L’arbe à karité ou tout simplement le karité ou shea tree (en anglais)VITELLARIA PARADOXA = BUTYROSPERMUM PARKII (ancien nom), SAPOTACEAE, est un arbre de la savane africaine (entre 1000 et 1500 mm de précipitations annuelles) présent de l’océan atlantique aux confins de la mer rouge, du sud des zones sahéliennes dans le nord, au Congo dans le sud.
Sa zone géographique de répartition est donc très importante.
C’est en général un arbre spontané (sauvage), préservé par les populations Africaines. Sa croissance est très lente mais sa longévité peut atteindre plusieurs centaines d’années.
Le karité est trapu avec un gros tronc à l’écorce crevassé et épaisse qui le protège un peu des feux de brousse.
Les feuilles sont en bouquets aux extrémités des branches (20cm de long pour 5 à 7 cm de large) , avec une marge légèrement ondulée.
Elles tombent au sol en période sèche.
Les fleurs groupées en ombelles sont blanches, elles apparaissent avant les feuilles (en saison sèche), et attirent les pollinisateurs (abeilles et autres hyménoptères).
Les fruits en grappes, sont ovoides 4 à 8 cm de long, à la pulpe charnue et comestible, il possèdent une à deux amandes oléagineuses.
Vitellaria paradoxa s’appelle de multiples noms locaux en Afrique, mais ailleurs il est connu en Français comme l’arbre à karité (d’après un nom d’origine wolof) ou en Anglais « shea butter tree » ( d’après un nom d’origine Bambara).
Les parties médicinales sont les feuilles, l’écorce des petites branches et des racines, et les amandes oléagineuses.
L’arbre à karité , comme beauoup de sapotaceae, contient également du latex .
KARITE SHEA BUTTER TREE BEURRE DE KARITE ALIMENT CORPS GRAS ALIMENTAIRE SOIN DE LA PEAU ECZEMA DERMATITE ATOPIQUE ANTI INFLAMMATOIRE TANIN DIARRHEE DYSENTERIE PLANTE AFRICAINE
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
AMANDES DE KARITE BEURRE DE KARITE
Les amandes du fruit de karité contiennent :
20 à 50 % de corps gras.
Les amandes immatures (fruits cueillis dans l’arbre) contiennent moins de corps gras que les amandes de fruits murs (tombés au sol).
Les triglycérides (corps gras) sont principalement de deux types : stéarique-oléique-stéarique et oléique-stéarique-oléique.
Le pourcentage des acides gras est variable selon les régions et les différentes variétés d’arbre à karité :
Acide stéarique : 25 à 50 %
Acide oléique :35 à 60 %
Acide palmitique : 3 à 8 %
Acide linoléique : 1 à 10 %
Acide arachidique : 0 à 3,5 %
On peut noter la très faible quantité voire l’absence d’acides gras essentiels (acide linolénique). Le beurre de karité est un corps gras alimentaire nourrissant mais assez « déséquilibré » du point de vue diététique.
Quand le beurre de karité contient un pourcentage important en acide oléique il est fluide.
Il est beaucoup plus ferme voir dur quand le pourcentage augmente en acide stéarique.
Certaines régions d’Afrique(notamment en altitude) sont connues pour produire un beurre de karité très ferme (plateau Mossi au Burkina-faso).
Le beurre de karité d’Afrique occidentale est également différent de celui d’Afrique de l’est (il s’agit peut-être d’une variété ou d’une espèce différente de Vittelaria ).
Fraction insaponifiable (composés non triglycérides).
L’insaponifiable de karité atteint 10% des amandes parfois plus.
Ce sont des composés intéressants du point de vue pharmacologique:
- Des substances phénoliques anti-inflammatoires et protectrices (catéchine),
- des saponosides triterpéniques (substances parfois amères),
- des stérols (phytostérols et tocophérol = vitamine E) qui sont en partie responsables des propriétés cosmétiques du beurre de karité,
- un faible pourcentage de protéines,
- des substances volatiles (odoriférantes) ou solides terpéniques (des cires).
Récemment des chercheurs Japonais ont mis en évidence des composés ayant des propriétés anticancéreuses et antivirales dans la partie dégraissée des amandes de karité.
Ils serviront peut-être d’exemples pour synthétiser de nouveaux médicaments anticancéreux .
Amandes de karité
FEUILLES DE VITTELARIA PARADOXA ARBRE A KARITE
Les feuilles contiennent des saponosides (qui moussent un peu comme du savon en présence d’eau) et des tanins asséchant les muqueuses inflammées ou infectées.
Traditionnellement une décoction de feuilles s’utilise en Afrique :
- en cas de troubles digestifs variés ( douleurs d’estomac, diarrhée),
- pour soigner des dermatoses ou des plaies,
- en gargarisme (angine, infection de la bouche).
Une étude récente montre que la feuille de karité contient des substances qui augmentent l’efficacité des antibiotiques (effet synergique).
On pourrait ainsi imaginer associer un traitement antibiotique par voie interne (amoxicilline par exemple) à des applications de décoction de feuilles de karité par voie externe sur des plaies infectées pour contourner les résistances bactériennes surtout celles du staphylocoque doré.
ECORCE DE VITTELARIA PARADOXA
L’écorce de petite branche est un remède traditionnel en Afrique .
La décoction d’écorce contient des tanins, anti-inflammatoires, cicatrisants et légèrement antibactériens.
Cette décoction assèche les muqueuses inflammées (diarrhée, dysenterie, infections génitales chez la femme)
UTILISATIONS
BEURRE DE KARITE
LE BEURRE DE KARITE COMME ALIMENT
Le beurre de karité est utilisé comme source de lipides (graisse) très énergétiques depuis très longtemps en Afrique, car:
- l’arbre à karité est une plante sauvage, résistante et bien répartie géographiquement,
- l’extraction du beurre peut se faire par une technique simple,
- le karité est un corps gras très nourrissant facile à conserver et à utiliser car il est souvent assez consistant et ne rancit pas vite (peu d’acides gras insaturés).
Le beurre de karité brut possède une odeur un peu désagréable et parfois une saveur amère qu’il perd une fois raffiné.
Les agences internationales qui luttent contre la malnutrition en Afrique surtout chez les jeunes enfants proposent des compléments lipidiques alimentaires qui contiennent un supplément en beurre de karité pour améliorer la fermeté du produit et un peu d’huile de lin alimentaire pour apporter les acides gras polyinsaturés (omega 3 et 6) qui manquent dans le beurre de karité.
Le beurre de karité raffiné est inclus dans de nombreux aliments y compris en Europe mais sous la mention » matière grasse végétale » : chocolat, biscuiterie, margarine.
C’est une matière grasse alimentaire qui n’est pas diététique, pour un bon équilibre alimentaire il est nécessaire de consommer aussi d’autres corps gras contenant plus d’acides gras indispensables = essentiels ( poissons gras (sardines,maquereaux), huile d’arachide, de mais, de germe de blé…)
D’autres arbres africains endémiques possèdent des fruits oléagineux ou fournissant des corps gras analogues au beurre de karité :
Pentadesma butyracea ( Kanya, Lami, arbre à beurre, arbre à suif, arbre à chandelle, butter tree, tallow tree) présent dans les régions humides du sud du Senegal au Congo.
Dacryodes edulis (safou, atanga, ube, bush pear or plum, nsafu, bush butter tree, butterfruit) présent dans les régions humides de la Cote d’Ivoire à l’Angola et au Congo.
LE BEURRE DE KARITE POUR LES SOINS DE LA PEAU
Le beurre de karité sert traditionnellement en Afrique pour embellir la peau (et parfois les cheveux), calmer les irritations cutanées, comme baume de massage sur les muscles ou les articulations douloureuses.
Ses vertus apaisantes, hydratantes et protectrices sont reconnues et de nombreuses préparations dermatologiques contiennent maintenant du beurre de karité pour soigner :
- la peau irritée,
- la peau sèche,
- la peau qui desquame ou présente de kératose,
- des brûlures superficielles comme un coup de soleil,
- et même en cas d’eczéma et de dermatite atopique .
Il est possible que le beurre de karité tres raffiné perde une partie de ses propriétés dermatologiques (anti-inflammatoire, calmante, antiseptique) mais il demeure un excipient gras, hydratant et bien toléré.
FEUILLES ET ECORCE DE VITELLARIA PARADOXA ARBRE A KARITE
L’arbe à karité est une plante médicinale traditionnelle en Afrique, de nombreux tradipraticiens s’en servent pour soigner des maux courants mais aussi pour des usages un peu « magiques ».
- Les feuilles et l’écorce de vitellaria paradoxa contiennent des composés aux propriétés pharmacologiques mal connues.
Néanmoins l’abondance des tanins permet l’emploi de la décoction (feuille ou écorce) pour soigner des troubles digestifs (diarrhée, dysenterie) , des plaies infectées ou de peaux très irritées avec des plaies suintantes.
- Exemple pour des troubles digestifs :
Une grosse poignée de feuilles fraiches (300 à 400 g) ou 100 à 150 g de feuilles sèches fragmentées dans 1 litre d’eau, décoction pendant 10 minutes et laisser refroidir.
Pour un adulte 1/4 de litre (250ml) deux fois par jour.
FABRICATION DU BEURRE DE KARITE
BEURRE DE KARITE ARTISANAL
C’est principalement un travail collectif réservé aux femmes.
Les fruits du karité sont collectés une fois tombés au sol (fin de saison humide), on les débarrasse de la pulpe manuellement ou en les laissant « pourrir ».
Les amandes sont lavées et séchées, puis concassées et parfois légèrement torréfiées (cuisson à sec) ou cuites à l’eau.
Après beaucoup de travail on obtient une pâte grasse que l’on mélange à de l’eau.
Ce mélange est chauffé jusqu’à ébulition. On recueille le beurre brut à la surface du liquide.
Ensuite ce beurre brut est amélioré par malaxage et en le chauffant doucement pour éliminer l’eau et le rendre liquide ce qui permet de le fitrer et d’éliminer une partie des impuretés.
La technique est simple mais longue et demande beaucoup de travail (cependant c’est un travail communautaire qui assure la cohésion du groupe).
Le rendement est plutôt faible ; on ne récupère en général que la moitié des corps gras.
Le reste part dans le tourteau qui le plus souvent est réintégré au sol (engrais). ou sert de combustible.
EXTRACTION INDUSTRIELLE
Ce sont les mêmes techniques (avec les mêmes inconvénients) que pour les autres graines ou amandes oléagineuses :
- par pressage à « froid » après concassage, broyage et léger chauffage du tourteau graisseux, les qualités du beurre sont bonnes mais le rendement est moyen.
- par voie chimique après concasssage et broyage en utilisant un solvant des graisses, le plus souvent de l’hexane, qui dissous les corps gras et est ensuite évaporé et recyclé (bon rendement) .
- certaines techniques sont un peu expérimentales, exemple par micro-onde et préparation de la pate avec de l’eau et un peu d’hexane (bon rendement) .
CULTURE DE VITTELLARIA PARADOXA
La majorité des arbres à karité sont « sauvages », spontanés et préservés, maintenus au milieu d’autres cultures vivrières.
En-effet, il faut 15 à 20 ans pour obtenir les premiers fruits de karité et 50 ans pour avoir une récolte normale, cela n’encourage pas la plantation de vittelaria paradoxa (qui se fait essentiellement à partir des graines fraiches).
Une fois installé l’arbre à karité résiste à la sécheresse grace à son système racinaire bien développé mais est sensible aux feux de brousse qui peuvent détruire en quelques minutes des arbres en pleine production.
L’arbre brûlé peut se régénérer à partir de la souche mais il faut attendre encore de nombreuses années pour récolter le premier fruit.
Rendement moyen annuel : 15 à 40 kg, avec des bonnes et des mauvaises années de façon cyclique.
20 kg de fruits donnent environ 2kg de beurre de karité.
RESUME
L’ARBRE A KARITE, MEDICINAL FOURNISSANT LE BEURRE DE KARITE
L’arbre à karité présent dans les savanes Africaines possède des fruit comestibles à l’amande oléagineuse.
On en extrait le beurre de Karité ou shea butter en anglais qui sert dans l’alimentation et comme produit cosmétique et médicinal.
Les feuilles et l’écorce de l’arbre sont utilisées en médecine traditionnelle.
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