Les moraceae sont essentiellement des arbres des régions chaudes, rarement des herbes ou des arbustes ; on recense 60 genres et plus de 1000 espèces.
La quasi-totalité de ces plantes sécrètent un latex blanc ou incolore, parfois toxique.
Beaucoup sont des arbres recherchés ou cultivés pour leur sécrétion (caoutchouc de Panama, arbre à lait du Venezuela), pour leur écorce qui, par battage, donne des tissus végétaux (tapa), aussi bien chez les Ashanti du Ghana (Antiaris africana) que chez les anciens Polynésiens (Broussonetia papyrifera et Artocarpus altilis).
Dans le genre Ficus on trouve le figuier européen, les banyans asiatiques majestueux et vénérés et aussi le « caoutchouc » d’appartement (Ficus elastica).
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L’ARBRE A PAIN, ARTOCARPUS ALTILIS, MORACEAE est une variété horticole d’une espèce sauvage originaire du sud-est asiatique, de la Micronésie ou de la Papouasie, probablement ARTOCARPUS CAMANSI.
Cet arbre est cultivé dans beaucoup de régions tropicales pour son fruit ressemblant à celui de l’arbre à pain en plus petit et plus « épineux » qui contient des graines comestibles après cuisson..
Les botanistes différencient une soixantaine d’espèces d’Artocarpus.
Sélectionnés par l’homme, certains variété d’arbres à pain ont perdu leur pouvoir de reproduction par graine et on ne peut les propager que par marcottage ou en utilisant les rejets de racine.
Selon les botanistes, Les variétés d’arbre à pain à graines contiennent un nombre pair de chromosomes (2N), les autres variétés sans graines sont soit des triploides (3N) soit des formes hybrides infertiles.
Les Polynésiens reconnaissaient plusieurs dizaines de variétés culturales dont une seule à graine (le « châtaignier »). Ces arbres sont actuellement répandus dans tout le monde tropical, mais les européens n’en connaissaient pas l’existence avant la « découverte » de Tahiti.
C’est à la fin du 18 ième siècle que les anglais décidèrent de l’introduire dans leurs plantations des Antilles pour y nourrir l’abondante main d’œuvre ; on connaît la suite, Bligh et la Bounty, le long séjour à Tahiti pour sélectionner et embarquer plus de 1000 jeunes arbres, et la mutinerie qui se déclara peu de temps après le départ de Polynésie, en partie à cause des abus de pouvoir du capitaine mais aussi à cause de la restriction de l’eau de boisson, ces arbres ont besoin de beaucoup d’eau pour survivre.
Deux ans plus tard, Bligh introduisait avec succès l’arbre à pain aux Antilles (St Vincent), les français l’acclimatèrent un peu plus tard en Guyane.
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
FRUIT DE L’ARBRE A PAIN
Le fruit de l’arbre à pain frais contient en moyenne :
70% d’eau,
5% de glucides,
1,5% de protéines,
0,5% de lipides,
1,5% de cellulose, des matières minérales,
peu de vitamine C et A mais des vitamines B1 et B2.
Le latex (c’est une émulsion) présent dans tout l’arbre est abondant dans la partie centrale du fruit, il se sépare rapidement en 2 parties, l’une aqueuse, l’autre caoutchouteuse ; on y trouve un enzyme, la papayotine.
FEUILLES DE L’ARBRE A PAIN
Depuis quelques années de nombreux pharmacologues s’intéressent à cet arbre.
Les feuilles et aussi le bois de coeur contiennent beaucoup de composés intéressants mais non spécifiques de l’arbre à pain.
Mais à ma connaissance il n’y a pas d’application en médecine pratique.
Cependant on sait que les feuilles renferment un mélange de composés (dont quercétine et camphorol) faisant baisser la tension artérielle (hypotenseur).
Tout cela est banal et ne justifie pas la place de cet arbre dans un répertoire de plantes médicinales, il y a pourtant une raison.
C’est grâce à l’arbre à pain que les Maohis ont colonisé les îles Marquises (on l’appelle là-bas « tumu mei »), ont pu développer une civilisation et une culture insulaire très originale, ont tout simplement survécu sur ces îles austères au climat très irrégulier, alternant années pluvieuses et grandes sécheresses.
Pendant des centaines d’années, ils se sont nourris presque exclusivement du fruit de l’arbre à pain (« mei »), les protéines animales étant rares ou tabou (interdites) pour la majorité des hommes et quasi toutes les femmes, et les autres cultures vivrières peu abondantes (rares taros et des bananes sauf en période de sécheresse).
Pourtant, les premiers navigateurs qui abordèrent ces îles étaient étonnés de la puissance physique des guerriers « marquisiens », de leur stature imposante, des ouvrages cyclopéens qu’ils réussirent à élever, et en général de leur bonne santé.
L’efficacité diététique du « mei » est probablement dûe à la façon dont les Polynésiens le préparaient. Quand la récolte était abondante, ils procédaient à un ensilage des fruits mûrs, la fermentation lactique qui se produisait alors garantissait la conservation de la pâte de « mei » et modifiait considérablement sa valeur alimentaire.
Cette pâte fermentée se conservait des mois et même des années ; on l’incorporait après cuisson, par battage et malaxage au pilon de pierre, à du « mei » fraîchement cuit, on obtenait ainsi la « popoï » nourrissante et diététiquement très efficace.
UTILISATIONS
On peut regretter le quasi-abandon de cette technique culinaire, beaucoup de Polynésiens sont maintenant diabétiques par suralimentation glucidique, et se demander si une évaluation moderne de cet aliment traditionnel ne serait pas souhaitable.
Mais à quand la « popoï » des Iles Marquises dans les rayons diététiques des supermarchés occidentaux ?
Utilisation médicales :
- Le latex sert, aussi bien en Amérique du sud que dans le Pacifique, à réaliser des emplâtres sur les entorses, les claquages musculaires, les contusions, parfois les brulures.
On l’applique directement ou après imprégnation d’une bande de tissu dont on entoure l’articulation ou la zone douloureuse.
La présence de papayotine aide sans doute à la résorption des œdèmes inflammatoires. - Les créoles guyanais consomment une décoction de feuilles pour faire baisser la pression artérielle, beaucoup d’artocarpus contiennent en effet des cardénolides. D’autres populations font une décoction de la fleur male pour obtenir cet effet hypotenseur.
Autres utilisations :
Le bois de l’arbre à pain est très léger et malgré tout résistant, il a servi a faire des pirogues ou le balancier des pirogues polynésiennes.
Les branches ou le tronc sont parfois utilisés pour fabriquer le « tapa », tissu végétal obtenu a partir de l’écorce interne de plusieurs arbres.
Cette écorce interne est battue pour amalgamer les fibres végérales et amincir l’étoffe ainsi obtenue.
Le traitement est complexe et prolongé, très traditionnel dans les pays du pacifique sud, le tissu est ensuite enduit, teint et peint.
C’était le vêtement cérémoniel dans l’ancienne Polynésie.
Traditionnelement l’arbre à pain trop précieux comme plante alimentaire, n’était pas utilisé pour faire du tapa mais les temps ont changé!.
CULTURE DE L’ARBRE A PAIN
Artocarpus altilis, se propage surtout de façon végétative par marcottage ou par rejets de racines spontanés ou suite à une blessure provoquée de la racine.
On peut aussi faire germer les graines quand elles existent mais il faut plus de temps pour obtenir un arbre producteur.
L’arbre à pain est très productif , aux Iles Marquises ont plantait un arbre à chaque naissance, il allait nourrir le nouvel enfant pendant toute sa vie.
C’est un arbre des régions tropico équatoriales qui demande un sol profond, ne supporte pas le froid et est assez exigeant en eau.
RESUME
UN ARBRE QUI FOURNIT LE PAIN QUOTIDIEN
L’arbre à pain est originaire du pacifique sud, c’est une espèce cultivée et améliorée depuis longtemps par les navigateurs polynésiens. Il fut l’aliment de base des habitants des îles Marquises pendant des siècles. Ses vertus médicinales sont peu importantes mais ses qualités diététiques très intéressantes surtout quand, à l’instar des anciens « Maohis », on procède d’abord à une fermentation contrôlée de la chair mûre du fruit qu’on mélange ensuite, après cuisson, à du fruit frais cuit ; on obtient alors un aliment diététiquement très efficace que l’on peut consommer avec du lait de coco.
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