AYAPANA TRIPLINERVIS
=EUPATORIUM AYAPANA
=EUPATORIUM TRIPLINERVIS
=AYAPANA TRIPLINERVE
ASTERACEAE



Le genre botanique Ayapana comprend une bonne dizaine de plantes herbacées originaires d’Amérique du sud.
Plusieurs sont utilisées traditionnellement en Amérique du sud et aux Antilles.
Ayapana triplinervis est originaire du Brésil, et des régions amazoniennes orientales de l’Amérique du sud.
Les navigateurs explorateurs ont remarqué cette espèce très utilisées par les Amérindiens au Brésil et l’ont introduite au début du 19 ième siècle dans les iles de l’Océan Indien, d’abord à l’Ile Maurice puis La Réunion où pendant longtemps elle était considérée comme une panacée soignant donc presque tout.
Ayapana triplinervis est maintenant présent et utilisé comme plante médicinale et ornementale en Asie (Inde), Sud est Asiatique (Malaisie, Indonésie) , Chine, Philippines.
Ayapana triplinervis a été incorporé à la pharmacopée Ayurvédique (Vishalyakarni, ayapan).
C’est une plante herbacée vivace de taille moyenne, assez touffue mais parfois rampante, dont les tiges sont rouges ou violacées, les feuilles abondantes sont lancéolées, avec des nervures roses ou rouges, les fleurs sont regroupées en capitule roses renfermant plusieurs dizaines de petites fleurs (1 mm de diamètre). les graines sont des akènes qui portent des soies qui aident à leur dispersion.
Les feuilles ont l’odeur douce de la coumarine (herbe fraichement coupée, tabac blond) et leur saveur est légèrement amère.
Cette plante introduite dans de nombreuses régions chaudes et humides ne présente pas de caractère invasif, elle est en général propagée par bouturage.
Les feuilles et l’huile essentielle qu’elles contiennent sont les parties médicinales.
On peut cultiver cette plante dans un jardin tropical mais on trouve aussi maintenant des phytomédicaments ou des tisanes à base d’ayapana triplinervis en pharmacie ou sur internet souvent en provenance de l’ile de la Réunion
COMPOSITION CHIMIQUE ET PROPRIETES
FEUILLES AYAPANA TRIPLINERVIS
Les principaux composés intéressants les pharmacologues sont :
- des composés phénoliques (coumarines et tanins),
- des stérols (phytostérols),
- les terpènes et dérivés terpéniques de l’huile essentielle,
- des vitamines.
AYAPANINE ou HERNIARINE
C’est la coumarine principale dans Ayapana triplinervis (thymohydroquinone), on la trouve également dans d’autres plantes dont la herniaire (Herniara hirsuta) utilisées au Magreb contre les calculs urinaires.
la concentration de l’ayapanine est d’environ 3mg par gramme de feuilles sèches d’ayapana.
C’est un composé diurétique, antispasmodique et anti-inflammatoire, d’où son utilisation pour essayer d’éliminer les calculs des voies urinaires.
Des études récentes montrent que l’ayapanine possède un effet protecteur sur le foie.
On trouve également d’autres coumarines dans les feuilles d’ayapana, elles possèdent des propriétés antifongiques, anti-inflammatoires ou antipaludéennes comme la Daphnétine.
STIGMASTEROL
C’est une substance proche chimiquement du cholestérol et qui peut, par un effet de compétition, diminuer son absorption (effet anticholestérolémiant), mais c’est aussi un composé anti-inflammatoire.
HUILE ESSENTIELLE D’AYAPANA TRIPNINERVIS
La quantité d’huile essentielle est assez faible (inférieur à 1% du poids sec) mais sa composition est intéressante.
Le composant majoritaire (entre 50 et 90%) est un dérivé terpénique, le diméthyl thymohydroquinone (ou 2,5-Dimethoxy-p-cymene) proche chimiquement de la thymoquinone. Cette dernière molécule très présente dans Nigella sativa (nigelle ou cumin noir) mais seulement à l’état de trace dans ayapana triplinervis, est considérée par les pharmacologues comme une molécule thérapeutique très intéressante et peut-être d’avenir.
Le diméthyl thymohydroquinone de l’huile essentielle d’ayapana est pour sa part considéré comme une substance antifongique (contre les mycoses),antibactérienne et insecticide.
LES TANINS
Les tanins sont anti-inflammatoires, assèchent les muqueuses irritées et suintantes, diminuent l’inflammation au niveau gatrique et intestinal, et possèdent un effet antidiarrhéique (mais peuvent constiper).
VITAMINES
Les feuilles fraiches d’ayapana contiennent une faible quantité de beta-carotène (provitamine A) et 25mg pour 100g de vitamine C.
UTILISATIONS
UTILISATIONS ANCIENNES
Les Navigateurs européens visitant le Brésil ont été impressionés par les propriétés medicinales attribuées à Ayapana triplinervis.
C’était une plante réputée guérir de nombreux troubles : infections potentiellement mortelles, troubles digestifs graves, ulcères chroniques, fièvre, plaies hémorragiques ou empoisonnées (notamment secondaires à des combats entre tribus) et même morsures de serpents venimeux.
Ayapana est donc devenue une plante médicinale majeure après son introduction à l’Ile Maurice et à La Réunion, une panacée sensée guérir aussi bien des épisodes de choléra que des fièvres élevées, la tuberculose, des épisodes de dysenterie, les troubles liés au scorbut (insuffisance en vitamine C) très fréquent dans les équipages des voiliers mal nourris au 19ième siècle.
Progressivement on s’est aperçu que sa réputation était en partie usurpée et son utilisation comme plante médicinales est maintenant plus limitée mais c’est encore une plante médicinale qui a bonne réputation dans les iles de l’Ocean indien et en Asie.
PREPARATIONS
INFUSION : c’est la préparation traditionnelle, quelques feuilles d’apayapa fraiche ou sèches dans de l’eau très chaude, infusion pendant quelques minutes. On peut variée la « force » de cette infusion (tisane) selon le nombre des feuilles. Il existe aussi des infusettes de feuilles d’ayapana.
Les feuilles fraiches sont bien sur plus efficaces car contiennent plus d’huile essentielle qui s’élimine un peu au séchage des feuilles.
HUILE ESSENTIELLE
Il n’est pas facile de trouver cette huile essentielle car la plante en contient peu et le prix en est donc élevé.
JUS DE FEUILLES et DE TIGES FRAICHES
C’est une préparation traditionnelle notamment chez les Amérindiens du Brésil : en application sur les plaies infectées ou hémorragiques ou sur des ulcères, et aussi par voie orale pour les mêmes indications que l’infusion et pour soigner des aphtes ou une gingivite (le jus est assez astringent).
UTILISATIONS ACTUELLES
TROUBLES DIGESTIFS
C’est actuellement la principale utilisation pour cette plante : douleurs gastriques, ulcère gastroduodénal, diarrhée ou constipation, vomissements, spasmes du colon, gastro-entérite, ballonnement, éructations.
La plante ne soigne pas la cause de ces troubles mais diminue l’intensité des symptômes.
On utilise la décoction courte (10 à 15 minutes d’ébullition à feu doux) de feuilles fraîches ou sèches d’Ayapana, une petite poignée de feuilles dans 1/2 litre d’eau : deux à trois tasses chaudes ou froides par jour.
L’unfusion de feuilles d’ayapana facilite la digestion : trois à six feuilles par tasse d’eau bien chaude laisser infuser quelques minutes
MALADIES INFECTIEUSES
Ce sont surtout les infections virales fébriles avec ou sans douleur(céphalée,douleurs articulaires ou musculaires) qui sont contrôlées par les extraits d’Ayapana : infections virales saisonnières, grippe, dengue, chikungunya.
Les Amérindiens des guyanes utilisent l’infusion des feuilles d’ayapana pour diminuer l’intensité des symptômes de la crise de paludisme.
MALADIES DE LA PEAUX PLAIES HEMORRAGIES
L’ayapana est une plante connue depuis longtemps dans sa région d’origine comme anti-hémorragique (effet hémostatique) par voie locale (plaies saignantes) et par voie interne (hémorragies digestives, hèmorragies de la sphère buccale).
On utilise alors la plante fraiche broyée(feuilles et tiges): on peut appliquer le broyat de la plante directement sur la plaie comme un emplâtre ou presser le broyat et recueillir le jus que l’on applique sur la plaie hémorragique ou que l’on boit en cas d’hémorragie digestive ou buccale.
On peut également s’en servir pour soigner ou atténuer les symptomes de divers troubles de la peau : eczéma, ulcères chroniques, zona, érythème avec démangeaisons..
L’emplâtre d’Ayapana sert aussi à faire « mûrir » (maturer) abcès et furoncles.
Dans certain cas il est préférable d’utiliser un bain (bras, siège) surtout chez les enfants. On ajoute un litre de décoction de feuilles d’ayapana à l’eau du bain.
TROUBLES HEPATIQUES
Certaines expérimentations révèlent que les extraits d’Ayapana protègent les cellules du foie (effet hépatoprotecteur) et sont donc utilisables en cas d’hépatite infectieuse ou toxique.
Il est possible qu’ils soient également protecteurs des tissus du pancréas (pancréatite aigue ou chronique).
DOULEURS
La tisane ou la décoction de feuilles d’ayapana sont anti-inflammatoires et traditionnellement utilisées pour calmer certain phénomènes douloureux : douleurs menstruelles, douleurs articulaires et musculaires.
THYMOQUINONE
La coumarine principale de Ayapana triplinervis est l’ayapanine ou thymohydroquinone mais on trouve aussi une faible quantité de thymoquinone chimiquement très proche de l’ayapanine mais qui possède beaucoup plus de propriétés pharmacologiques.
Cette thymoquinone est surtout présente dans la Nigelle aromatique (cumin noir), Nigella sativa.
Elle est considérée par les pharmacologues comme une molécule pleine d’avenir c’est à dire une molécule thérapeutique émergente, en raison de ses propriétés immunomodulantes (renforcement de l’immunité), hépatoprotectrices, anti-inflammatoires, antioxydantes, cytotoxiques et donc potentiellement anti-cancéreuses.
CULTURE DE AYAPANA TRIPLINERVIS
L’ayapana triplinervis se cultive très facilement dans les régions chaudes, on la propage en général par bouturage (c’est le plus facile). Elle n’est pas considérée comme une plante invasive dans tous les pays où ôn l’a introduite.
L’ayapana préfère les sols riches et humides, avec un ensoleillement modéré mais peut aussi se contenter de conditions de culture plus difficiles. C’est une plante médicinale mais aussi décorative, elle a donc sa place dans les jardins tropicaux où des régions chaudes.
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