

INTRODUCTION ET GENERALITES
L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ou adénome prostatique se développe chez l’homme en général vers l’âge de 60 ans. C’est une affection très banale : on estime que près de 60 à 80 % des hommes (de race blanche) en sont atteints à 60 ans. La survenue d’un adénome de la prostate est peut-être moins fréquente chez les hommes d’origine asiatique et plus fréquente dans les population d’origine africaine (tout cela est controversé).
Dans la grande majorité des cas, cette augmentation du volume de la prostate sera tolérée et ne nécessitera pas d’intervention chirurgicale ; des médicaments synthétiques et la phytothérapie sont parfois préconisés pour retarder le développement de l’adénome prostatique ou diminuer les troubles urinaires qui lui sont liés.
QU’EST-CE QUE LA PROSTATE ?

La prostate est une petite glande qui n’existe que chez l’homme, elle augmente de volume à la puberté (15 à 20 g, la taille et la forme d’une châtaigne).
Elle se situe très près de la vessie et entoure le conduit (urètre) qui permet d’évacuer l’urine. Son rôle principal est de sécréter des substances nécessaires à la bonne qualité du sperme (1/3 du sperme est d’origine prostatique) donc à la fécondation (substance nutritive pour les spermatozoïdes, enzymes, hormones, fluidifiants). Cette sécrétion se poursuit de la puberté à un âge très avancé ce qui permet à l’homme de rester fertile beaucoup plus longtemps que la femme.
La première augmentation rapide du volume de la prostate à la puberté est suivie d’une deuxième augmentation, progressive et beaucoup plus lente à partir de 25-30 ans et qui se poursuit toute la vie provoquant parfois dès 50 ans des troubles urinaires.
QU’EST-CE QUE L’ADENOME PROSTATIQUE ?
Il est synonyme de l’hyperplasie ou hypertrophie bénigne de la prostate, de l’hyperplasie prostatique ou de l’adénome de la prostate.
L’adénome de prostate est un myofibrome, une tumeur bénigne qui se développe à partir des constituants glandulaires et musculaires de la partie centrale de la prostate, rien à voir avec un cancer de la prostate, dans l’adénome pas de risque de dissémination.
Le développement de la prostate est sous l’influence des hormones mâles (androgènes), tout le monde est d’accord la dessus mais ce qui provoque l’augmentation anormale de la prostate reste l’objet de discussion. Il semblerait que la quantité de DHT (dihydrotestostérone) intra-prostatique, le dérivé actif de la testostérone, soit l’élément primordial de la croissance prostatique et qu’un déséquilibre hormonal (entre les œstrogènes et les androgènes) soit déterminant dans la survenue de l’adénome.

QUELS SONT LES SIGNES DE L’AUGMENTATION DU VOLUME DE LA PROSTATE ?
Ils sont insidieux et le plus souvent discrets, une histoire de tuyau.
La prostate augmentant de volume, comprime le conduit excréteur d’urine et diminue son diamètre entraînant d’abord
- une diminution de la force du jet d’urine,
- une lenteur à l’évacuation de la vessie,
- une mauvaise vidange de la vessie avec gouttes retardataires,
- une véritable difficulté à uriner (dysurie) qui peut aller jusqu’à l’impossibilité d’uriner(rétention urinaire).
D’autres signes sont aussi évocateurs de l’hypertrophie de la prostate mais ils sont moins spécifiques, les symptômes irritatifs :
- pollakiurie diurne et surtout nocturne (envie d’uriner fréquente)
- impériosité : envie d’uriner urgente
Si l’on observe que des symptômes irritatifs, il faut penser à une autre cause que l’hypertrophie prostatique.
QUELLES SONT LES COMPLICATIONS LIEES A L’ADENOME PROSTATIQUE ?
Quand la rétention urinaire est importante, il y a une augmentation de la pression des urines en amont dans la vessie et les voies urinaires hautes jusqu’au rein avec, en simplifiant :
- apparition d’une « vessie de lutte » : épaississement de la paroi avec zone de faiblesse, d’où l’apparition de diverticules et risque d’infection urinaire, de calculs de la vessie, de saignement (hématurie),
- atteinte des reins (hydronéphrose) avec le risque d’une insuffisance rénale,
- troubles du petit bassin secondaires aux efforts pour uriner (hernies, hémorroïdes),
le blocage complet des urines est toujours à craindre quelquefois secondaire à un changement d’activité (voyage, position assise prolongée), prise de médicaments.
Devant l’apparition des symptômes de l’hypertrophie de la prostate il est conseillé de consulter un médecin qui précisera l’importance de cet adénome et éventuellement dépistera des complications urinaires.
TRAITEMENT DE L’HYPERTROPHIE BENIGNE DE LA PROSTATE
PAR LES MEDICAMENTS DE SYNTHESE ET LES PLANTES MEDICINALES.
Nous évoquerons les traitements qui ont fait leur preuves et qui sont communément prescrits à l’exclusion des traitement en cours d’évaluation ou d’expérimentation.
MEDICAMENTS DE SYNTHESE :
Alpha-bloquants :
Exemple : Térazosine , Alfuzosine , Doxazosine, Tamsulosine
Ils permettent une relaxation rapide des fibres musculaires lisses (sphincter de la vessie, fibres musculaires intraprostatiques) mais ont souvent des effets indésirables. Ils n’ont pas d’effet sur le volume de la prostate. Les bénéfices se font sentir au bout de deux jours de traitement et les effets secondaires sont peu fréquents mais peuvent conduire à un arrêt du traitement(vertiges, céphalées ou migraines, hypotension orthostatique, palpitations cardiaques, trouble de l’éjaculation).
Inhibiteur de la 5-alpha réductase :
Exemple : Finastéride, Dutastéride
Ils agissent par inhibition de la 5-alpha réductase, qui transforme la testostérone en DHT dans la prostate. Le traitement induit une lente diminution du volume prostatique, et une amélioration progressive des symptômes cliniques sensible en quelques mois. Effets indésirables particuliers : trouble de l’érection, baisse de la libido et plus grave : des troubles psychiatriques tels qu’anxiété, changements de l’humeur, notamment humeur dépressive, dépression et moins fréquemment des pensées suicidaires
CHIRURGIE :
Il existe plusieurs possibilités de traitement par la chirurgie :
- traitement assez ancien mais qui a fait ses preuves : résection d’une partie de la prostate par voie endo-uréthrale, avec souvent un trouble secondaire de l’éjaculation qui se fait vers la vessie et non plus vers l’extérieur.
- en cas de troubles majeurs urinaires, ablation complète de la prostate mais c’est une opération chirurgicale plus compliquée et avec parfois des complications,
- des traitements plus modernes qui provoquent une nécrose partielle de la prostate (par exemple par embolisation), ils sont peu invasifs, ne modifient pas l’éjaculation mais il y a risque de récidive (retour des problèmes urinaires) au bout de quelques années.
MEDICAMENTS A BASE DE PLANTES MEDICINALES
Les plantes médicinales utiles pour diminuer les troubles liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate sont actuellement:
Le palmier nain de Floride : Serenoa repens = Sabal serrulata
La grande ortie : Urtica dioica
Le prunier d’Afrique : Prunus africanus = Pygeum africanum
La courge ou citrouille : Cucurbita pepo
Le pollen de certaines graminées.
Il est apparu avantageux d’associer plusieurs plantes dans le traitement de l’HBP
EXEMPLES DE PLANTES UTILISABLES
pour soigner l’hypertrophie bénigne de la prostate
PALMIER DE FLORIDE, Serenoa repens = Sabal serrulata
Ce palmier est indigène dans le sud est des USA, c’est un palmier nain (saw palmetto en anglais). On obtient de l’amande de son fruit, très oléagineux comme chez beaucoup de palmiers, un extrait lipidostérolique dont on ne connaît pas précisément le mécanisme d’action. Certains pensent que cet extrait de palmier inhiberait la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone (seule active sur la prostate) ; ou alors il exercerait un effet antiandrogène locale par inhibition compétitive d’hormone.
L’extrait de palmier de Floride est aussi anti-inflammatoire.
De nombreuses études ont montré l’intérêt de ces extraits pour diminuer les troubles liés à l’adénome prostatique; l’effet positif serait, dans beaucoup de cas, semblable à celui d’un alpha-bloquant, mais sans les effets désagréables de ces médicaments de synthèse.
Posologie moyenne :
Extrait lipidique : 300 à 400 mg par jour (soit en général deux gélules), certaines personnes ne le supportant pas à jeun, il vaut mieux manger en avalant les gélules
Teinture mère : 100 gouttes en traitement d’attaque pendant quelques semaines (2 à 3) que l’on peut réduire ensuite jusqu’à 20 gouttes par jour en traitement d’entretien.
En France la spécialité vendue en pharmacie et remboursable à 30% est le PERMIXON
GRANDE ORTIE OU ORTIE DIOIQUE, Urtica dioica
L’ortie est une plante très ubiquitaire qui se développe particulièrement bien dans les sols riches en nitrates, ses jeunes feuilles sont comestibles (comme des épinards ou en soupe), elles sont une source industrielle de chlorophylle. Mais attention quand on les cueille car elles possèdent de poils urticants (pas de danger, juste une réaction inflammatoire-allergique rapide et qui ne laisse pas de traces à la différence de certaines orties tropicales).
La racine de cette grande ortie contient des stéroïdes qui, semblerait-il, inhibent plusieurs « enzymes membranaires » de la prostate. Cette interaction métabolique limiterait le développement de l’adénome prostatique, voire réduirait le volume de la prostate.
Posologie moyenne
extrait de racine : 100 à 200 mg par jour
on peut éventuellement faire une tisane de racine mais l’effet est moindre et irrégulier. Par ailleurs, la tisane est un peu diurétique, ce qui n’est pas un effet recherché par quelqu’un qui a un adénome prostatique et des difficultés à uriner.
PRUNIER D’AFRIQUE, Prunus africanus = Pygeum africanum
Le prunier d’Afrique est originaire des régions tropico-équatoriales de l’Afrique.
On le trouve surtout dans les forêts primaires des régions montagneuses du Cameroun et du Congo, mais il pousse aussi dans les forêts bien arrosées de l’Afrique de l’Est, et même à Madagascar.
On extrait, à partir de l’écorce des arbres bien développés, un mélange de lipides et de stérols (phytostérols) qui possèdent des propriétés anti-oedemateuses et semblent agir aussi directement sur la glande prostatique : stimulation de la sécrétion prostatique, action directe sur les cellules de la prostate.
Il doit y avoir une interaction hormonale car l’extrait d’écorce de prunier diminue la concentration sanguine (plasmatique) de testostérone et d’hormone lutéinisante (LH).
Des essais cliniques ont montré que la prise d’extrait de prunier d’Afrique minimisait les symptômes de l’adénome prostatique et diminuait peut-être la taille de l’adénome, mais cela reste à vérifier.
Posologie moyenne
On préconise 100 mg d’extrait de Prunus africanus en une ou deux prises par cure de deux mois.
Il existait en France encore récemment une spécialité pharmaceutique le TADENAN, mais la production en est interrompue.
COURGE, OU POTIRON Cucurbita pepo
Cette plante rampante de grande taille est originaire de l’Amérique tropicale mais est répandue maintenant dans le monde entier ; la chair du fruit globuleux, et parfois de grande taille, est comestible (soupe, gratin), et diététique (vitamine A). Les graines aplaties sont antihelminthiques et contiennent des lipides dont l’insaponifiable est riche en glucosides de delta7-stérols et delta5-stérols.
L »huile » de courge est connue traditionnellement en Europe centrale et en Allemagne comme un remède de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Dans ces pays, on cultive une variété à graine « nue » (styriaca ), tout spécialement destinée à la production d’huile (de couleur verte et assez épaisse).
Les graines referment 40 à 50 % d’huile, composée en majorité d’acide linoléique (40-55 %, avec de l’acide oléique (30 %), palmitique (environ 10 %) et stéarique (5-7 %).
Le contenu important en acide gras insaturé fait que cette huile est diététique mais rancit très vite.
L’activité de cette huile sur l’adénome de la prostate est attribuée à la partie insaponifiable, et plus spécialement aux delta5-stérols. Là encore, le mécanisme d’action reste inconnu; certains pharmacologues évoquent une action du type « Inhibiteur de la 5-alpha réductase ».
Posologie moyenne
Il n’y a pas eu encore beaucoup d’études sur l’utilisation de la semence de courge, de son huile ou de l’insaponifiable d’huile de courge.
On peut trouver sur le marché des capsules d’huile de courge : par exemple dosée à 500mg, une gélule deux à trois fois par jour.
On peut incorporer un peu d’huile de courge dans son alimentation(sans la cuire) à condition qu’elle soit extraite à froid. Il faut conserver cette huile au réfrigérateur à l’abri de l’air (elle rancit).
On peut aussi consommer l’équivalent de 10 à 15 g de graines de courge par jour : en les mâchant ou en les écrasant sans les cuire.
POLLEN DE GRAMINEES
exemple : seigle (Secale cereale), des variétés d' »herbes » communes, et aussi le mais.
C’est encore l’extrait lipidostérolique qui est actif sur l’adénome prostatique, il diminue les symptômes liés à l’augmentation de la taille de la prostate.
Le pollen de graminée n’est pas standardisé, ni ses extraits, et il faut donc se fier aux indications du fabricant ou du laboratoire.
CONDUITE DU TRAITEMENT
L’expérience de nombreuses années de traitement de l’hypertrophie bénigne prostatique dans de nombreux pays a montré qu’il valait mieux associer plusieurs plantes ou extraits de plantes.
Une étude récente a montré l’intérêt d’un mélange d’extrait de palmier de Floride (160 mg) et d’extrait d’ortie (120 mg) deux fois par jour. L’amélioration des symptômes était semblable à celle obtenue avec un alpha-bloquant mais sans effets secondaires désagréables.
On peut associer aussi palmier de Floride et prunier d’Afrique.
L’huile de courge et les extraits de pollen sont d’utilisation plus récente ou plus confidentielle.
Dans tous les cas, le traitement par les plantes médicinales de l’hypertrophie prostatique devra être poursuivi longtemps, car aucun protocole thérapeutique n’aboutit à une diminution nette du volume de la prostate.
Il existe de nombreux « compléments alimentaires » proposés pour atténuer les symptomes de l’hypertrophie prostatique.
Certains contiennent des extraits dosés de plusieurs plantes et les avis des utilisateurs sont assez positifs.
Il faut suivre la posologie indiquée par le fabricant car il n’y a pas de standardisation de ces phytomédicaments.
On peut préconiser des cures de 6 à 8 semaines avec 1 à 2 mois de repos thérapeutique. Les effets secondaires désagréables de cette phytothérapie sont minimes : quelques troubles digestifs sont possibles (ballonnements, éructations), dans ce cas prendre les médicaments en mangeant.
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