ORTIE

Les ORTIES, URTICACEAE, sont des plantes très communes dans les régions tempérées de l’hémisphère nord. Ce sont des plantes remarquables car urticantes!!

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Les tiges et les feuilles possèdent en-effet des poils très fins, aigus et cassants remplis de substances provoquant par contact cutané une réaction semblable à un urticaire d’origine allergique.

Les deux espèces d’orties sont souvent confondues et possèdent des propriétés très semblables.

La grande ortie, URTICA DIOICA, est dioique, les plantes sont mâles ou femelles, elle atteint plus d’un mètre et est pérenne grace à un réseau important de stolons rhizomateux et de racines.

L’ortie brulante, URTICA URENS, est plus petite, annuelle et possède des fleurs males et femelles sur le meme pied.

Les orties sont répandues mais préfèrent les sols légèrement humides riches en azote et phosphore que l’on trouve aux abords des habitations, dans les jardins abandonnés, près des fermes, sur les bords des fossés ou à l’ombre des arbres fruitiers. Elles ne se développent pas en atmosphère marine.

Ces plantes mal-aimées, car urticantes au contact, sont pourtant utiles : elles sont consommées par beaucoup d’insectes non nuisibles et pollinisateurs, on peut les manger, elles sont médicinales et servent en agriculture et dans les petits élevages (notamment les poules pondeuses).

Les feuilles et surtout les racines sont médicinales.

Les orties sont des plantes textiles utilisées depuis le néolithique, on extrait de leurs tiges une fibre assez grossière mais solide par la technique du rouissage comme pour le lin ou le chanvre.
Les orties sont tinctoriales : la teinture naturelle se fait à partir de leurs racines ou des feuilles.

ORTIES URTICA DIOICA URTICA URENS COMESTIBLES FER PROTEINES VITAMINES ADENOME PROSTATIQUE TROUBLES DU CHOLESTEROL

COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

LES FEUILLES

Elles contiennent des substances communes aux végétaux supérieurs :

  • Flavonoides (notamment dérivés anti-inflammatoires du quercétol et du kaempférol).
  • Acides-phénol également anti-inflammatoires par leur action anti-oxydante : acide caféique, acide chlorogénique et leurs dérivés.
  • De la chlorophylle abondante mais peu de pigments caroténoïdes.
  • Des sels minéraux ( de calcium, potassium, silicium) et du fer; les feuilles matures contiennent des cristaux de calcium insolubles (cystolithes) présents surtout après la floraison.
  • De la vitamine C.
  • Des stérols (beta-sitostérol, stigmastérol).
  • Des traces d’alcaloïdes.
  • Des protéines en quantité intéressante.

Les feuilles sont légèrement anti-inflammatoires et diurétiques, elles sont une source de protéines végétales et de fer assimilable.

LES POILS URTICANTS

Il existe deux types de poils, certains sont souples et sans danger, les autres sont plus longs rigides , pointus et cassants. Ces derniers contiennent plusieurs substances, en faible quantité mais très actives, qui induisent très rapidement une réaction inflammatoire quand elles pénètrent à travers la peau.

C’est principalement un mélange d’histamine et de sérotonine; certaines sources citent aussi du formol, de l’acétylcholine et des leucotriènes (très inflammatoires).

La réaction cutanée est semblable à un urticaire allergique : sensation de brûlure puis rougeur cutanée en plaque irrégulière spontanément résolutive en quelques heures ou minutes selon l’intensité du contact avec la plante et l’épaisseur de la peau.

Les orties ne sont pas des plantes aussi redoutables que d’autres plantes urticantes comme le « poison ivy » nord américain ou le » bois brésil » des Antilles.

LES RACINES ET STOLONS RHIZOMATEUX

Les extraits de racine d’ortie sont principalement utilisés en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate (ou adénome prostatique)
Les pharmacologues ont en-effet identifié plusieurs composés qui auraient la capacité d’interférer dans le métabolisme des hormones sexuelles au niveau de la prostate et de limiter le développement des cellules prostatiques.

Rappel:

Les hormones sexuelles sont liées à une protéine de transport dans le sang, cette protéine reconnait certains sites à la surface des cellules pour lesquelles elle a de l’affinité et s’accroche à eux ce qui permet le transfert des hormones dans les cellules a travers la membrane cellulaire.

Les extraits de racine d’ortie limitent, in vitro, l’adhésion de cette proteine (Sex hormone-binding globulin (SHBG)) sur les cellules de la prostate modifiant ainsi son métabolisme.
Par ailleurs, un composé isolé (une agglutinine spécifique de l’ortie), se fixe sur les cellules prostatiques et limite leur prolifération.

De nombreuses études cliniques ont été récemment faites pour vérifier la capacité des extraits d’ortie à améliorer les symptomes de l’hypertrophie de la prostate. Elles sont dans l’ensemble plutôt positives; on observe principalement une diminution du volume post-mictionnel, et une légère diminution du volume de la prostate après plusieurs mois de traitement.

UTILISATIONS

RACINE D’ORTIE et HYPERTROPHIE BENIGNE DE LA PROSTATE
(adénome prostatique)

Les extraits de racine d’ortie sont utiles quand la prostate n’est pas trop grosse et les troubles urinaires modérés, c’est à dire au début de l’évolution de l’adénome.
Il est conseillé d’associer ces extraits à ceux du palmier de floride (Serenoa repens) ou du prunier d’Afrique (Pygeum africanum=Prunus africanum), ou aux autres extraits de plantes efficaces dans cette affection (graines de courge et pollen de graminées).

Pour être efficace le traitement doit être prolongé et les effets ne se font sentir qu’au bout de plusieurs semaines.

Exemples de posologie :

  • Racine d’ortie séchée en infusion :
    2g de poudre de racine, 1/4 de litre d’eau, ébulition courte (moins d’une minute), infusion 10 à 15 minutes, à boire dans la journée.
  • Teinture mère de la plante entière (Urtica dioica) :
    50 gouttes 3 fois par jour.
  • Extrait fluide de racine d’ortie :
    10 gouttes 3 fois par jour.

On trouve dans le commerce (internet) et en pharmacie des préparations standardisées d’extraits de racine d’ortie ou à base de poudre de racine parfois en association avec d’autres plantes utiles dans les troubles bénins de la prostate.
Se conformer aux posologies indiquées car les compositions de ces préparations sont variables.
Les extraits de racine d’ortie présentent une faible toxicité .

ATTENTION :
En cas de troubles urinaires liés à une augmentation du volume de la prostate, il est impératif de consulter un médecin pour s’assurer du caractère bénin de l’hypertrophie prostatique.

UTILISATIONS DES FEUILLES :

Pour récolter les feuilles et les jeunes tiges on se protège la main avec un gant et l’avant bras avec un tissu épais.

  • Les feuilles se consomment comme des épinards (surtout en soupe), la cuisson détruit les poils urticants, l’apport en fer et en protéines est intéressant. Utiliser les feuilles avant la floraison ou les repousses après fauchage car les feuilles âgées contiennent des cystolithes qui peuvent provoquer une inflammation passagère des voies urinaires.
    La consommation régulière de feuilles d’ortie apporte du silicium, élément important pour le tissu conjonctif et nécessaire à la synthèse du collagène.
    L’apport en silicium permet de ralentir le développement de l’arthrose articulaire, de l’ostéoporose et peut-être de l’athérosclérose
  • La tisane de feuilles d’ortie (fraiches ou sèches) est légèrement diurétique et anti-inflammatoire.
  • Les feuilles fraiches urticantes en application sur les articulations douloureuses (doigts, genou) diminuent un peu la douleur articulaire d’origine inflammatoire par leur effet rubéfiant ou par l’ effet anti-inflammatoire indirect des substances urticantes injectées.
  • Le shampoing aux extraits de feuille d’ortie peut limiter la chute des cheveux (mais traditionnellement on appliquait directement les orties sur le cuir chevelu pour obtenir un effet rubéfiant !!)
  • Certaines études montrent l’intérêt d’extraits de feuilles d’ortie lyophilisées pour diminuer la rhinite allergique (rhume des foins).

LE PURIN D’ORTIE :

Faire macérer 1 à 2 kg d’ortie fraiche dans 5 à 10 litres d’eau pendant 2 à 3 semaines.
Le liquide obtenu, très nauséabond, peut s’utiliser dilué dans de l’eau au 1/10 en pulvérisation sur les feuilles pour repousser les insectes, surtout les pucerons.
Dilué au 1/5 (1litre de purin pour 4 litres d’eau) on le pulvérise sur le sol contre les champignons pathogènes ou comme engrais naturel.
Pour activer la maturation d’un tas de compost on peut l’utiliser pur ou dilué.

CULTURE DES ORTIES

On peut être amené à cultiver les orties pour s’assurer d’un apport régulier en racines ou en feuilles.
On fait un semis de graines, puis on plante les jeunes plants; l’ortie dioique développe des stolons souterrains dans toutes les directions qui assurent la pérennité de la plantation .

RESUME

LES ORTIES, PLANTES MEDICINALES
Les feuilles d’orties sont non seulement comestibles mais intéressantes au niveau diététiques
par leur apport en fer et protéines.
La racine d’ortie contient des composés qui ralentissent l’augmentation de volume de la prostate
(adénome prostatique)
Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel

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