INTRODUCTION ET GENERALITES
Dans cette page nous parlons de l’insuffisance veineuse dans les membres inférieurs qui provoque l’apparition de varices de la jambe ou de la cuisse et des troubles veineux au niveau de l’anus et du rectum, les hémorroides anales.
PETIT RAPPEL ANATOMIQUE
Le sang est propulsé par la « pompe » cardiaque dans nos artères, elles se divisent en multiples petits vaisseaux très fins , les capillaires.
Ces capillaires irriguent tout notre organisme et se prolongent ensuite dans un réseau de nouveaux vaisseaux de plus en plus gros, les veines qui drainent le sang veineux, appauvri en oxygène et chargé de substances provenant du métabolisme, vers le coeur.
Le volume du réseau veineux est plus important que celui du réseau artériel pour deux raisons : les veines ont des parois extensibles et le retour veineux vers le coeur est plus lent presque passif.
Quand nous sommes debout, les veines des membres inférieurs supportent le « poids » du sang qui doit « monter » vers le coeur. Pour permettre et faciliter cette circulation veineuse contre un gradient de pression, les veines possèdent de petites valvules anti-retour, et les grosses veines se situant à l’intérieur des massifs musculaires du mollet et de la cuisse sont comprimées et subissent les variations de la pression musculaire qui propulse le sang vers le haut.
Cependant il existe aussi un réseau veineux superficiel qui peut gonfler de façon anormale (les varices) quand le mécanisme physiologique anti-retour ne fonctionne pas bien et que les parois des veines sont fragilisées.
Au niveau du sphincter anal il existe un réseau veineux bien développé qui peut gonfler et s’inflammé quand la pression abdominale augmente ou en cas de colite inflammatoire ( exemples grossesse, constipation chronique, effort physique répété, intestin irritable, colite), apparaissent alors des hémorroides externes.
D’autres causes peuvent provoquer des ruptures ou des inflammations des veines de la partie interne du sphincter anal, ce sont les hémorroides internes.
TRAITEMENT CLASSIQUE des VARICES et des HEMORROIDES
La médecine occidentale associe :
- Un TRAITEMENT PAR DES MEDICAMENTS principalement à base d’extraits de plantes.
- Des MESURES HYGIENO-DIETETIQUES:
surveillance de son poids, régime amaigrissant,
controle d’un éventuel diabète,
traitement de la constipation,
éviter l’abus de poivre ou de piment
exercice physique régulier, marche, nage, ne pas rester trop longtemps assis,
éviter les pantalons trop serrés, et les chaussures qui bloquent la circulation sanguines (notamment les bottes trop ajustées)
controle de la position du corps au repos: dormir ou se reposer avec les jambes légèrement surélevées - La CONTENTION DES VEINES DILATEES : bas de contention, bandes de tissu élastique,
- DES TRAITEMENTS CHIRURGICAUX adaptés comme la sclérose des veines dilatées ou leur ablation ou celle des gros vaisseaux veineux superficielles dilatés (veine saphène).
- Un TRAITEMENT PARTICULIER DES COMPLICATIONS : inflammation aigue, hémorragie, ulcère cutané, troubles trophiques associés.
PHYTOTHERAPIE VARICES HEMORROIDES INSUFFISANCE VEINEUSE ET LYMPHATIQUE
QUELLES SONT LES PLANTES OU LES EXTRAITS DE PLANTES que l’on utilise en cas de VARICES, d’insuffisance veineuse et lymphatique des membres inférieurs ou d’HEMORROIDES?
DES FLAVONOIDES
Ce sont des composés très nombreux et présents dans toutes les plantes.
Citons ceux qui sont les plus intéressants pour « protéger » ou « renforcer » les parois des vaisseaux sanguins :
- Les RUTOSIDES (rutoside (ou rutine)), :
Notamment présents dans la rue (ruta) mais aussi dans des plantes médicinales ou alimentaires non toxiques , exemples :
cassis, myrtille, oignon, pensée sauvage, certaines parties du sarrasin, les bourgeons du sophora japonica (toxérutine), les feuilles du ginkgo. - L’HESPERIDINE et la DIOSMINE présents dans la partie externe (colorée) de l’écorce d’agrumes (le zeste) et certaines parties membraneuses de l’intérieur des fruits (orange, pamplemousse, citron).
DES COUMARINES
Ces composés à l’odeur suave et pénétrante sont présents dans de nombreuses plantes ou graines.
On préconise en phytothérapie l’emploi des extraits de MELILOT (melilotus officinalis et espèces voisines).
Mais on trouve de la coumarine ou des composés coumariniques dans d’autres plantes communes : la feuille de maïs, la racine de la flouve odorante (une variété de chiendent), la lavande.
La coumarine s’utilise à faible dose, elle semble favoriser le drainage lymphatique et peut ainsi faire diminuer l’oedème des membres inférieurs du à la stase veineuse, à la mauvaise circulation veineuse.
DES SAPONOSIDES ou SAPONINES
Ces composés présents dans de nombreux végétaux ressemblent à des savons par leur propriété moussante mais ont beaucoup d’autres effets pharmacologiques ou toxicologiques (hémolytique, anti-cancéreux, très toxiques notamment pour les poissons).
- Les extraits des parties souterraines du PETIT-HOUX Ruscus aculeatus et d’autres espèces voisines sont très riches en saponines médicinales.
- L’écorce et le fruit du MARRONNIER D’INDE contiennent des saponines (aescine ou escine), un composé coumarinique (aesculoside) et des flavonoïdes médicinaux.
- Les extraits de ces plantes augmentent le tonus veineux, limitent l’exsudation lymphatique et possèdent des propriétés anti-inflammatoires.
DES TANINS ET DES COLORANTS VEGETAUX
Certains tanins proanthocyanidols (appelés aussi oligomères proanthocyanidoliques) et les pigments anthocyanes (qui font partie des flavonoides), possèdent de nombreuses propriétés médicinales notamment anti-inflammatoires et agissent comme des protecteurs des vaisseaux sanguins (petits et gros).
La liste des plantes contenant ces composés est longue, citons en quelques unes :
- Le raisin dont les feuilles et les fruits sont très colorés (la VIGNE ROUGE) , les vins et les jus de raisins très colorés provenant de différents cépages à fort contenu phénolique et très colorés ( notamment malbec(=cot) et tannat, syrah, grenache).
- Les fruits bien colorés : les différentes espèces de MYRTILLES, canneberge, CASSIS, cerise à la chaire rouge,FRAMBOISE, groseille, prunes,« PISTAS » des tropiques, aronie à fruits noirs.
- Certaines noix ou amandes : noix du NOYER, noisette, amande, noix de pécan.
- Mais aussi certaines légumineuses : haricot commun.
- Des plantes médicinales comme le noisetier de virginie : Hamamelis virginiana, certaines rosacées ( exemples RONCES , alchémille).
CONDUITE DU TRAITEMENT des varices et des hémorroides
L’INSUFFISANCE VEINEUSE DES MEMBRES INFERIEURS ET LES HEMORROIDES SONT DES PROBLEMES « CHRONIQUES » qui, même après une intervention chirurgicale, doivent être surveillés et soignés pendant longtemps.
MESURES HYGIENO-DIETETIQUES
Le traitement fait appel d’abord aux mesures « hygiéno-diététiques » décrites plus haut.
ELLES SONT FONDAMENTALES.
TRAITEMENT GENERAL , par voie buccale
Le traitement de phytothérapie associe en général plusieurs extraits de plantes, mais on peut aussi se contenter d’un extrait d’une seule plante qui peut suffire à renforcer le tonus veineux.
On trouve en pharmacie des médicaments qui associent en général plusieurs extraits de plantes.
Ils ont fait leur preuve même si depuis quelques temps cette classe de médicaments n’est plus remboursée par l’assurance maladie.
EXEMPLES DE PHYTOMEDICAMENTS (liste non limitative) :
Ginkor fort (Ginkgo, heptaminol, toxérutine),
Cyclo3 fort (acide ascorbique,Fragon, Hespéridine méthylchalcone),
Daflon (flavonoides),
Diosmine,
Esberiven fort (mélilot, rutoside) ,
Veinobiase (acide ascorbique , fragon , hespéridine méthylchalcone),
Histofluine (anémone , bourse à Pasteur , esculoside , hamamélis , marron d’Inde)
Difrarel (carotène, myrtille) ,
Endothélon ( raisin (oligomères procyanidoliques)),
et des EXTRAITS VEGETAUX OU DES GELULES DE POUDRE DE PLANTES standardisés :
(mélilot, marronnier d’inde, hamamélis, fragon, cassis, vigne rouge).
Pour la posologie de ces phytomédicaments ou de ces extraits de plantes se conformer aux indications du laboratoire fabricant , les quantités de subtances actives variant selon les médicaments ou les préparations.
INTRAIT DE MARRON D’INDE
Un mot sur l’INTRAIT DE MARRON D’INDE P surtout utilisé pour soigner les hémorroides.
Sa commercialisation a été arrêtée puis reprise, il est parfois difficile à trouver mais un laboratoire propose une version modifiée : L’INTRAIT DE MARRON D’INDE « S », un complément alimentaire qui associe des extraits du marronier d’inde et des extraits de pépins de raisin.
POSOLOGIE pour ces deux extraits de marronier :
100 à 150 gouttes réparties en deux ou trois fois dans la journée, cures d’au moins un mois régulièrement renouvelées.
TEINTURE MERE, MACERATION GLYCERINEE
On trouve en pharmacie et sur internet des Teinture-mères, des Teintures alcooliques ou des macérations glycérinées de bourgeons des principales plantes veinotoniques citées plus haut que l’on peut associer entre elles( mais sans les mélanger).
EXEMPLE : cures successives d’un mois avec 15 jours d’arrêt thérapeutique ( à renouveler au moins 6 fois) :
- Teinture alcoolique de cassis 30 à 50 gouttes le matin,
- Teinture alcoolique de mélilot 30 à 50 gouttes le midi,
- Teinture alcoolique de fragon 30 à 50 gouttes le soir.
On peut aussi n’utiliser qu’une plante en cure prolongée:
EXEMPLES:
Macération glycérinée de bourgeons de cassis (Ribes nigrum) en première décimale (1D) : 50 gouttes 3 fois par jour en cure d’un mois régulièrement renouvelée .
Ou Teinture-mère d’Hamamelis virginiana : 50 à 100 gouttes deux à trois fois par jour en cure d’un mois renouvelée après un arrêt du traitement de 15 jours.
Ou Teinture mère de fragon (Ruscus aculeatus) : 100 à 150 gouttes par jour en deux à trois fois.
INFUSION
On peut également utiliser certaines plantes veinotoniques en infusions :
EXEMPLES :
- Infusion de l’ écorce de marronnier (écorce des petites branches (diamètre 1 à 4 cm) sèche et fractionnée), une cuillerée à café dans une tasse d’eau très chaude, infuser 15 mn . une à deux tasses par jour, arrêter en cas de constipation secondaire.
- Infusion de feuilles de cassis ou de feuilles de ronce : préparées à la manière du thé.
TRAITEMENT LOCAL associé aux autres traitements classiques précédemment cités
Quelques exemples de traitement locaux pour soigner ou accompagner le traitement des varices et des hémorroides externes :
On trouve en pharmacie des gels ou des spray contenant des extraits de plantes veinotoniques et anti-inflammatoires (gingko, marron d’inde, cyprès).
- En application sur les zones variqueuses ou les jambes enflées en pratiquant un massage doux du bas vers le haut des jambes et des cuisses pour faciliter le retour veineux.
NE PAS UTILISER en cas d’ulcère variqueux ou de plaques d’eczéma dues au varices. - Application pendant 1/4 h d’une compresse imbibée de teinture-mère de plante veinotonique sur les varices les plus importantes
(attention à la possibilité d’un changement de couleur de la peau). - Application pendant 1/4 h d’une compresse imbibée d’une infusion aqueuse d’écorce de marronier sur les hémorroides externes.
- un remède non médicamenteux traditionnel de la crise hémorroïdaire ou d’une inflammation d’un paquet variqueux : alterner un bain froid et un bain modérément chaud de la jambe ou de la région anale, durée environ 10 à 15 mn pour chaque bain. Renouveler ce traitement par l’alternance de température deux fois par jour jusqu’à disparition des symptomes inflammatoires.
LES COMPLICATIONS DES VARICES OU DES HEMORROÏDES
CRISE HEMORROIDAIRE
Les hémorroïdes externes peuvent gonflées devenir inflammées et douloureuses ; entraînant une gêne importante pour déféquer ou même pour rester assis.
La crise hémorroidaire peut se calmer sans traitement en quelques jours ou se compliquer : rupture (hémorragie) d’hémorroïde, constitution d’un caillot sanguin (thrombose) qui va évoluer vers la sclérose et laisser des replis flasques sur la marge de l’anus.
Le paquet hémorroîdaire thrombosé peut être important et très douloureux nécessitant une intervention chirurgicale (excision sous anesthésie locale).
LE TRAITEMENT CLASSIQUE MEDICAMENTEUX de la CRISE HEMORROIDAIRE:
- des anti-inflammatoires non stéroidiens (AINS) par voie générale du type de ceux qu’on utilise en cas de douleurs articulaires par exemple ,
- un traitement local anesthésique ou anti-inflammatoire par une crème à base de corticoïde ou contenant un anesthésique local.
- éventuellement un antalgique par voie buccale.
UTILISATION DES EXTRAITS DE PLANTES :
Bain de siège tiède dans lequel on ajoute :
- une cuillerée à soupe de teinture mère de feuilles de cassis noir, ou de noisetier, ou d’écorce de marron d’inde ,
‘ ou d’infusion concentrée de plantes à tanin médicinal(exemple : feuilles de ronce, de framboisier, de rosier ; proportions, une poignée de feuilles par litre d’eau très chaude).
TROUBLES TROPHIQUES CUTANES, ECZEMA ET ULCERE VARIQUEUX
La mauvaise circulation sanguine, la stase veineuse et l’oedème qui l’accompagne fragilisent la peau et le tissu sous-cutané qui sont mal irrigués, asphyxiés.
La peau des jambes devient très fragile, s’amincit, change de couleur (dermite ocre).
Une réaction inflammmatoire cutanée (eczéma) prurigineuse peut se développer.
Il suffit d’une petite plaie, d’un choc, de lésions de grattage pour qu’un ulcère se creuse, très souvent dans la régions des chevilles ou près de la face antérieure de la jambe.
Cet ulcère a beaucoup de mal à cicatriser, toujours à cause de la mauvaise circulation sanguine veineuse et de l’exsudat lymphatique.
Parfois il s’infecte ce qui retarde encore un peu plus la cicatrisation.
LE TRAITEMENT DE CET ULCERE VARIQUEUX EST A LA FOIS GENERAL ET LOCAL.
Le TRAITEMENT GENERAL c’est celui des varices (mesures hygiéno diététiques + extraits veinotoniques , chirurgie), bien vérifier qu’il n’y a pas de diabète, si oui contrôler le diabète.
Le TRATEMENT LOCAL :
- Nettoyage soigneux de l’ulcère pour éviter une sur-infection et ne laisser que les tissus bien vivants.
- Eessayer de recréer un milieu favorable d’abord au bourgeonnement des tissus sous cutanés puis à la cicatrisation (réapparition d’un épiderme).
Les pansements « modernes » du type duoderm sont très efficaces, mais ils sont chers et pas accessibles dans tous les pays on peut alors avoir recours à des extraits de plantes médicinales.
PLANTES MEDICINALES ET UCERE VARIQUEUX
CENTELLA ASIATICA, hydrocotyle ou gotukola est connue depuis longtemps pour ses qualités cicatrisantes.
On peut utiliser cette petite plante des pays chauds à la fois par voie buccale et locale.
La voie locale est la plus efficace en cas d’ulcère variqueux : crème ou pommade à 1 à 2 % d’extrait de Centella asiatica en application quotidienne.
En l’absence de ces préparations : application quotidienne d’une gaze stérile imbibée d’une décoction de Centella asiatica (gotukola), une poignée de plante pour un litre d’eau , ébulition pendant 10 minutes.
ALOE VERA et espèces voisines :
la partie centrale de la feuille d’aloes ou gel d’aloes peut être utile pour favoriser le bourgeonnement des tissus et la cicatrisation d’un ulcère chronique en application directe sur la plaie ou en imbibant une gaze stérile.
Les TANINS et les substances phénoliques médicinales :
En cas d’ulcère très suintants et inflammé on peut tenter de diminuer le suintement par l’application d’une gaze imbibé de tanins :
Extraits aqueux stériles (décoction) d’écorce ou de racines ou de feuilles :
EXEMPLES :
Ecorce de manguier, écorce de chataignier ou de marronnier.
Racines de cocotier .
Feuilles de goyavier, feuilles de kinkeliba, sève de bananier, feuilles de ronces ou d’autres rosacées( aigremoine), prêle, etc…
HUILES ESSENTIELLES :
A cause de la fragilité cutané et du risque de réaction de type allergique nous ne sommes pas favorables à l’utilisation d’huiles essentielles en cas de troubles trophiques ou d’ulcère variqueux sauf quand il y a surinfection manifeste (utilisation de l’huile essentielle de tea tree ou arbre à thé).
HUILES VEGETALES COSMETIQUES ET ADOUCISSANTES, BAUME VEGETAL:
L’application d’une huile végétale sur la peau fragilisée peut être utile mais il faut être prudent car toute les huiles végétales ( et les baumes) contiennent des substances potentiellement allergisantes qui peuvent aggraver la situation (surtout en cas d’eczéma).
Essayer d’abord sur une petite partie de la jambe pendant quelques jours.
Pas d’huile ni de baume huileux directement sur les ulcères.
Il faut se souvenir qu’un ulcère de la jambe se guérit dans un environnement local « humide » qui seul permet le bourgeonnement du tissu sous-cutané et le retour d’une peau saine, maintenir « sec » un ulcère profond de la jambe retarde sa guérison.
Copyright 2024 : Dr Jean-Michel Hurtel