NONI NONO MORINDA

A de rares exceptions, par exemple en Europe le caille-lait et la garance, les RUBIACEAE sont des plantes tropicales, principalement des arbres et des arbustes.

C’est une grande famille végétale, plus de 5000 espèces, où l’on trouve le café et deux genres importants en médecine :
cinchona (la quinine) etcephaelis (l’ipéca dont on extrait l’émétine).

Beaucoup de rubiaceae sont des arbustes ou des arbres décoratifs, citons le gardénia (jasmin) et les ixora aux fleurs rouges.

Le MORINDA CITRIFOLIA, NONI, NONO ou MORINDA est répandu dans toutes les régions tropicales, il a d’abord été décrit aux Indes (d’où son nom) mais a toujours eu une grande importance en médecine traditionnelle dans le pacifique sud et particulièrement en Polynésie et à Hawaï.

C’est un petit arbre de 3 à 6 m surtout reconnaissable à son fruit qui, de vert et dur, devient jaune et mou en quelques heures à maturité.
La surface de ce fruit, le noni, est irrégulière, formée de polygones accolés avec au centre une petite plaque, peut-être la cicatrice de la fleur, il est pyriforme plus ou moins arrondi, sa taille varie de 5 à 15 cm.

Mûr, le noni dégage une odeur forte, butyrique, qui rappelle celle d’un fromage avarié ou très fermenté d’où le nom commun, fromager, que lui ont donné les européens.

NONI NONO MORINDA JUS DE NONI PREVENTION DU CANCER IMMUNOSTIMULANT ANTI SENESCENCE TEINTURE EN JAUNE

COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

Le jus du fruit mûr de noni est difficile à obtenir par pression à cause de la présence d’une grande quantité de matières mucilagineuses, mais après congélation et éclatement des stuctures cellulaires puis broyage, on recueille facilement un liquide acide (pH 3 à 4) qui est très peu fermentescible. .

Les données chimiques et pharmacologiques sont fragmentaires et pas toujours vérifiées.

Une équipe de chercheurs hawaiens (A. HIRAZUMI) a mis en évidence un important effet immunostimulant des extraits de morinda chez la souris.

On observe une augmentation significative du nombre de jours de survie chez des souris porteuses d’un carcinome greffé; il semblerait que cette « rémission » soit dûe à une augmentation de l’activité des macrophages et/ou des lymphocytes.

Un autre chercheur hawaien (R.HEINICKE) explore une voie différente et pense qu’il existerait dans le noni un précurseur de la xéronine, composé qui agirait sur des protéines « réparatrices cellulaires ». Cette xéronine serait libérée au niveau intestinal. Pour ce chercheur, le noni serait une plante « antisénescence » et aurait des propriétés pharmacologiques variées dûes à l’absence de spécificité d’action sur un organe ou un tissu.

Depuis le début des années 2000 de nombreuses études portent sur des composés anthraquinoniques présents dans la RACINE DU NONI.

Le composés le plus étudié est le « damnacanthal », qui possèdent des propriétés intéressantes anticancéreuses et antalgiques

UTILISATIONS

Les Maohi ont probablement introduit intentionnellement cette plante, originaire d’Asie et du Sud-Est asiatique, dans toutes les îles qu’ils ont colonisées en naviguant sur leurs grandes pirogues doubles jusqu’à Hawaï.

La dispersion naturelle du noni paraît peu probable, en-effet les graines flottent mais les distances entre les îles sont énormes et il n’y a pas d’oiseaux frugivores migrateurs dans cette région du monde.

Pour les anciens Polynésiens le noni, consommable mais uniquement en temps de disette, devait être autre chose qu’une simple plante même médicinale.
Quelle était sa valeur symbolique ou religieuse, on ne le sait pas.

Quelques rares informations ont survécues, par exemple le fait qu’à l’occasion de la fin de la période de tatouage, les nouveaux initiés devaient déposer un noni sur le « marae, l’autel des sacrifices.

De façon plus prosaïque, le noni vert est un astringent, et la racine de noni renferme des pigments anthraquinoniques qui teignent en jaune les fibres végétales.

Les Polynésiens utilisaient encore récemment le noni comme plante médicamenteuse, seule ou mélangée à d’autres:

En USAGE EXTERNE comme antiseptique/antibiotique et anti-inflammatoire :

  • Le fruit mûr et les feuilles sont appliqués directement sur les abcès ou les panaris pour en activer la maturation ainsi que sur les nouveaux tatouages quand il y a forte inflammation et début d’infection,
  • le jus du fruit presque mûr sert à calmer la douleur des piqûres de « nohu » (rascasse à la piqûre redoutable),
  • les feuilles fraîches servent d’emplâtre sur les brûlures,
  • d’autres recettes existaient également pour traiter les angines (gargarisme ou application du jus astringent du noni vert) ,
  • ainsi que les orchi-épididymites ou les abcès et inflammations de la glande mammaire ( emplâtre de fruits verts et mûrs).

En USAGE INTERNE :

  • on notait un traitement de la « ciguatera » (intoxication par la chair des poissons des récifs corallien) : jus de 3 noni verts et 3 noni mûrs mélangé à de l’eau de coco,
  • un traitement des « tumeurs abdominales » (sans précisions) : jus de noni vert associé à des piments et au jus du fruit du « miro » (thespesia populnea).

Dans la Polynésie moderne, le noni est encore un fruit médicinal, on recueille le jus qui s’écoule spontanément des noni mûrs comme :

  • anti-arthalgique, anti-sénescence : 1 cuillerée à soupe par jour tous les jours ou par cure de 8 jours (à cause du risque de gastralgies),
  • anti-infectieux cutané (acné, furonculose) : 1 à 2 cuillerées à soupe par jour en cure de quelques jours,
  • on applique directement le fruit mûr de noni sur les articulations douloureuses (crise de goutte).

Depuis plusieurs années, les américains (USA) s’intéressent à cette plante médicinale.
Pendant la deuxième guerre mondiale, les GI basés à BORA BORA ( Polynésie française) eurent l’occasion de l’utiliser, conseillés par les Polynésiens, et la plante fut dès lors autorisée d’importation au USA.

Actuellement, de la pulpe du fruit de noni (particulièrement ceux des îles Marquises), on extrait un liquide qui est ajouté à des jus de fruit plus communs (orange, fruit de la passion) pour faire une boisson au noni (ou morinda).

Même si les autorités sanitaires américaines ne reconnaissent pas encore l’extrait de noni comme phytomédicament, la boisson est néanmoins commercialisée comme fortifiant naturel, anti-sénescence, immunostimulant, avec l’argument sous-entendu de la protection possible contre la dégénérescence cancéreuse.

Il serait fort souhaitable que cette plante et son fruit soient réévalués sur le plan pharmacologique, car, si leur pouvoir immunostimulant était confirmé, le MORINDA CITRIFOLIA, plante robuste et facile à cultiver, fournirait un phytomédicament de première importance.

RESUME

Un fruit, qui sent le fromage, au potentiel médical intéressant
Le noni, fruit d’un petit arbre tropical originaire d’Asie, est cultivé et utilisé comme plante médicinale
et plante « magique » en polynésie depuis très longtemps.
Récemment des chercheurs américains ont évoqué la possibilité que ce fruit renferme des substances immunostimulantes, pouvant protéger l’organisme contre les maladies dégénératives (ex. cancer)
et retarder la sénescence, le vieillissement.
Le jus que l’on extrait du fruit est commercialisé au USA

Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel

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