NOIX DE BETEL

L’aréquier ou palmier d’arec, ARECA CATECHU, PALMAE,est un palmier élégant atteignant une quinzaine de mètres de hauteur, originaire de l’Insulinde et de la péninsule malaise (Pinang), mais que l’on trouve aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux Philippines, en Inde et qui a été introduit également en Amérique par les populations migrantes d’Asie ( comme au Surinam ex Guyane Hollandaise).

On peut l’acclimater en région subtropicale, il craint le gel mais on peut le conserver à l’abri pendant la période froide.

Ses feuilles atteignent 2 mètres de long, sont digitées et déchirées aux extrémités ; les fleurs sont blanches et odoriférantes, après fécondation on obtient des noix de petites tailles (5 à 6 cm) qui passent du vert au jaune oranger à maturité, la graine qu’elles contiennent est brunâtre légèrement aplatie à une extrémité.

La graine est la partie médicinale, on la consomme fraiche ou sèche, en fragments ou en poudre, c’est la NOIX DE BETEL ou
NOIX D AREC.

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COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

L’amande du fruit du palmier aréquier est le constituant principal du masticatoire « noix de bétel ».
Cette chique de bétel associe une feuille de poivrier (Piper betle PIPERACEAE= poivre bétel) ou son inflorescence charnue et verte avec une graine (parfois seulement une fraction de cette graine) de la noix d’arec.
On ajoute un peu de chaux provenant de coquillages ou de corail calcinés, et parfois des épices, variables en fonction des pays (ex muscade, girofle, cardamome) et quelquefois du tabac

NOIX D’AREC ou NOIX DE BETEL

La noix d’arec (ou noix de bétel) contient :

  • Des substances de réserves : 50 à 60% de glucides et environ 15% de lipides.
  • Des tanins astringents.
  • Un peu d’huile essentielle.
  • et 0,2 à 0,5% d’alcaloïdes (la partie active de la chique de bétel) dont le principal est l’arécoline.

Les tanins sont responsables de l’astringence, de l’âcreté du masticatoire (rappelons qu’ils sont également médicinaux : antiseptiques, anti-inflammatoires, constipants, et peuvent selon leur composition et leur concentration être antimutagènes ou au contraire induire des cancers digestifs)

L’arécoline et les autres alcaloïdes paraissent être principalement parasympathomimétiques, mais la réaction physiologique est plus complexe.
La mastication de la noix d’arec est connue pour donner une impression de bien-être, d’euphorie légère, de meilleure attention ; une sensation de chaleur (avec sudation), d’augmentation de ses capacités physiques .
Parfois c’est l’énervement qui domine avec excitation incontrôlée jusqu’à l’accès de colère irraisonné.

La présence de chaux (qui change l’arécoline en un autre composé) et de poivre bétel (lui-même libérateur de catécholamines (neurotransmetteurs)) fait que c’est tout le système neurovégétatif qui est altéré :

  • vasodilatation ou vasoconstriction,
  • accélération du rythme cardiaque,
  • hypo ou hypertension artérielle,
  • augmentation du tonus et des contractions intestinales jusqu’à la diarrhée,
  • hypersalivation (teintée de rouge sang),
  • contraction de la pupille (myosis),
  • légère fièvre.
    Ces effets sont de plus variables avec la quantité de produits ingérés.

Un électroencéphalogramme permet de noter une modification nette de l’activité du système nerveux central, concomitante de l’excitation et de la sensation de bien-être.

NOIX D’AREC, NOIX DE BETEL ET CANCER DES VOIES DIGESTIVES

Depuis une vingtaine d’année, on soupçonne que l’usage de la chique de bétel est une des raisons de l’augmentation du nombre de cancers buccaux et œsophagiens en Asie et dans le sud-est asiatique .

Maintenant on en a une quasi certitude, l’OMS (WHO) a d’ailleurs confirmé dans une publication le rôle probable de la noix de bétel dans l’apparition d’une lésion précancéreuse de la muqueuse buccale, la fibrose sous-muqueuse.

Des recherches récentes ont révélé que l’arécoline, le safrole (libéré dans le masticatoire et contenu dans la feuille du poivrier) et la nicotine ralentissent l’activité des fibroblastes « nettoyeurs » du collagène, induisant ainsi cette anomalie de la muqueuse buccale.
Toutes ces substances sont à faibles doses : 15 à 50 microgr par ml, mais l’intoxication est chronique et les effets secondaires négatifs s’ajoutent les uns aux autres.

La présence de chaux modifie le pH près de la chique, cette modification de l’acidité de la cavité buccale provoque sans doute une augmentation de l’inflammation provoquée par les ingrédients de la chique de bétel, c’est d’ailleurs dans le coin de la bouche où la chique de bétel est conservée qu’apparaissent le plus souvent les lésions cancéreuses.

A Taiwan une étude épidémiologique montre que :

  • que l’usage de la chique de bétel multiplie par 4 le risque de cancer œsophagien,
  • que ceux qui mélangent noix d’arec et inflorescence de bétel ont un risque 20 fois supérieur d’apparition de ce type de cancer par rapport à ceux qui utilisent la feuille de bétel .
    Dans la même plante (le poivre bétel) il peut y avoir des substances antimutagènes (comme les flavonoides ou les tanins) et d’autres carcinogènes (comme le safrole contenu dans l’huile essentielle du poivrier bétel).

Certains chercheurs et l’OMS (WHO) pensent que des nitrosamines (produits de dégradation des alcaloïdes) induiraient le cancer (carcinogènes) , tout particulièrement le 3(méthylnitrosamino)proprionitrile.

Si la noix de bétel n’est pas considérée comme une drogue ou une plante provoquant l’addiction, l’association avec le tabac renforce le besoin de mastiquer, de chiquer. Cette association noix de bétel et tabac est considérée comme la plus dangereuse pour la santé.

UTILISATIONS

LA NOIX D’AREC OU NOIX DE BETEL, UNE CHIQUE, UN MASTICATOIRE, UNE POUDRE EUPHORISANTE AROMATISEE

L’usage du masticatoire (chique) à base de noix d’arec est très répandu en Asie, en Inde, en Indonésie, en Papouasie Nouvelle-Guinée.
Les gens chiquent seuls ou en groupe ; c’est souvent un rite social : quand on se rencontre on croque une petite noix.
C’est une façon de s’apaiser, d’oublier la faim, de se sentir bien.
Les chiqueurs crachent beaucoup et leur salive est fortement teintée de rouge, cela donne un sourire formidable et colore de brun les trottoirs de certaines villes ( par exemple Port-Moresby en PNG).
Malheureusement comme nous venons de le voir ce n’est pas sans conséquence sur la santé.

Un fait inquiétant alerte les autorités sanitaires : on trouve de plus en plus de produits commerciaux contenant de la noix d’arec et la publicité concernant des produits est est assez « agressive », incitant aussi les jeunes à en consommer (parfois sous forme de préparations sucrées).

Le Royaume-Uni avec son importante communauté Asiatique et Indienne est un des plus gros importateur de noix d’arec ou de produit en contenant.

La noix d’arec et les préparations en contenant sont consommés par des millions de gens, c’est avec l’alcool, le tabac et le café la quatrième « drogue » psycho-active au niveau international.

LA NOIX D’AREC PLANTE MEDICINALE

En médecine ayurvédique la noix d’arec entre dans la composition de médicaments pour soigner les migraines, les rhumatismes, abaisser la fièvre.

En Chine et en Inde on s’en sert (ou servait) pour éliminer les parasites intestinaux (une à deux cuillerées à café de poudre de noix d’arec en une seule fois).

On rapprochera de ce dernier usage l’utilisation de l’arécoline en médecine vétérinaire : purgatif et éliminateur des vers intestinaux dont l’échinocoque, Echinococcus multilocularis, parasite redoutable quand il infecte l’homme.

RESUME

UN MASTICATOIRE TRES REPANDU MAIS POTENTIELLEMENT DANGEREUX
La noix d’arec (ou noix de bétel) mâchée avec une feuille de poivrier ou une inflorescence du poivre bétel et un peu de chaux est consommée par des centaines de millions de personnes en Asie et Indonésie.
Elle procure une sensation d’apaisement ou au contraire d’excitation, calme la faim et fait partie de rites sociaux dans beaucoup de communautés Asiatiques ou Papoues.
Elle provoque malheureusement une augmentation du risque de développer un cancer buccal ou œsophagien.
Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel

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