Les ROSACEAE sont surtout nombreuses dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord.
Ce sont des plantes au port varié qui ont donné par sélection hybridation de nombreuses plantes à fruits comestibles : genre Prunus (prune, pêche, abricot, amandier, cerise), genre Malus (pomme), genre Pirus (poire), genre Fragaria (fraise), genre Rubus (framboise, mure) …
Le genre Rosa comprend de nombreuses espèces et variétés, souvent grimpantes ou arbustives à tige le plus souvent épineuse.
Les rosiers ornementaux bien connus et qui poussent dans le monde entier sont des hybrides de rosiers sauvages (aux fleurs moins développées).
L’églantier, ROSA CANINA, est un rosier sauvage que l’on rencontre fréquemment en Europe de l’Ouest, plante à l’aspect buissonnant (1 à 5 m) en lisière des bois dans les haies et les jachères.
Les tiges, dressées, sont couvertes d’épines acérées, le feuillage (composé, imparipenné, denté, pointu) est caduc, les fleurs, en général solitaires mais parfois groupées, ont 5 pétales très étalés rose pale à blanc et qui tombent assez vite .
Le réceptacle du « fruit » en forme d’urne est fortement coloré (orange à rouge vif), il contient des graines très dures (akènes) entourés de nombreux poils (1 à 3 mm), le classique poil à gratter.
Ce fruit ou cynorhodon (du grec rose de chien : on devait attribuer à l’églantier un pouvoir antirabique dans l’antiquité) persiste durant tout l’hiver sur l’églantier.
On remarque assez souvent sur ces arbustes une néoformation végétale à l’aspect chevelu, rouge brun, le « bédégar ».
C’est une galle, réaction de l’églantier à un corps étranger, en l’occurrence la ponte d’un insecte hyménoptère (Cynips).
Cette galle est bien une réaction de défense du végétal contre le parasite, elle se présente comme un fouillis de filaments végétaux de 2 à 5 cm et parfois plus. (voir photo à droite)
EGLANTIER CYNORHODON FRUIT SAUVAGE VITAMINE C BEDEGAR TANIN ANTI INFLAMMATOIRE
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
Le « fruit » ou cynorhodon est la partie médicinale et dans une moindre mesure la galle (bédégar), les graines et les pétales.
Dans le FRUIT on trouve :
- de la pectine (qui permet d’en faire une confiture)
- des sucres (dont le sorbitol)
- des polyphénols (tanins) : proanthocyanidols ainsi que des flavonoïdes
- des vitamines : vitamine C (acide ascorbique) 0,5 à 1,7 % (ce qui fait beaucoup), des vitamines du groupe B
- d’autres acides organiques : citrique, malique.
Le BEDEGAR contient beaucoup de tanin.
Les GRAINES (peu étudiées) renferment une huile alimentaire à la composition intéressante : acide palmitique (1,7 à 3,1 %), acide stéarique (1,7 à 2,4 %), acide oléique (14,7 à 18,4 %), acide linoleique (48,6 à 54,4 %), acide linolénique (16,4 à 18,4 %), acide arachidique (1,8 à 2,6 %).
IN VITRO
Les polyphénols d’un extrait de cynorhodon (dont on a éliminé la vitamine C) sont antioxydant-antiradicaux libres. Ils réduisent la quantité de radicaux libres produits par l’activité de polynucléaires stimulés, à une concentration comprise entre 1,3 mg et 5,7 mg/litre.
Un galactolipide extrait du cynorhodon montre lui aussi un effet anti-inflammatoire :
- il inhibe l’activité (y compris migratoire) de polynucléaires neutrophiles du sang périphérique, sans effet toxique sur ces mêmes polynucléaires.
- Deux polyphénols (corilagine et tellimagrandine) font diminuer la résistance du staphylocoque doré aux antibiotiques de la famille beta-lactamine (pénicilline) apparemment en inactivant une protéine qui permet le couplage (capture) de cet antibiotique.
IN VIVO
Quelques rares études sur l’effet de la poudre de cynorhodon sur les douleurs arthrosiques ( 5 g par jour de poudre pendant 3 mois) montrent que l’on observe une légère amélioration (par rapport à un placebo) de l’état général (sensation de bien-être), une diminution des douleurs articulaires et une amélioration de l’amplitude des mouvements, bref un léger effet anti-inflammatoire (évoqué dans les études in vitro).
UTILISATIONS
Le cynorhodon a pendant longtemps été une source précieuse de vitamine C pour les populations (humaines et animales) des régions tempérées pendant les mois d’hiver.
On le récolte traditionnellement après les premières gelées (mais c’est possible aussi avant), et on élimine soigneusement les graines et le poil à gratter (gratte-cul).
C’est évidemment moins valable maintenant puisque nous disposons de fruits frais presque toute l’année.
En Scandinavie, on incorporait les cynorhodons dans la nourriture (soupe, porridge), en Suisse et en Allemagne on en faisait un « vin » ou une « bière », en France des confitures, des pâtisseries.
Les Amérindiens d’Amérique du Nord mélangeaient les fruits des rosiers indigènes au « pemmican » (nourriture traditionnelle hivernale à base de viande séchée en poudre, de graisse, de farines variées et d’amandes pilées).
Les fruits des rosiers sauvages ne proviennent pas en effet que du seul églantier citons rapidement par exemple : Rosa blanda (en Amérique), R. gigantea (Inde, Birmanie, Chine), R. pimpinellafolia(la pimprenelle d’Eurasie), R. eglanteria (Europe méditerranéenne), R. rugosa (Asie), R. villosa (Eurasie).
Les variétés de rosiers sauvages sont nombreuses, leur systématique est affaire de botanistes spécialisés, la majorité de ces rosiers ont été hybridés et sont à l’origine des rosiers décoratifs.
Exemples d’utilisation :
- Thé de cynorhodon :
30 à 60 g de fruit décortiqués dans un litre d’eau bouillante, laisser infuser jusqu’au refroidissement, bien filtrer pour éliminer les poils (à gratter, la bouche, la gorge, l’anus) ; on obtient une boisson riche en vitamine C, légèrement astringente (attention quand on a tendance à la constipation), diurétique et agréable. - Compote :
Bien nettoyer les cynorhodons frais, retirer les graines et les poils, laver à l’eau froide et filtrer, pulvériser au mixeur ; cette compote, si elle est fraîche, contient beaucoup de vitamine C à la différence de la confiture où la vit C a quasiment disparue par oxydation.
Ces préparations sont considérées comme toniques, anti-asthéniques et anti-infectieuses : état de fatigue en général, convalescence après une maladie infectieuse, un traitement médicamenteux agressif, grippe et autres infections virales saisonnières.
Le contenu en tanin et en flavonoïdes permet de prescrire aussi Rosa canina en cas de diarrhée légère non infectieuse et comme protecteur vasculaire (fragilité capillaire, insuffisance veineuse) bien que ce ne soit pas une indication traditionnelle.
Les extraits ou le totum de cynorhodon sont également intéressants pour améliorer les symptômes de l’arthrose comme nous l’avons vu plus haut : traitement au long cours évidemment.
Posologie pour le traitement de l’arthrose :
- au moins 5 g par jour d’extrait total pendant plusieurs mois.
Le BEDEGAR peut servir à préparer une solution astringente :
50 g de bédégar dans 1 litre d’eau bouillante en décoction pendant une 10 de mn, le liquide très coloré est intéressant en cas de diarrhée sans fièvre (1/2 verre 2 à 3 fois par jour), pour aider à cicatriser plaies et ulcères chroniques, antihémorragique et pour l’hygiène buccale (applications sur les aphtes par exemple) .
On peut en faire aussi une teinture au 1/5 utilisable comme antiseptique (pure ou diluée) .
Les pétales de fleurs sont légèrement astringents utiles pour nettoyer la peau du visage acnéique ou en cas d’inflammation :
5 à 10 g de pétales pour 1/4 de litre d’eau bouillante (10 mn d’infusion)
Certains phytothérapeutes préconisent le bourgeon ou jeune rameau de Rosa canina en macération glycérinée 1 D :
- dans les manifestations allergiques respiratoires
- avec ou sans surinfection ( de la rhinite chronique à l’asthme)
- posologie, 50 à 100 gouttes par jour pendant plusieurs semaines .
- en traitement d’appoint de la migraine à point de départ « alimentaire »
- posologie, 50 à 100 gouttes par jour pendant plusieurs semaines.
RESUME
UNE PLANTE « ANTI SCORBUTIQUE »
Le fruit de l’églantier ou cynorhodon est une source possible de vitamine C pendant les mois d’hiver ; il contient aussi des substances anti-inflammatoires et des tanins médicinaux.
La galle de l’églantier ou bédégar est une autre source de tanin.
Attention a bien éliminer le « poil à gratter » (gratte-cul) qui entoure les graines à l’intérieur du fruit.
Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel
Vous êtes sur www.phytomania.com
site dédié aux plantes médicinales et aux huiles essentielles
PHYTOTHERAPIE, PLANTES MEDICINALES, AROMATHERAPIE, HUILES ESSENTIELLES