Les phyllanthus sont nombreux, plus de 700 espèces, ce sont des plantes majoritairement tropicales qui pendant longtemps étaient classées parmi les euphorbiacées et maintenant sont regroupées dans les PHYLLANTHACEAE.
Phyllanthus niruri et Phyllanthus amarus semble être la même espèce, Phyllanthus urinaria en est très proche.
Ces phyllanthus sont de petites plantes herbacées, souvent annuelles, extrêmement répandues dans les régions tropicales du monde entier (hormis les zones trop sèches), elle sont très souvent considérées comme des espèces invasives ou des « pestes » végétales dans les champs et les jardins (adventices des cultures).
Ces deux phyllanthus se ressemblent beaucoup : voir cette description extraite de la flore illustrée des phanérogames de la Guadeloupe et Martinique
Jacques Fournet INRA 1978:
<< herbes annuelles ou pérennes peu élevées, ramules à disposition hélicoidale sur l’axe principal, feuilles primaires seulement sur l’axe principal précocément caduques, pédicelles des fleurs femelles inférieur à 4 mm et non ascendant, Phyllanthus urinaria : graines à côtes transversales grossières sur le dos, feuilles de l’apex des ramules souvent falciforme tiges et ramules souvent rouges; Phyllanthus niruri :graines verruqueuses ou lisses sur le dos, feuilles non falciformes, tiges et ramules vertes ou blanchâtres, sous espèces graines tachées ou non tachées >>
Le Phyllanthus niruri (= amarus) c’est le « (graines) en bas feuille vert » aux Antilles, « ti tamarin blanc » à la Réunion.
le Phyllanthus urinaria c’est le « (graines) en bas feuille rouge » aux Antilles.
PHYLLANTHUS AMARUS = PHYLLANTHUS NIRURI
Dans les pays parlant espagnol on les appelle CHANCA PIEDRA, QUEBRA PEDRA au Brésil et STONE BREAKER dans les pays anglophones.
Ces appellations rappellent leur action sur les calculs des voies urinaires ( voir plus bas)
Ces deux espèces sont les plus employées comme plantes médicinales mais comme il est parfois très difficile de différencier ces petites plantes les unes des autres , d’autre espèces voisines de phyllantus sont également utilisées en médecine traditionnelle en Asie, Afrique et Amérique latine.
Toutes les parties de ces plantes sont médicinales : racine, tige, feuille et rameaux fleuris, latex (sève).
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
Phyllanthus niruri et urinaria, utilisés depuis très longtemps en médecine traditionnelle (surtout en Inde), ont été étudiés récemment dans de nombreux pays (hormis l’Europe).
Ils contiennent beaucoup de substances peu toxiques et actives d’un point de vue pharmacologique mais ils ne font pas partie de la Pharmacopée Française.
PRINCIPAUX COMPOSANTS DES PHYLLANTHUS NIRURI ET URINARIA
- Des flavonoïdes et flavonol : anti-inflammatoires, anti-oxydants, protecteurs des tissus.
- Des tanins : anti-viraux, actifs sur certaines lignées cancéreuses, antalgiques, protecteurs de la muqueuse gastrique, légèrement hypotenseur.
- Des lignanes (composés phénoliques précurseurs de la lignine) : phyllanthine et hypo-phyllantine, phyto-oestrogène, protecteur des cellules du foie (hépato-protecteur).
PROPRIETES DES EXTRAITS DE PHYLLANTHUS NIRURI ET URINARIA
Comme c’est assez souvent le cas en phytothérapie, on ne peut pas toujours relier les propriétés médicinales de ces petites plantes à des composés spécifiques.
ACTION SUR LES CALCULS DES VOIES URINAIRES (REIN, VESSIE) OU LITHIASE URINAIRE
Phyllanthus niruri et urinaria sont traditionnellement des plantes employées pour favoriser l’élimination des calculs urinaires et prévenir leur formation d’ou leur nom de « brise pierre » dans certains pays.
Plusieurs études récentes montrent qu’en effet les extraits de ces deux plantes interagissent chimiquement sur la formation des calculs des voies urinaires, les rendant plus lisses, plus friables et facilitent peut-être leur passage en dilatant les voies urinaires (effet spasmolytique) et en augmentant le volume des urines (effet diurétique).
ACTION ANTI-VIRALE et PROTECTION DU FOIE
Les Hépatites A, et surtout B et C sont à l’origine de troubles hépatiques graves surtout quand l’infection virale persiste longtemps, une fibrose progressive du foie (cirrhose) est alors à craindre et dans certain cas il y a cancérisation du foie.
On connait des substances d’origine végétale qui ralentissent cette évolution (comme la silymarine); les extraits de phyllantus semblent aussi de bons protecteurs du parenchyme hépatique et ralentissent peut-être également la reproduction des virus de l’hépatite B.
La protection hépatique serait principalement du à des composés anti-oxydants, anti-inflammatoires.
ACTION SUR CERTAINS CANCERS
Quelques études in vitro et plus rarement in vivo montrent que certains extraits des phyllanthus décrits peuvent retarder le développement cancéreux (effet anti-angiogénique) et accélérent la mort des cellules cancéreuses ( par apoptose).
Cet effet semblent plus documenté sur le cancer de la prostate ( cancer à évolution trés souvent assez lente).
ACTION ANTI-DIABETE
Il existe dans les parties aériennes de Phyllanthus niruri des composés qui limitent l’absorption du glucose au niveau intestinal et augmentent la pénétration cellulaire (le stockage) du glucose sanguin. Ces deux effets conjugués permettent d’améliorer un diabète de type 2.
ACTION ANTI-INFLAMMATOIRE, ANTALGIQUE
Les extraits des phyllanthus décrits agiraient à la manière de l’aspirine dont ils potentialisent les effets, de plus ils limiteraient la migration des polynucléaires neutrophiles en partie responsables des réactions inflammatoires (mais aussi nécessaires pour contenir les infections).
ACTION SUR LA PRESSION SANGUINE
Les phyllanthus permettent une petite diminution de la tension systolique (donc de la pression artérielle), on observe aussi une diminution du taux de cholestérol sanguin (un peu comme avec les extraits de feuilles d’olivier).
Ces deux effets sont intéressants et complémentaires pour diminuer les effets et l’évolution de l’athéroslérose.
UTILISATIONS
Phyllantus niruri et urinaria sont de bons exemples de plantes médicinales très utilisées depuis longtemps (notamment en Inde et dans le sud-est asiatique), faciles à récolter ou cultiver, qui contiennent beaucoup de substances actives mais qui sont complètement négligées par les laboratoires pharmaceutiques pour des raisons essentiellement économiques (pas assez de retour sur l’investissement des recherches et difficulté à avoir une exclusivité sur le phytomédicament).
En l’état des connaissances actuelles on peut employer les Phyllanthus niruri et urinaria :
-En cas de calculs urinaires (lithiase), surtout en association à un traitement par lithotripsie, ou quand les calculs sont de très petites tailles et en l’absence de complications infectieuses.
- En cas d’infection urinaire non compliquée (cystite).
- Pour accompagner un régime amaigrissant : effet diurétique, limitation de l’absorption des glucides.
- En cas de diabète de type 2 : effet sur les glucides, sur la pression artérielle, effet sur les lipides sanguins et anti-inflammatoire.
- En cas d’hépatite A, B et même C pour retarder l’évolution de la maladie en attendant un traitement antiviral spécifique.
- En cas d’infection par le virus de la dengue ou du chikungunya : ces deux infections virales sont en expension rapide dans tous les pays tropicaux et même sub-tropicaux, il n’ y a pas pour le moment de traitement spécifique ni de vaccin.
Le jus de feuille de papayer a déjà été employé avec succès semble-t-il pour la dengue et les phyllanthus l’ont été également en Inde.
-Comme une plante « dépurative » par son action sur les cellules hépatiques, les lipides sanguins, son effet diurétique et anti-inflammatoire.
-En complément d’un traitement anticancéreux classique quand les reins fonctionnent bien.
EXEMPLES DE POSOLOGIE :
Infusion : une petite poignée des parties aériennes dans 1/2 litre d’eau très chaude, 10 minutes d’infusion
2 à 3 tasses par jour (c’est très amer).
Décoction : deux pieds complets (avec les racines) de phyllanthus niruri ou urinaria dans 1/2 ou 1 litre d’eau, bouillir 5 minutes et infuser 10 minutes , la décoction est plus concentrée surtout en tanins (la racine en est plus riche)
1 à 3 tasses par jour (très amer également).
Teinture alcoolique de Phyllanthus niruri ou urinaria : on peut faire une teinture alcoolique (domestique) au 1/5 , proportions : 200 g de plante sèche ou 500 g de plante fraiche dans 1 litre d’alcool à 50° pour la plante sèche et 70° pour la plante fraiche.
50 à 100 gouttes 3 fois par jour
Teinture-mère de Phyllanthus niruri (en pharmacie) :
50 gouttes 3 à 4 fois par jour en traitement d’entretien
100 gouttes 3 à 4 fois par jour en traitement d’attaque pendant une à deux semaines
Poudre de Phyllanthus niruri ou urinaria : 1 à 2 g, 2 à 3 fois par jour.
Il n’existe pas à ma connaisance de phytomédicaments à base de Phyllanthus niruri ou urinaria en vente en France mais on peut en trouver en Italie (uriston) et sur internet (principalement en Angleterre) en provenance d’Amérique du sud.
CONTRINDICATIONS
- On doit être prudent en cas de troubles cardiaques et de traitement hypotenseur car il peut y avoir majoration des effets du médicament.
- La prise de Phyllanthus niruri ou urinaria est contrindiquée en cas de grossesse.
- On doit introduire un traitement contre le diabète avec prudence quand on en suit déjà un car les effets conjugués des deux traitements peuvent provoquer une hypoglycémie.
CULTURE DE PHYLLANTHUS NIRURI ET URINARIA
On peut cultiver ces petites plantes herbacées dans toutes les régions chaudes (tropicales et subtropicales).
Leur cycle végétatif est court et elle peuvent donc pousser dans les zones tempérées ou le sol se réchauffe assez vite, elles sont d’ailleurs présentes dans certains états du sud des USA.
La propagation se fait par semis.
IL NE FAUT PAS OUBLIER QUE CE SONT DES ESPECES INVASIVES, il est donc recommander de ne pas en introduire dans les zones où elle ne sont pas présentes
RESUME
Phyllanthus niruri et urinaria deux plantes médicinales des tropiques
Ces deux phyllanthus sont utiles en cas de calculs des voies urinaires (lithiase urinaires) d’où leur nom local de « casse pierre ». Elles peuvent protéger le foie et limiter les effets des hépatites virales A, B, et C, atténuer le diabète de type2, aider à lutter contre le cancer et détoxifier l’organisme.
Ces plantes sont présentes dans tous les pays chauds et très facile à cultiver, elles font partie des médecines traditionnelles Asiatiques, Africaines et Sud-Américaines.
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