RHUBARBE

Les RHUBARBES ( POLYGONACEAE) sont des plantes originaires d’Asie, les espèces sont nombreuses et comme ce sont des plantes qui s’hybrident, les horticulteurs ont créé diverses variétés hybrides intéressantes par leurs propriétés médicinales, culinaires ou décoratives.
Les espèces RHEUM OFFICINALE et RHEUM PALMATUM ainsi que leurs hybrides sont les espèces traditionnellement médicinales.
RHEUM RHABARBARUM et ses hybrides avec d’autres espèces non médicinales sont plutôt culinaires et décoratifs.

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Les rhubarbes sont utilisées depuis très longtemps en Asie continentale (Chine et Corées) à la fois comme plante médicinale (Ma huang en chinois) et plantes comestibles.
Elles ont été introduites assez tardivement en Occident via la Turquie et la Russie.

Les rhubarbes comestibles (rhapontic) sont cultivées et devenues très communes dans tous les pays occidentaux à climat tempéré y compris en Amérique du Nord.

Les rhubarbes sont des plantes pérennes par leur racine rhizomateuse très développée, elles possèdent de grandes feuilles très vertes avec un pétiole charnu et souvent coloré (en rouge ou vert).
Les racines rhizomateuses de Rheum officinale, Rheum palmatum et de leurs hybrides sont les parties médicinales.

Les pétioles charnus de Rheum rhabarbarum et de ses hybrides sont les parties comestibles; les racines de ces dernières espèces possèdent un intérêt en phytothérapie mais sont moins utilisées.

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RHUBARBE RACINE DE RHUBARBE LAXATIF RHEUM OFFICINALE RHEUM PALMATUM REHUM RHABARBARUM

COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

LA RACINE DE RHUBARBE

La racine de rhubarbe qui assure la perennité de la plante et sa propagation par des rejets annuels est de grande taille (plusieurs kg sur une rhubarbe de 4 à 5 ans).

Parmi les nombreuses composants présents dans cette racine on distingue principalement :

  • des hétérosides d’anthraquinone (60 à 80 %) et des sennosides (10 à 20 %) : composés également présents dans d’autres plantes médicinales (aloes, senné par exemple),
  • des tanins galliques (5 à 10 %),
  • des flavonoides,
  • des stilbènes,
  • de l’acide oxalique et des oxalates.
    Les hétérosides d’anthraquinones et les sennosides sont de puissants laxatifs qui agissent au niveau du colon (gros intestin) après avoir été transformé par la flore microbienne intestinale, il faut donc environ 6 à 12 heures après l’absorption du médicament pour que l’effet laxatif se fasse sentir.

Ces substances libérées par les bactéries coliques provoquent à la fois une augmentation des contractions du gros intestin et une « fluidification » des matiéres fécales qui facilitent la défécation mais qui facilite aussi la fuite de certains électrolytes importants notamment le potassium.

Les tanins galliques ont un effet opposé, ils « assèchent » les muqueuses digestives (anti-diarrhéique) et possèdent une pouvoir antimicrobien .
Les stilbènes sont connus pour leur pouvoir oestrogénique (hormone femelle).

LES FEUILLES DE RHUBARBE

Les feuilles des rhubarbes officinales ne sont pas utilisées en médecine occidentale. Dans les feuilles des rhubarbes « comestibles », parfois appelées de façon erronée rhapontics, on consomme le pétiole, c’est dire la tige, et on élimine intégralement la partie verte chlorophyllienne.

Cette partie verte des feuilles contient un pourcentage important d’acide oxalique et d’oxalate qui sont toxiques au-delà d’une certaine dose par un effet mécanique (les cristaux d’oxalates irritent les muqueuses) ou par un effet métabolique.
L’acide oxalique absorbée par voie digestive peut provoquer en-effet des troubles de la coagulation sanguine, des troubles digestifs, respiratoires et rénaux.

Le pétiole des rhubarbes comestibles est charnu, souvent coloré en rouge violacé ou en vert, il contient des fibres solubles et insolubles, des acides organiques (dont l’acide oxalique), un peu de vitamine C.

UTILISATIONS

LA RACINE DE RHUBARBE, laxative mais à utiliser avec prudence

En médecine occidentale, la racine de rhubarbe est essentiellement utilisée pour son pouvoir laxatif, pour lutter contre la constipation opiniâtre.
Cette façon de combattre la constipation n’est pas « naturelle » car elle s’appuie sur le caractère irritant des dérivés anthraquinoniques et leur modification importante de la régulation de la réabsorption de l’eau dans le colon.

On doit donc impérativement :

  • Limiter dans le temps l’utilisation de la rhubarbe ou de ses extraits : au maximum 2 semaines de traitement.
  • Ne pas utiliser chez l’enfant de moins de 12 ans, et éviter chez la femme enceinte ou allaitant.
  • Ne pas utiliser la rhubarbe ou ses extraits s’il y a des signes d’inflammation intestinale, d’occlusion intestinale, des troubles digestifs à type de douleurs ou de vomissement.
  • Comme l’utilisation prolongée pendant plusieurs jours provoque une fuite de potassium, il y a risque d’hypokalièmie qui peut entrainer des troubles cardiaques surtout chez les personnes âgées qui ont des troubles du rythme, qui prennent des médicaments à base de digitale ou des diurétiques.

Exemples de posologie

  • Spécialités pharmaceutiques :

On estime qu’il ne faut pas depasser 20 à 30 mg de dérivés d’anthraquinones par jour, la prise du médicament doit se faire en début de nuit, 2 à 3 fois dans le semaine.
Comme les préparations pharmaceutiques contenant des extraits de racine de rhubarbe ont des dosages différents en substance active il faut suivre les indications de la notice du laboratoire (la posologie).

  • Poudre de racine de rhubarbe : décoction d’une tasse à café de poudre dans 1/3 de litre d’eau pendant 10 minutes, absorber la moitié de la préparation le soir au coucher, doubler la dose si nécessaire.
  • Teinture mère de rhubarbe officinale : 25 à 100 gouttes le soir au coucher

AUTRES UTILISATIONS DE LA RACINE DE RHUBARBE

  • La racine de rhubarbe par son contenu en tanin est astringente et constipante, c’est paradoxal pour un laxatif : une faible quantité peut constiper.
  • On peut donc utiliser environ 1/4 de la dose laxative pour atténuer une diarrhée.
  • Le contenu en tanin est également intéressant en cas d’aphtes buccaux : bain de bouche ou application de la décoction sur les aphtes.
  • La médecine traditionnelle Chinoise utilise beaucoup la racine de rhubarbe en association avec d’autres plantes.
    Des études Chinoises ou Coréennes ont montré récemment par exemple que les extraits de rhubarbe pouvaient s’associer dans des préparations visant à faire perdre du poids, à limiter les effets du diabète de type 2, à faire diminuer le risque de résistance aux antibiotiques, à retarder l’évolution de l’insuffisance rénale ou comme antiviral.
  • Depuis de nombreuses années un spécialité à base d’extrait de racine de Rheum rhaponticum (rhubarbe probablement originaire d’Europe de l’est) est proposée en Allemagne pour atténuer les effets de la ménopause.

LA FEUILLE DE RHUBARBE CULTIVEE

Comme nous l’avons vu plus haut seul le pétiole charnu de la feuille de rhubarbe (rheum rhabarbarum et hybrides) est comestible. Il est utilisé de très nombreuses façons, cru ou cuit, son gout acidulé est agréable et rehausse de nombreux plats, tartes, compotes ou confitures.
Le contenu en fibres solubles et insolubles en fait un laxatif naturel et plutot « doux » qui doit en plus atténuer l’absorption et la réabsorption du cholestérol au niveau intestinal. C’est donc un légume-fruit intéressant au niveau diététique.

Les personnes qui sont susceptibles de faire des calculs rénaux (surtout a base d’oxalate) doivent se méfier de la rhubarbe qui contient beaucoup d’acide oxalique.

CULTURE DE LA RHUBARBE COMESTIBLE

La rhubarbe comestible est présente dans de nombreux jardins, c’est une plante facile à cultiver, très résistante au froid mais qui nécessite un sol profond, riche et frais.
La reproduction peut se faire par les graines ou plus rapidement par voie végétative en segmentant la racine pourvue de quelques bourgeons amorce de tige ce qui permet de conserver la variété culturale.
Comme c’est une plante pérenne qui peut vivre de nombreuses années et qui possèdent un feuillage abondant et étalé il faut bien prévoir son emplacement dans le jardin.

RESUME

LES RHUBARBES PLANTES MEDICINALES LAXATIVES ET DIETETIQUES
On distingue les rhubarbes officinales dont les racines contiennent des substances laxatives et les rhubarbes comestibles cultivées dans beaucoup de pays pour leur pétiole charnu et comestible, diététique et légèrement laxatif.
La règle est de limiter la prise de racine de rhubarbe à moins de 2 semaines car cela irrite fortement l’intestin et augmente le risque de faire des troubles cardiaques par hypokalièmie.

Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel

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