infections à colibacille digestive et urinaire (cystite à répétition).
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