PIMENT POIVRON

Selon les botanistes il existe plusieurs espèces différentes de Capsicum ( SOLANACEAE)domestiquées par l’homme, mais il y a des désaccords sur la classification de ces plantes.

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Capsicum annuum, poivron

En général on différencie CAPSICUM FRUTESCENS (piment enragé, tabasco) dont les fruits de petite taille sont le plus souvent dirigés vers le haut et CAPSICUM ANNUUM dont les fruits sont souvent plus développés et pendent vers le bas ; cette variété de piments est plus ou moins piquante, les poivrons assez gros et charnus étant en général doux.

Les autres espèces de Capsicum cultivées sont principalement : Capsicum chinense (habanero), Capsicum pubescens (chile manzano ou peron), Capsicum baccatum (aji).

Les Amérindiens qui ont domestiqué les piments cultivent des centaines de variétés de capsicum en Amérique du sud.

Capsicum annuum qui est l’espèce la plus cultivée dans le monde n’est pas connu à l’ état sauvage.

Capsicum frutescens ne l’est pas non plus mais il le redevient facilement, les piments sont consommés par les oiseaux (insensibles à leur saveur brulante)qui en dispersent les graines (à durée de vie prolongée) dans leurs fèces.

Originaires de l’Amérique tropicale les Capsicum sp. sont répandus et cultivés dans le monde entier tropical et certaines variétés se sont adaptéees au climat tempéré; voir continental froid.

Capsicum frutescens, piment de cayenne

Les noms communs des Capsicum sp. sont : le poivron, le paprika, le piment de Cayenne, le chili, le piment zoiseau, piment enragé, piment caraïbes, Tabasco.

PIMENT POIVRON CAPSICUM CAPSAICINE AROMATE EPICE ANTALGIQUE ANALGESIQUE
CAPSICUM FRUTESCENS

COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES

LES PIMENTS

Les piments dans leur ensemble sont des fruits colorés en général en rouge, certains en jaune orangé ; ils contiennent en moyenne :

  • Beaucoup de vitamine C (50 à 250 mg pour 100g).
  • Des pigments caroténoides dont la teneur augmente quand le fruit mûrit (capsanthine, alpha carotène).
  • Des substances (alcaloïdes) à la saveur piquante dont la plus abondante est la capsaïcine. La teneur en est variable selon le cultivar, quasi nulle chez le poivron doux, elle atteint 1% chez le piment enragé.

Dans le piment séché; on trouve : eau (8%), protéines (15%), lipides (11%), glucides (33%), cellulose (25%), 14 mg de vitamine PP pour 100g et 100 micro grammes de vitamine A exprimée en rétinol pour 100g.

LA CAPSAICINE

La capsaïcine est un alcaloïde qui agit sur certains types de neurones, elle induit la libération de la substance P (neuropeptide qui transmet la sensation de brûlure, de chaleur, de douleur).
Elle provoque un afflux de sang (rubéfaction) voire un oedème et une brûlure de la peau et des muqueuses.
La feuille du piment peut aussi contenir de la capsaïcine mais en proportion beaucoup plus faible.

Il faut donc être prudent quand on manipule des piments crus ou de la poudre de piment , éviter de se toucher les yeux ou les paupières, voire porter un masque quand on met de la poudre de piment en sachet, a fortiori quand on broie du piment séché.

UTILISATIONS

LES PIMENTS EPICES ET AROMATES

Le piment doux est une source de vitamine C, de provitamine A, de sucres assimilables, de fibres et un régal pour l’oeil.
Le piment « piquant » renforce le goût (chez les personnes habituées) et agit sur l’appétit ( en général il donne de l’appétit, mais chez certaines personnes c’est l’inverse).
Il relève la monotonie du riz, maïs, manioc et apporte vitamine C et provitamine A.
L’usage immodéré du piment fort ou de mélange d’épices qui en contient (curry, harissa, sauce pimentée..) peut provoquer des irritations de la muqueuse digestive de la bouche à l’anus (glossite, oesophagite, gastrite, colite, inflammation hémorroïdaire) qui peuvent devenir chroniques à la longue avec risque d’ulcération .
Il diminue la sensibilité de la bouche à la chaleur, on peut donc boire trop chaud ce qui est mauvais pour la bouche, l’oesophage et l’estomac.
L’oléorésine du piment qui contient les capsaïcines n’est quasiment pas soluble dans l’eau mais par contre très soluble dans les corps gras (huile, beurre, lait).
Quand on a consommé trop de piment ou croqué un piment particulièrement brûlant, il est donc inutile d’essayer de faire passer ce « feu » par de l’eau .
Pour diluer la capasaïcine il faut avaler de l’huile ou en faire un petit bain de bouche , ou consommer quelque chose de très gras, beurre ou fromage par exemple.

LE PIMENT ET LA CAPSAICINE ANTALGIQUES ANALGESIQUES ET RUBEFIANT

Le pouvoir rubéfiant du piment ou de la crème à la capsaïcine est utile dans certains cas d’inflammation-infection, exemples:

  • Infection cutanée (furoncle), appliquer quelques feuilles ou un fruit écrasé sur le furoncle pendant quelques minutes, renouveler si au bout d’une heure la sensation de chaleur et l’érythème sont absents. Rester « raisonnable » dans l’utilisation de ce « traitement » sinon le remède sera pire que le mal!
  • Friction rhumatismale : quelques piments dans un litre d’alcool éthylique pendant 3-4 jours, filtrer, utiliser avec « raison » en friction sur les zones douloureuses.
  • La chute des cheveux est retardée si le follicule pileux est bien irrigué d’où l’intérêt de la rubéfaction du cuir chevelu, utiliser une crème à la capsaïcine ou une lotion rubéfiante à la capsaïcine. POUVOIR ANALGESIQUE DU PIMENT

La capsaïcine et les autre alcaloïdes qui l’accompagnent dans les piments brûlants agissent indirectement sur les phénomènes douloureux .
L’application de capsaïcine sur la peau provoque la libèration d’une quantité importante d’un neuro-transmetteur de la douleur ( la substance P) .
La libération de la substance P s’accompagne de la sensation de brûlure, la disparition temporaire (la déplétion) de ce neurotransmetteur est suivi d’une insensibilisation (analgésie) de la zone où l’on a appliqué l’extrait de piment.
On met à profit cette propriété de la capsaïcine pour essayer de soigner certaines douleurs rebelles d’origine nerveuses :

  • les névralgies secondaires aux infections virales (herpès et surtout zona) sont une bonne indication, mais pour soigner le zona je préfère l’application très précoce d’huiles essentielles pures ou diluées (lavande officinale ou lavande officinale et eucalyptus globulus) ou du mélange tout fait tégarome.
  • certaines douleurs articulaires.

On trouve en pharmacie une pommade à la capsaïcine et il existe une préparation dermatologique concentrée utilisable sous surveillance médicale pour le traitement des douleurs neuropathiques périphériques chez les adultes non diabétiques, seule ou en association avec d’autres médicaments antidouleur.

PIMENT ET CANCER

Plusieurs études récentes s’intéressent à l’effet de la capsaicine sur les cellules cancéreuses (surtout les cellules leucémiques). Elles montrent que les cellules cancéreuses sont plus sensibles à la capsaicine que les cellules normales. La capsaicine provoque leur apoptose, (mort cellulaire) en agissant sur les protéines des mitochondries.
Il n’y a pas à ma connaissance d’utilisation de la capsaicine contre les leucémies en pratique médicale .

PIMENT ET HOMEOPATHIE

En Homéopathie, selon le principe de cette médecine, Capsicum annuum combat la sensation de brûlure des muqueuses (gorge), la sensation de soif intense, le frisson en buvant, la douleur irradiée à l’oreille, le plus souvent utilisé en 7CH et 9CH.

Ex : Capsicum 9CH 3 granules 3 fois par jour (en cas d’otite, d’angine) en association avec d’autres remèdes homéopathiques.

PIMENTS ET TROUBLES GASTRIQUES

La consommation importante et régulière de piment dans l’alimentation s’accompagne de troubles digestifs variés : gastrite, majoration des troubles intestinaux fonctionnels (syndrome de l’intestin irritable), et douleurs hémorroïdaires.

Néanmoins plusieurs études récentes laissent à penser qu’une consommation « prudente » de piment aiderait à lutter contre l’ulcère de l’estomac en augmentant la sécrétion du mucus gastrique protecteur de la muqueuse.

Plus anecdotique, les Créoles guyanais badigeonnent l’intérieur de la gorge de leur cochon domestique avec du jus de piment (quel supplice) pour combattre une maladie (le rampan cochon), et les Amérindiens mettent quelques gouttes de piment dans les narines de leurs chiens de chasse pour les rendre plus efficace dans la recherche du gibier!

CULTURE DU PIMENT

Les piments sont faciles à cultiver, par semis à la manière des tomates.
Selon la variété, c’est une plante annuelle, bisannuelle ou qui produit pendant plusieurs années.

Les piments sont des plantes des pays chauds, ils sont annuels dans les pays tempérés.

RESUME

DES FRUITS POIVRES, BRULANTS QUI DONNENT DE L’APPETIT

Les piments sont d’abord des fruits (« inventés » par les Amérindiens) qui contiennent de la vitamine C et des substances irritantes pour la peau et les muqueuses mais excitantes à faible dose et apéritives(chez ceux qui sont habitués).
On utilise ce piment fort comme révulsif et antinévralgique. Des variétés sans substance irritante ont été sélectionnées, les piments doux ou poivrons, très parfumés, plein de Vitamine C que l’on cuisine dans de nombreux pays

Copyright 2023 : Dr Jean-Michel Hurtel

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